Chirac, Sarkozy, et Hollande écoutés par la NSA

Par latribune.fr  |   |  508  mots
Des documents internes de l'agence de renseignement américaine (NSA), révélés par Wikileaks et publiés par Libération et Mediapart, affirment que les communications de trois présidents successifs ont été écoutées entre 2006 et 2012.
C'est ce qui s'appelle un gros incident diplomatique. Alors que le vote de la loi de surveillance est prévue mercredi soir à l'Assemblée nationale, Wikileaks révèle, avec Libération et Mediapart, que la NSA a espionné Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Le président de la République réunira ce matin à 9 heures un Conseil de défense afin "d'évaluer la nature des informations diffusées par la presse et en tirer les conclusions utiles", a fait savoir l'Elysée hier soir. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères annonce ce matin qu'il convoque l'ambassadrice des Etats-Unis.

Article publié le mercredi 24 juin à 7:03, mis à jour à 10h35

Lorsque Angela Merkel apprend en octobre 2013 que son téléphone portable a été placé sur écoute par l'Agence nationale de sécurité (NSA), la chancelière allemande s'indigne, et lance "s'espionner entre amis, cela ne se fait pas". Et pourtant.

Selon des documents de Wikileaks, regroupés sous le titre "Espionnage Elysée" dévoilés mardi soir par Libération et Mediapart, trois présidents successifs. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, et François Hollande, ainsi que leurs conseillers et collaborateurs, ont été espionnés par les Etats-Unis, sur une période allant, au minimum, de 2006 à 2012.

Ces documents classés "Top-secret", consistent notamment en cinq rapports de l'agence de renseignement américaine (NSA) basés sur des "interceptions de communication". Ils étaient destinés à la "communauté du renseignement" américaine et à des responsables de la NSA, selon le quotidien Libération.

Sarkozy "seul homme capable" de résoudre la crise financière

Sans révélation fracassante- puisque ces documents ne révèlent aucun secret d'Etat, ils éclairent néanmoins le fonctionnement ou la prise de décision de François Hollande et de ses deux prédécesseurs. Ils montrent par exemple comment Nicolas Sarkozy se percevait en 2008 comme le "seul homme capable" de résoudre la crise financière, ou encore qu'il déplorait le "recul de Washington sur sa proposition d'accord de coopération bilatérale sur le renseignement", en 2010.

On apprend également que Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac à l'époque n'était guère apprécié par l'ancien président. Il est perçu comme ayant une "propension (...) à faire des déclarations inexactes et inopportunes".

La note la plus récente est datée du 22 mai 2012, soit quelques jours à peine après l'entrée en fonction de François Hollande. Elle fait état de réunions secrètes destinées à discuter d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro. Libération rapporte aussi les inquiétudes de Jean-Marc Ayrault quant aux réactions d'Angela Merkel si elle apprenait la rencontre entre le nouveau président et l'opposition allemande.

Numéros de téléphone des présidents et de leurs conseillers listés

Un autre document de la NSA (datant de 2010 selon Libération) dévoile une liste de numéros de téléphone dont ceux des présidents, de leurs plus proches conseillers (Claude Guéant ou Jean-David Levitte) mais aussi de téléphones fixes comme le standard du ministère des Finances ou de celui de l'Agriculture, ainsi que l'antenne à l'Elysée du Centre de transmissions gouvernemental, qui dépend du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Comme le rappelle Libération, ce service est responsable de la sécurisation des communications de l'exécutif, et de la permanence des liaisons gouvernementales.