Chine : pour tenter de soutenir son économie, la Banque centrale baisse ses taux à leur plus bas niveau

Alors que la Chine connaît un fort ralentissement de son économie, la Banque centrale a annoncé une baisse de son taux de référence pour les prêts afin d'inciter les établissements bancaires à en accorder davantage et ainsi relancer la consommation. Le pays doit, en effet, faire face à une crise de son secteur immobilier couplé à un chômage particulièrement fort chez les jeunes.
La Banque centrale de Chine a abaissé le LPR à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, de 4,2 à 3,95%.
La Banque centrale de Chine a abaissé le LPR à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, de 4,2 à 3,95%. (Crédits : Reuters)

À rebours des Banques centrales occidentales, celle de Chine baisse ses taux. Ce mardi, elle a, en effet, annoncé abaisser son taux de référence pour les prêts. Le LPR à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, a ainsi été réduit de 4,2 à 3,95%. Il avait été abaissé pour la dernière fois en juin et, au début du mois de février, l'institution en avait fait de même pour le taux de réserve obligatoire (RRR). Ce ratio constitue la part des dépôts que les banques commerciales sont tenues de garder dans leurs coffres. Toute baisse est donc censée inciter les établissements bancaires à accorder davantage de prêts.

Quant au taux à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, il demeure inchangé à 3,45%, a précisé la banque centrale. Très suivis par les marchés, ces deux taux sont à leur plus bas historique.

Ralentissement de la croissance

Pourquoi une telle décision ? La réponse est à chercher du côté du ralentissement de la croissance que connaît actuellement la deuxième économie mondiale. La Banque centrale chinoise espère donc, de cette façon, encourager les banques commerciales à accorder davantage de crédits et à des taux plus avantageux. La mesure doit permettre par ricochet de soutenir l'activité.

La Chine a, en effet, signé l'an dernier l'une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel que nombre d'économistes jugent, de surcroît, surestimé.

Crise de l'immobilier

L'activité est lourdement pénalisée par une crise inédite dans l'immobilier, un secteur clé de la croissance chinoise qui a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine. Début février, Evergande, l'ex-numéro un mondial chinois du secteur, a d'ailleurs été placé en liquidation judiciaire. De manière générale, de nombreux promoteurs sont au bord de la faillite et nombre de logements restent inachevés, ce qui dissuade les Chinois d'investir dans la pierre. La baisse du taux du LPR constitue donc un moyen pour la Banque centrale chinoise d'incitation pour relancer le secteur.

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D'autant qu'en décembre, les principales villes de Chine ont, de nouveau, enregistré une baisse des prix de l'immobilier sur un mois, selon les chiffres officiels. Sur 70 villes qui composent l'indicateur officiel de référence, 62 étaient ainsi concernées (contre 33 en janvier 2023, signe de dégradation de la situation). Les chiffres pour le mois de janvier seront publiés vendredi.

Par ailleurs, le pays enregistre un chômage élevé - son taux avait ainsi légèrement grimpé en décembre (5,1%), contre 5% en novembre - et atteint des niveaux record chez les jeunes. Un phénomène couplé à une incertitude liée à la conjoncture qui, ensemble, fragilisent la consommation, tandis que le ralentissement mondial et les tensions géopolitiques grippent la demande en produits chinois, ce qui pèse sur le fonctionnement de milliers d'usines tournées vers l'exportation.

La consommation portée par le Nouvel An chinois

Les difficultés de l'économie chinoise sont toutefois à nuancer. Durant les congés du Nouvel An lunaire, le tourisme et la consommation ont retrouvé des couleurs, dépassant même leurs niveaux pré-pandémie, selon des chiffres officiels. Quelque 474 millions de déplacements ont été enregistrés durant cette période, a indiqué le ministère chinois de la Culture et du Tourisme, soit une hausse de 19% par rapport à 2019, a précisé le ministère. C'est la première fois depuis la levée des restrictions sanitaires contre le Covid en décembre 2022 que des déplacements en Chine durant des congés dépassaient les niveaux pré-pandémie.

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De plus, les dépenses touristiques se sont élevées à 632,7 milliards de yuans (81,5 milliards d'euros), soit 7,7% de plus qu'en 2019, selon les chiffres du ministère chinois de la Culture et du Tourisme. À noter toutefois que les congés ont duré huit jours cette année, contre sept en 2019, ce qui fausse la comparaison.

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 21/02/2024 à 8:59
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Finalement, le handicap que le Communisme a, quand il applique la technique du Capitalisme, pour le plus grand bénéfice de sa population, c'est le Communisme.

à écrit le 20/02/2024 à 19:40
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Quand bien même l'empire du milieu éviterait d'importer du pétrole arabe pour brûler son propre charbon, elle va devoir tôt ou tard importer du bois pour soutenir son impression monétaire qui n'a pas de quoi rassurer les détenteurs de yuans...

le 21/02/2024 à 0:11
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Détenteur de yuan ? La monnaie n est pas convertible il me semble .. de toute façon les chiffre du chômage officiel sont faux car l’ indicateur de référence ne prend en compte que les populations des villes soit 1/3 de la population totale …. En co...

à écrit le 20/02/2024 à 16:50
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Difficile de faire boire un âne qui n'a pas soif, il faudra plusieurs baisses de taux pour convaincre le chinois moyen que la baisse des prix de l'immobilier est freinée alors que les prix de la consommation sont en baisse depuis 5 mois.....la trappe...

à écrit le 20/02/2024 à 10:10
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Prévisible et annoncé depuis 2014, ce n'est que le début de la chute.

à écrit le 20/02/2024 à 10:00
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Dans un contexte de ralentissement économique et de deflation, l'abaissement des taux ne fera que conforter les Chinois dans l'attentisme et l'espoir de voir les taux baisser toujours plus en même temps que les prix de l'immobilier en particulier ba...

à écrit le 20/02/2024 à 9:17
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 20/02/2024 à 8:23
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Pas évident que leur problème soit monétaire

à écrit le 20/02/2024 à 8:15
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C'est plus un ralentissement c'est un coup de frein ! Ce serait bien d'avoir un dossier sur cet arrêt économique chinois.

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