Gazprom va réduire à nouveau ses livraisons via son gazoduc Nord Stream 1

Par latribune.fr  |   |  523  mots
Les capacités des livraisons du gazoduc vont passer à 20% contre environ 40% actuellement. (Crédits : Reuters)
À peine après les avoir relancées la semaine dernière, Gazprom annonce une réduction de ses livraisons de gaz en Europe. Invoquant des problèmes techniques liés aux sanctions imposées à la Russie, le géant gazier met à nouveau la pression sur les États européens, notamment l'Allemagne.

La Russie continue à souffler le chaud et le froid. Après avoir relancé ses livraisons jeudi dernier via son gazoduc Nord Stream 1, Gazprom a annoncé officiellement ce lundi qu'il réduira dès ce mercredi à 33 millions de m3 quotidiens son flux quotidien, soit environ 20% des capacités du gazoduc, contre environ 40% actuellement.

La Russie avait déjà coupé à deux reprises le volume de ses livraisons en juin, en avançant que le gazoduc ne pouvait fonctionner normalement sans une turbine qui était en réparation au Canada et qui n'était pas revenue en Russie à cause des sanctions imposées par les Occidentaux à la suite de l'invasion militaire de l'Ukraine décidée par Moscou. Depuis, l'Allemagne et le Canada se sont entendus pour rapatrier l'équipement en Russie, mais la turbine n'a pas encore été livrée.

Pour Berlin, la décision de Gazprom est "politique" et sert de "prétexte" pour peser sur les Occidentaux dans le cadre du conflit en Ukraine. "Selon nos informations, il n'y a aucune raison technique de réduire les livraisons", a réagi une porte-parole du ministère de l'Economie allemand auprès de l'AFP. L'Allemagne risque de ne pas pouvoir réussir à remplir suffisamment ses réserves de gaz avant l'hiver, période qui connaît un pic de consommation.

De son côté, le Kremlin affirme que ce sont les sanctions qui sont à l'origine de problèmes techniques sur l'infrastructure gazière et que l'Europe souffre dès lors de mesures qu'elle impose à la Russie par un effet boomerang.

Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu que si son pays ne recevait pas la turbine manquante, le gazoduc fonctionnerait à 20% de sa capacité dès cette semaine en raison de la maintenance à venir d'une seconde turbine. Le gazoduc Nord Stream 1, d'une capacité de 167 millions de m3 quotidiens, selon les données de Gazprom, relie la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique.

Arme énergétique

Les Occidentaux accusent Moscou de se servir de l'arme énergétique en représailles des sanctions adoptées après l'offensive contre l'Ukraine.

Dans un précédent communiqué, Gazprom avait indiqué que la livraison de la première turbine au cœur du litige était bloquée en raison de "problèmes (du fait) des sanctions de l'UE et de la Grande-Bretagne".

"Leur résolution est importante pour permettre la livraison en Russie du moteur et pour effectuer les réparations complètes et urgentes d'autres moteurs de turbine à gaz pour la station de compression de Portovaïa", avait ajouté le groupe.

Les Occidentaux, qui craignent que le Kremlin mettent ses menaces à exécution, sont confrontés à un dilemme entre fourniture énergétique et soutien à l'Ukraine dont le gouvernement avait instamment prié le Canada de ne pas rendre les turbines actuellement abritées dans des ateliers du groupe Siemens près de Montréal, au Québec.

(Avec Reuters et AFP)