Coup d'Etat au Niger : les relations entre la France et les putschistes se tendent encore

Par latribune.fr  |   |  620  mots
Le général Abdourahamane Tiani a pris le pouvoir à la tête d'une junte le 26 juillet, retenant prisonnier le président élu Mohamed Bazoum depuis. (Crédits : STRINGER)
Une semaine après le renversement du pouvoir nigérien par une junte réputée proche de la milice russe Wagner, les putschistes ont dénoncé « les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense » avec Paris et affirmé vouloir y mettre fin. Le gouvernement français a répondu que « seules les autorités nigériennes légitimes » en avaient le pouvoir.

Le divorce est bien entamé entre la France et la junte militaire qui a pris le pouvoir au Niger. Pour rappel, l'ex-chef de la garde présidentielle au Niger, le général Abdourahamane Tiani, a pris le pouvoir à la tête d'une junte le 26 juillet, retenant prisonnier le président élu Mohamed Bazoum depuis. Les militaires putschistes proches de la milice russe Wagner entendent notamment supprimer ce qu'ils considèrent être une main-mise néo-coloniale de la France sur Niamey.

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Jeudi soir, ces derniers ont notamment annoncé, dans un communiqué lu à la télévision, qu'ils dénonçaient « les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense » avec Paris. La France, qui a évacué 577 de ses ressortissants au Niger mardi et mercredi, compte 1.500 soldats déployés pour la lutte antijihadiste, dans ce pays miné par la violence de groupes armés.

De son côté, « la France rappelle que le cadre juridique de sa coopération avec le Niger en matière de défense repose sur des accords qui ont été conclus avec les autorités nigériennes légitimes », a indiqué vendredi le ministère français des Affaires étrangères.

Ces autorités « sont les seules que la France, comme l'ensemble de la communauté internationale, reconnaît », a-t-il ajouté, tout en « prenant note » du communiqué de la junte.

La communauté internationale met la pression sur les putschistes

Si les tensions s'enveniment entre Paris et Niamey, c'est avant tout parce que la France, comme la plupart des pays, soutient le gouvernement légitime de Mohamed Bazoum.

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Jeudi soir, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est entretenue avec son homologue américain Anthony Blinken. « Nous restons attachés au rétablissement de la démocratie au #Niger et soutenons le président démocratiquement élu », a-t-elle souligné dans un message posté sur le réseau X (ex-Twitter).

Etats-Unis et Européens restent déterminés à faire pression pour faire libérer le président Bazoum. La France, l'Allemagne et les Pays-Bas ont notamment annoncé la suspension de leur aide au développement et leur coopération directe avec le Niger. Même la Russie a appelé à « un retour rapide à l'ordre constitutionnel » tout en affirmant qu'il « est peu probable que l'intervention de forces extra-régionales puisse améliorer la situation », a déclaré à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov

La Cédéao menace le Niger d'une opération militaire

Cette annonce fait référence à l'ultimatum de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) qui réclame aux putschistes de faire revenir Bazoum Mohammed au pouvoir avant dimanche, sous peine d'utiliser « la force », a affirmé l'organisation avant que le ministre béninois des Affaires étrangères ne rappelle que la diplomatie reste la « solution privilégiée » pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger. Mais la Cédéao a dit se préparer à une opération militaire en cas d'échec des négociations diplomatiques, même si elle a souligné qu'il s'agissait de « la dernière option sur la table ».

En réponse, les militaires au pouvoir ont promis une « riposte immédiate (à) toute agression » de la part d'un pays de la Cédéao.

(Avec AFP)