Trump se met l'Amérique à dos : retour sur le fiasco d'Helsinki

Après sa rencontre très policée avec Vladimir Poutine à Helsinki, Donald Trump s'était d'abord publiquement refusé à condamner l'ingérence russe dans son élection en 2016 avant de revenir sur ses propos, plus tard dans la journée de mardi. En fustigeant la "stupidité" passée de la diplomatie américaine, le président des États-Unis avait provoqué un véritable tollé, y compris dans son propre camp. Les démocrates l'accusent de trahison, de même que l'ancien directeur de la CIA John Brennan.
Donald Trump a tenté de calmer la polémique qui enfle dans les rangs républicains, en revenant sur ses propos tenus la veille, lors de la conférence de presse avec Vladimir Poutine, à Helsinki. Il s'était refusé à condamner l'ingérence russe dans son élection en 2016 et avait remis en cause l'enquête menée par les services de renseignement américains.
Donald Trump a tenté de calmer la polémique qui enfle dans les rangs républicains, en revenant sur ses propos tenus la veille, lors de la conférence de presse avec Vladimir Poutine, à Helsinki. Il s'était refusé à condamner l'ingérence russe dans son élection en 2016 et avait remis en cause l'enquête menée par les services de renseignement américains. (Crédits : Reuters)

(article publié le 18 juillet à 8h25, mis à jour à 11h05 avec le mouvement "Occupy Lafayette Park")

Pour nombre d'observateurs, il s'agit d'un tournant qui va marquer le mandat de Donald Trump. Après un tête-tête de plus de deux heures avec Vladimir Poutine, le président américain avait déclaré, face à la presse le 16 juillet, ne pas avoir de raisons de croire davantage ses services de renseignement que le président russe sur la question d'une ingérence éventuelle de Moscou dans les élections américaines de 2016. Ces propos et l'absence de la moindre critique envers la politique du Kremlin avaient soulevé hier un véritable tollé à Washington, y compris chez les républicains. Même le sénateur américain John McCain, qui ménage pourtant rarement Donald Trump, a estimé que le sommet avec Poutine était une "tragique erreur" car, dit-il, le président américain "n'a pas défendu l'Amérique".

Et comme Donald Trump n'était pas à une provocation près, il avait ajouté que son entrevue avec Poutine était "meilleure encore" que celle qu'il avait eue avec les dirigeants des pays de l'Otan à Bruxelles.

Mais à la surprise générale, depuis la Maison Blanche, le président américain est revenu, plus tard dans la journée de mardi, sur ses propos expliquant s'être mal exprimé à Helsinki et, sous une forme de mea culpa étonnant, a dit admettre les conclusions de ses services de renseignement selon lesquelles la Russie a bien interféré dans la campagne présidentielle de 2016.

Un ex-chef de la CIA dénonce un comportement "traître"

Si à Helsinki, les deux leaders ont certainement parlé de désarmement, de terrorisme et du conflit syrien, aucun n'a pu annoncer une quelconque mesure concrète à l'issue de ce sommet, le premier entre les deux blocs depuis l'investiture de Donald Trump il y a 18 mois maintenant.

Plus que de politique étrangère, il était en effet surtout question du fameux "scandale russe", un des supposés points de contentieux. Il a littéralement empoisonné le début du mandat du président américain et plombé d'emblée les relations américano-russes. Étonnamment, les positions des deux hommes sont apparues alignées sur ce point. Le locataire de la Maison Blanche avait indiqué que l'information d'une interférence russe dans la campagne électorale de 2016 lui avait été fournie par le chef de la CIA, mais qu'il n'avait aucune raison de la croire. « Le président Poutine a été extrêmement ferme et affirmatif dans son démenti aujourd'hui », a-t-il ajouté.

Pourtant, trois jours avant le sommet d'Helsinki, un grand jury américain avait inculpé 12 membres des services de renseignement russes pour avoir piraté les systèmes informatiques d'Hillary Clinton, la candidate démocrate à la présidentielle de 2016.

John Brennan, ancien directeur de la CIA, avait sans ambages estimé dans la foulée que l'attitude de Trump confinait à la trahison. « Non seulement les propos de Trump étaient imbéciles, mais il était totalement acquis à Poutine. Patriotes républicains, où êtes-vous ? », s'est-il interrogé.

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L'indignation s'est aussi élevée dans le propre camp du président. Paul Ryan, le chef des républicains au Congrès, n'a pas hésité à prendre position contre Donald Trump en estimant qu'il « n'y avait pas de doute sur l'ingérence russe dans l'élection américaine ».

