Face aux sanctions américaines, Paris envisage des "mesures de rétorsion"

Par AFP  |   |  745  mots
(Crédits : POOL)
La France ripostera dans le différend commercial qui oppose l'Union européenne et les Etats-Unis a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, ce jeudi 3 octobre, alors que les Etats-Unis ont déclaré qu’ils allaient frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs.

La France ne compte pas rester passive. "Evidemment nous prévoirons des mesures de rétorsion" contre les Etats-Unis, en concertation avec l'Union européenne, si Washington applique courant octobre les sanctions contre des produits européens annoncées mercredi, a indiqué, ce jeudi 3 octobre, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "C'est au niveau de l'Union européenne que nous devons regarder cela", a-t-elle souligné sur BFMTV et RMC, au lendemain de l'annonce par les États-Unis de droits de douanes punitifs à venir sur une multitude de produits européens. "Je regrette que nous soyons engagés dans cette guerre commerciale avec les Etats-Unis car, quand on se fait la guerre, on a assez peu de chances de voir la croissance collective augmenter", a-t-elle ajouté en estimant que dans une telle situation "au final ça n'apporte rien à personne".

Interrogée sur ce que pourraient être les mesures de rétorsion, elle a remarqué qu'"à ce stade on est dans une menace des Américains" et "pas dans la réalisation" de ces menaces, et a refusé de s'avancer sur la forme qu'elles pourraient prendre.

"Nous avons toujours dit aux Etats-Unis, depuis plusieurs mois, que nous considérions qu'il vaut mieux trouver des solutions amiables plutôt que s'engager dans des conflits commerciaux", a insisté Mme Ndiaye. Elle a plaidé pour "discuter avant d'en arriver là", en estimant qu'"en 10 jours on peut faire beaucoup de choses". Mais, "s'ils ne sont pas dans une attitude d'apaisement, l'Europe ne se laissera pas faire", a-t-elle mis en garde.

25 % plus cher

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu'ils allaient frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, quelques heures seulement après avoir remporté une "grande victoire" à l'OMC dans l'interminable affaire des subventions à Airbus. Des olives, des anoraks, du vin, des biscuits, des fromages, mais aussi des avions : un certain nombre de produits européens importés aux Etats-Unis vont être frappés de droits de douane supplémentaire en raison de désaccord entre le pays de l'oncle Sam et le Vieux Continent sur les subventions à l'avionneur français Airbus. Les services du représentant américain au Commerce (USTR) ont publié ce mercredi 3 octobre un inventaire à la Prévert des importations européennes qui vont être frappées de droits de douane supplémentaires allant de 10 à 25%.

Une décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) publiée mercredi, jugeant qu'Airbus a bénéficié de subventions indues, a ouvert la porte à ces sanctions américaines. Ces taxes, qui vont considérablement renchérir une multitude de produits de grande consommation, seront instaurées à partir du 18 octobre. Au premier rang des produits visés figurent les nouveaux avions civils fabriqués par la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, les quatre partenaires du groupe européen Airbus. Ces appareils pourront être exportés aux Etats-Unis au prix majoré de 10%. Se déroule ensuite une liste de plus de 150 catégories de produits venant en priorité des quatre grands pays déjà cités, mais aussi de toute l'Union européenne. L'USTR considère en effet que la décision de soutenir financièrement Airbus était une initiative collective européenne. Côté français, ce sont d'abord les vins qui sont visés d'un surcroît de tarifs de 25%, de même que les vins espagnols et allemands.

Seul le Tokay, un vin hongrois, n'est pas sanctionné, de même que le vin en cubi de plus de deux litres. Des fromages français, plutôt à pâte dure, sauf le roquefort qui est explicitement exclu, vont aussi coûter 25% plus cher aux Etats-Unis, de même que des fromages venant d'Italie et de toute l'Europe. Olives, moules et coquillages sont aussi sanctionnés. Au niveau des produits industriels, une surtaxe de 25% va s'appliquer sur toute une panoplie d'outils venant d'Allemagne, allant des haches aux tournevis, en passant par des lames de couteaux pliables. L'Allemagne est aussi visée pour son café et ses gaufres, tandis que l'Angleterre est frappée sur son textile. Pullovers en laine, en cachemire "made in England", costumes d'hommes, pyjamas, maillots de bains et literie écopent aussi d'une augmentation de 25% de leur prix.