En Chine, la finance de l'ombre atteint un niveau record

Par latribune.fr  |   |  452  mots
Les composantes relevant de la "finance de l'ombre" couvrent des crédits totalisant 1.240 milliards de yuans (169 milliards d'euros), accélérant pour atteindre un "niveau record", selon une analyse des données réalisée par l'agence financière Bloomberg.
La finance non régulée et hors système bancaire ("shadow banking") a vu ses prêts bondir de 84% entre février et mars. Dans le même temps, les crédits bancaires ont baissé de 13%, en raison d'un relèvement des taux.

Le volume des prêts bancaires en Chine a reculé en mars de 13% sur un mois, à l'heure où Pékin s'efforce de restreindre les risques financiers, mais les crédits liés à la finance de l'ombre non régulée ont eux bondi à un nouveau record.

Les établissements bancaires chinois ont accordé le mois dernier des prêts pour 1.020 milliards de yuans (139 milliards d'euros), contre 1.170 milliards de yuans en février et 2.030 milliards en janvier, a annoncé vendredi la banque centrale chinoise (PBOC). Cette baisse continue reflète le resserrement du crédit mis en oeuvre par la PBOC, qui a commencé à relever ses taux courts sur le marché monétaire afin de désamorcer les risques liés à l'envolée de la dette publique et privée (qui dépasse désormais 260% du PIB).

289 milliards d'euros

Le souci, c'est que la "finance de l'ombre" relève la tête avec vigueur: on désigne par cette expression l'arsenal de financements disponibles en-dehors du système bancaire -via des crédits entre entreprises, auprès d'officines spécialisées ou de particuliers - et très peu régulés. Or, l'agrégat appelé "social financing", une mesure plus large du crédit incluant ces mécanismes, s'est établi en mars à 2.120 milliards de yuans (289 milliards d'euros), contre 1.150 milliards de yuans en février, soit une envolée de 84% sur un mois.

Certes, on reste en-deçà des 3.740 milliards de yuans que représentait cet agrégat en janvier. Mais les composantes relevant de la "finance de l'ombre" couvrent des crédits totalisant 1.240 milliards de yuans (169 milliards d'euros), accélérant pour atteindre un "niveau record", selon une analyse des données réalisée par l'agence financière Bloomberg.

Pire, le repli des prêts bancaires pourrait s'expliquer en partie par le fait que "les entreprises se tournent désormais vers la finance de l'ombre comme source de financement alternative", les banques les délaissant au profit des ménages, observe Yang Zhao, analyste de la banque Nomura. Si la PBOC s'efforce "de restreindre le crédit, cela n'apparaît pas vraiment dans les statistiques. La création de crédit va beaucoup trop vite", résume George Magnus, professeur du China Centre de l'Université d'Oxford, cité par Bloomberg.

Enrayer l'essoufflement de l'activité économique

De façon paradoxale, la "finance de l'ombre" reste un moyen d'enrayer l'essoufflement de l'activité économique, souligne Christopher Aston, économiste indépendant basé à Shanghai. "Les vecteurs de la finance de l'ombre dirigent des fonds vers les gouvernements locaux, pour qui c'est une source-clé de financement", indique-t-il à l'AFP. "Les autorités redoutent que, si elles étouffaient (la finance de l'ombre), la croissance du PIB s'en trouverait plombée".

(avec AFP)