Le volte-face spectaculaire de Trump

Face à cette violente controverse, Donald Trump a été contraint de revenir, plus tard dans la journée de mardi, sur ses propos jugés trop conciliant à l'égard de Poutine. Il a concédé qu'il s'était mal exprimé et qu'il avait prononcé une phrase clé en oubliant d'y mettre les adverbes négatifs, donnant un sens contraire à son message.

Sur la question de l'ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine, il souhaitait plutôt dire "je ne vois aucune raison pour laquelle cela NE serait PAS la Russie".

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Par la même occasion, le président américain a dit « accepter les conclusions de nos services de renseignement selon lesquelles la Russie a interféré dans l'élection de 2016 », en insistant sur son « respect » pour ces agences fédérales. Mais cette ingérence de Moscou « n'a eu aucun impact » sur le résultat du scrutin qu'il a remporté, n'a-t-il pas manqué de rappeler.

Un "sommet de la trahison" à Lafayette Park

La grogne gagne aussi l'opinion et les réseaux sociaux. À Lafayette Park, juste en face de la Maison Blanche, un mouvement de contestation (identifié sur Twitter par le hashtag #OccupyLafayettePark) s'est formé dès lundi, à la suite des propos controversés du président des États-Unis. Sur les pancartes, on peut lire "Trump est un traître", "menteur" ou encore "destituez-le".

En direct sur Twitter, l'ancien conseiller d'Hillary Clinton Philippe Reines, qui s'était joint aux manifestants anti-Trump, a par ailleurs scandé : "Trump est une combinaison de Benedict Arnold (général de l'Armée continentale durant la guerre d'indépendance des États-Unis) et d'Alex Jones (que les médias décrivent généralement comme un théoricien du complot et un conservateur d'extrême-droite) avec ses putains de conspirations".

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Poutine prêt à prolonger le traité New Start sur le désarmement

Dans cet épisode sans précédant dans l'histoire des relations entre les deux pays, Vladimir Poutine en sort, quelque part, renforcé. Au moins, il ne s'est pas fourvoyé. Avec la sobriété qu'on lui connait, il a fait état de pourparlers "très réussis et très utiles".

"Les pourparlers se sont tenus dans une atmosphère franche et de travail. En gros, nous sommes contents de notre première véritable rencontre. Nous avons bien parlé et j'espère que nous avons commencé à mieux nous comprendre. Nous n'avons pas pu tout déblayer, mais nous avons fait un pas important dans cette direction".

Dans un entretien accordé à Fox News lundi, il a pour sa part émit sa volonté de prolonger, pour cinq ans, le traité New Start sur la réduction des armements nucléaires qui expire en 2021.

Signé le 8 avril 2010 sous la présidence Obama, il limite à 1.550 le nombre de têtes nucléaires par l'État. "Mais nous devons d'abord nous mettre d'accord sur les détails, parce que nous avons des questions à poser à nos partenaires américains", a néanmoins averti Vladimir Poutine. "Nous pensons qu'ils ne respectent pas entièrement le traité, mais c'est aux experts d'en juger".

(Avec agences)

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+ Suite du "feuilleton Trump" : "Ingérence russe en 2016 : Trump avait-il été mis au courant par la CIA ?"

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Commentaires 36
à écrit le 22/07/2018 à 19:45
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La paranoïa russophobe bat son plein. Le Deep State qui avait inventé la théorie du complotisme après le 11/9, continue avec le Russiagate depuis 18 mois. Toujours sans preuve. Il est remarquable que les maitres de l'espionnage mondial que sont les a...

à écrit le 19/07/2018 à 19:58
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Que ces deux chefs d'état puissent s'entendre est une bénédiction pour l'ensemble du monde. Qui s'y opposent?: les marchands d'armes qui s'enrichissent sur le dos des victimes de guerre?, les mauvais perdants qui n'ont pas encore digéré leur défai...

à écrit le 19/07/2018 à 17:06
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Une bien belle messe monsieur le curé, merci beaucoup. Amen

à écrit le 19/07/2018 à 13:42
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Je ne pense pas que la rencontre d'Helsinki soit un fiasco pour Trump et Poutine, mais beaucoup plus pour l'Europe qui n'en finit pas de se diviser. On va constater que, privée de l'action du deep state américain et incapable de s'assumer seule car e...

à écrit le 19/07/2018 à 13:28
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Amusant comme les néocons US, bons républicains tel Mac Cain, se trouvent dans le camp démocrate . En fait: le deep state !

