Ingérence russe en 2016 : Trump avait-il été mis au courant par la CIA ?

Par latribune.fr  |   |  656  mots
En direct de la Maison Blanche, Donald Trump a tenté de désamorcer la crise en assurant qu'il n'avait jamais prétendu que Moscou ne cherchait pas à s'ingérer dans les affaires intérieures des États-Unis. (Crédits : Reuters)
Deux semaines avant son investiture, Donald Trump a reçu des renseignements hautement confidentiels indiquant que le président russe Vladimir Poutine avait personnellement ordonné des cyberattaques pour influencer l'élection américaine de 2016, révèle le New York Times ce jeudi 19 juillet. Ces informations font écho à la polémique qui enfle aux États-Unis à la suite du "fiasco d'Helsinki". Lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, le président américain s'était refusé à condamner l'ingérence russe dans son élection de 2016, avant de rétropédaler.

Si l'information est confirmée, Donald Trump aurait donc (encore) menti. Ce jeudi 19 juillet, le New York Times indique que le président américain aurait bien été mis au courant des ingérences russes dans son élection en 2016, deux semaines avant son investiture. La preuve repose sur des textes et des e-mails d'officiers militaires russes et sur diverses informations glanées auprès d'une source "top secrète", décrivant à la CIA comment le Kremlin a mis en oeuvre sa campagne de piratage et de désinformation contre Hillary Clinton, candidate malheureuse du camp démocrate.

Selon plusieurs personnes ayant assisté au briefing du renseignement américain ce jour-là, Donald Trump semblait convaincu, ajoute le quotidien new-yorkais.

Des rétropédalages en cascade

Pourtant, le 16 juillet à Helsinki, lors de sa conférence de presse avec Vladimir Poutine, le locataire de la Maison Blanche s'était (dans un premier temps) refusé à condamner une quelconque ingérence russe dans son élection en 2016. La veille, il avait même dénoncé une "chasse aux sorcières" menée selon lui par le FBI qui enquête sur l'interférence de Moscou dans la présidentielle américaine.

Face à la bronca des démocrates, mais surtout des républicains, l'accusant de trahison, Donald Trump a finalement été plus ou moins contraint de revenir sur ses propos, prenant même le parti de ses services de renseignement pour qui il a un profond "respect".

Et puis, nouveau rétropédalage sur CBS News hier : le président américain a publiquement reconnu les conclusions de Dan Coats, le directeur du renseignement national, selon laquelle la Russie continue à s'ingérer dans les élections américaines, notamment dans les scrutins de mi-mandat. Alors que, quelques heures plus tôt, il avait affirmé le contraire, estimant que la Russie ne visait plus les intérêts américains.

"C'est un expert (...) Il fait du très bon travail. J'ai une immense confiance en Dan Coats, et s'il le dit, je l'accepte", a-t-il concédé.

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En tout cas, Obama savait

La veille du sommet d'Helsinki, Donald Trump s'en était pris à son prédécesseur, Barack Obama, et aux démocrates de n'avoir rien fait lorsque le FBI les a prévenus de l'existence d'une possible ingérence de Moscou dans la campagne de 2016.

"Le président Obama pensait que 'Crooked' Hillary allait gagner les élections, alors lorsqu'il a été informé par le FBI au sujet de l'ingérence russe, il a dit que cela ne pouvais pas arriver, que ce n'était pas grand chose, et il n'a rien fait à ce sujet. Quand j'ai gagné, c'est devenu une grosse affaire et la chasse aux sorcières truquée dirigée par Strzok !"

En effet, le 23 juin 2017, le Washington Post révélait que la CIA avait averti le président Barack Obama, dès août 2016, que les piratages du Parti démocrate avaient été ordonnés par Vladimir Poutine dans le but de nuire à Hillary Clinton et d'aider Donald Trump. Plusieurs mois plus tard, le 7 octobre 2016, Washington avait accusé publiquement les plus hauts échelons du gouvernement russe d'avoir fomenté ces piratages informatiques.

Dans le plus grand secret, Barack Obama avait alors ordonné à ses services de renseignement d'obtenir le plus d'informations possibles et de dresser une liste de représailles possibles, notamment économiques. En décembre 2016, 35 espions sous couverture officielle sont expulsés du territoire, deux ambassades fermées en Russie et des sanctions économiques sont prises contre les services secrets russes.

Finalement, ce n'est qu'en janvier 2017 que les États-Unis ont accusé Vladimir Poutine d'avoir cherché à déstabiliser le système électoral américain.

Comme le rappelait le Post (puis Le Monde), Barack Obama aurait été réticent à riposter avant l'élection, de peur que la Russie ne lance des attaques le jour du scrutin, et également par crainte que toute action ne soit interprétée politiquement par l'opposition.

(avec agences)