En Syrie, une escalade militaire inédite entre l'Iran et Israël

Par latribune.fr avec AFP  |   |  575  mots
Le plateau du Golan (Crédits : AMMAR AWAD)
Au lendemain de la dénonciation par Donald Trump de l'accord nucléaire avec l'Iran, la tension militaire monte dans la région. Jeudi matin, des tirs de roquette attribués à l'Iran ont visé des positions israéliennes en Syrie. Tel-Aviv a riposté dans la foulée.

La tension monte entre Israël et l'Iran. Jeudi, à l'aube, des tirs de roquettes attribués à Téhéran ont pris pour cible des positions israéliennes sur la partie du Golan occupé par Israël. Une vingtaine de roquettes de type Fajr ou Grad, déclenché selon l'armée israélienne par les forces iraniennes de l'autre côté de la ligne de démarcation en Syrie ont été lancées entraînant une riposte de la part de Tel-Aviv contre des dizaines de cibles iraniennes sur le territoire syrien. Après des semaines de crispations grandissantes, les tensions ont été avivées par les incertitudes autour de l'accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l'Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump.

Les tirs n'ont pas fait de victimes, quatre des projectiles ont été interceptés par les systèmes de défense antiaériens, et les autres sont retombés en dehors d'Israël, a dit l'armée. Mais en réponse, l'armée israélienne a lancé l'une de ses plus importantes opérations aériennes des dernières années « et certainement la plus importante contre des cibles iraniennes », a dit un porte-parole, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
L'aviation a frappé le véhicule d'où étaient parties les roquettes ainsi que des dizaines de cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation, etc., a-t-il dit. Les appareils israéliens ont essuyé des dizaines de tirs de la défense antiaérienne syrienne, mais tous sont rentrés à la base après avoir atteint tous les objectifs retenus, a-t-il dit.

C'est la première fois depuis le début de la guerre en 2011 et de l'engagement iranien en Syrie qu'Israël impute de telles frappes à l'Iran. Israël reste officiellement en état de guerre avec la Syrie. Le régime de Bachar el-Assad est par ailleurs soutenu militairement par deux des bêtes noires d'Israël, l'Iran et le Hezbollah libanais.
Avant cette opération et au moment où Donald Trump se préparait à annoncer le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire, l'armée israélienne annonçait avoir repéré des activités iraniennes « inhabituelles » en Syrie et avoir placé ses forces en état d'alerte dans le Golan. Israël s'alarme de l'expansion iranienne dans la région et ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à la République islamique de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.

Tel-Aviv se considère aussi comme la cible désignée d'un Iran qui serait doté de l'arme nucléaire, et a mené de front ces dernières années les opérations militaires en Syrie et une campagne de tous les instants contre l'accord nucléaire. Israël a annexé en 1981 la partie du Golan (1 200 kilomètres carrés) qu'il occupait depuis 1967 et la guerre des Six Jours. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, qui considère toujours le territoire comme syrien. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien.

A Aix-la-Chapelle en Allemagne où il doit recevoir le prix Charlemagne, le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a appelé à la "désescalade" entre Israël et l'Iran suite au brusque accès de tension entre les deux pays. Il doit parler de la montée des tensions au Proche-Orient avec la Chancelière Angela Merkel.