En Chine, les prix à la production s'envolent à leur plus haut niveau depuis 13 ans

Par latribune.fr  |   |  548  mots
Employés devant un four de l'entreprise sidérurgique Huaxi Iron and Steel Compagny, à Huaxi, dans la province de Jiangsu. (Crédits : Reuters)
L'envolée des prix des matières premières, notamment charbon, pétrole et métaux se répercutent sur les prix de production, qui ont progressé de 9% sur un an, après une hausse de 8,8% en juin.

La hausse des prix à la production en Chine s'est inscrite en juillet à son niveau le plus élevé en près de 13 ans, en raison d'une flambée des prix des matières premières, selon des chiffres officiels publiés lundi.

L'indice PPI, qui mesure le coût des marchandises sorties d'usine, a connu une augmentation de 9% sur un an le mois dernier, d'après le Bureau national des statistiques (BNS). Il s'agit de sa plus forte hausse depuis septembre 2008. Ce résultat, supérieur à celui de juin (8,8%), dépasse la prévision moyenne d'analystes interrogés par l'agence financière Bloomberg (8,6%).

Le coût des matières premières sur les marchés mondiaux (pétrole, métaux) combiné aux fortes chaleurs qui tirent la consommation d'électricité et les prix du charbon vers le haut, expliquent en partie ce niveau, souligne Dong Lijuan, un statisticien du BNS. Les prix de l'extraction de pétrole et de gaz naturel ont ainsi augmenté sur un an de 48%, selon le BNS.

Depuis quelques mois, les autorités de Pékin prennent des mesures pour maîtriser la hausse des prix des matières premières, notamment pour restreindre les exportations d'acier ou pour réduire la spéculation.

Les prix à la consommation en hausse aussi

Pour autant, cette hausse ne se retrouve pas - du moins pas encore - dans l'indice des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation. Ce dernier s'est inscrit en hausse de 1% sur un an en juillet, contre 1,1% un mois plus tôt. Les analystes tablaient sur une hausse sensiblement inférieure (0,8%). Cette tendance s'explique en partie par les intempéries dévastatrices du mois dernier qui ont fait bondir le prix de certains produits alimentaires. Les oeufs frais ont ainsi vu en juillet leur prix augmenter de 18,3% sur un an.

Cette hausse des prix dans l'alimentaire est toutefois à nuancer. Ceux du porc, viande de loin la plus consommée en Chine, étaient le mois dernier 43,5% inférieurs à ce qu'ils étaient en juillet 2020. Ces dernières années, les prix du porc avaient doublé après une épidémie de peste porcine africaine qui a décimé le cheptel.

Les prix à la consommation ont par ailleurs été tirés vers le haut par les transports, à la faveur des vacances d'été et d'un retour à la normale sur le front de l'épidémie de coronavirus. En juillet, les prix des billets d'avion étaient ainsi 24,3% plus élevés qu'un an plus tôt.

Reconfinement de plusieurs dizaines de millions de personnes

L'indice ne semble toutefois pas avoir pris en compte la découverte le mois dernier d'un foyer épidémique de Covid-19 à Nankin (est). Il a depuis gagné plus de la moitié des régions du pays, entraîné un reconfinement plus ou moins strict de plusieurs dizaines de millions de Chinois, et d'importantes restrictions dans les transports.

Pour le moment, l'impact de ces mesures restrictives sur la croissance économique n'a pas encore été mesuré, et pourrait donner lieu à des révisions à la baisse pour 2021.

Aux premier et deuxième trimestres, le PIB a augmenté, respectivement, de 18,3% et 7,9%, une trajectoire de l'activité qui était bien orientée pour atteindre les 6% sur 2021, objectif que s'est fixé le gouvernement.

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