à écrit le 19/07/2018 à 8:25
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Je suis mort de rire devant les commentaires çi dessous !Comme si les électeurs américains se basaient sur la politique exterieure de leur pays pour voter !Seule la politique interieure les interresse et là il est pas mal Trump avec la baisse des imp...

le 19/07/2018 à 10:03
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Il n'a pas la majorité derrière lui, d'ailleurs il a eu moins de voix que Clinton à la présidentielle. On verra aux midterms.

le 19/07/2018 à 14:27
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Croissance qui repart ? On n'a pas vu les même chiffres alors.

à écrit le 19/07/2018 à 5:09
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Faut reconnaitre que trump est un vrai phenomene: Hors-normes, et fou.

à écrit le 19/07/2018 à 0:05
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Bof, les representants officiel du Deep state Brennan, Ryan et Mc Cain font leur petite crise. Victimes du Trump derangement syndrome, leur discours n’a aucune valeur. Comme ils sont detesté par l’electorat de Trump, ca ne changera pas grand chose. E...

à écrit le 18/07/2018 à 23:15
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J'ajouterai au titre que le "fiasco* est créé par les médias. Et ne concerne que ceux qui veulent bien être troublés. D'abord abusé par ce qu j' ai lu sur nos média d'Europe, j'ai ensuite pu consulter les médias américains. 85% de ceux ci emboîtent...

à écrit le 18/07/2018 à 22:22
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Bof, les representants officiel du Deep state Brennan, Ryan et Mc Cain font leur petite crise. Victimes du Trump derangement syndrome, leur discours n’a aucune valeur. Comme ils sont detesté par l’electorat de Trump, ca ne changera pas grand chose. E...

à écrit le 18/07/2018 à 22:17
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L ’État profond est absolument terrorisé et il tire les dernières cartouches de son revolver politique.Ils savent ce qui les attend dans le futur. Ils doivent imposer 1984, ce cauchemar orwellien, ou perdre le pouvoir pour toujours. Ou pire. Ils cr...

à écrit le 18/07/2018 à 22:10
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Je plains réellement les trumpocrates. Ils sont obligés de dire le contraire de ce qu'ils défendaient la veille. Le rôle de girouette n'est pas très valorisant

à écrit le 18/07/2018 à 19:46
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Avec sa pensée binaire et sa recherche permanente du deal, il serait prêt à vendre père et mère pour y arriver !!! C’est vraiment le niveau zéro de la politique ....

à écrit le 18/07/2018 à 17:59
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Et même le plouc du fin fond de l'Arkansas va s'apercevoir qu'il vous manque des cases. Il va être un peu compliqué de leur faire avaler que les russes sont devenus des alliés et les européens des ennemis. Ou alors que Poutine, ex colonel du KGB...

à écrit le 18/07/2018 à 17:44
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Trump ils a un problème de maladies mentales ?

à écrit le 18/07/2018 à 13:54
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Bah, pour les supporters de Trump, c'est simple : Il dit quelque-chose : il a raison. Il dit son contraire le lendemain: il a raison. Mais ses supporters se font de plus en plus rare, prendre sa défense pour briller en société est un exercice don...

le 18/07/2018 à 16:20
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C'est vrai qu'il est plus facile de travailler dans le sens du courant, même si une chute d'eau est a son issue on ne se sentira pas seul!

le 18/07/2018 à 19:58
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"Mais ses supporters se font de plus en plus rare" Dans la presse subventionnée oui mais ailleurs ..? Croyez-vous que les gens soient dupes de l' information sous contrôle dans cette UE, espace en voie de soviétisation ? Voye...

à écrit le 18/07/2018 à 13:41
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A recouper avec cette information, afin que personne ne soit dupe: Ces propos de Trump qui ont plongé la Maison-Blanche dans l’obscurité (vidéo) https://fr.sputniknews.com/.../201807181037249831-trump.../

à écrit le 18/07/2018 à 12:47
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Trump est le problème de l' Amérique "hillarienne" en ce sens qu' il représente les intérêts de la middle class américaine qui l' a élu et prend parti contre les hommes de Davos ; le Deep State sonne la charge, quoi de plus naturel ? -qui a besoin de...

le 18/07/2018 à 18:08
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Ça c’est la théorie. Dans la pratique, il baisse les impôts des plus riches et la couverture santé des plus pauvres. Bref ses mesures économiques ne bénéficient qu’au top 1%.

le 18/07/2018 à 22:07
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@Tom Trump veut casser les néo-conservateurs aux manettes et il est le seul président des états-unis à s' y être réellement employé, c' est une position extrêmement courageuse alors que l' état profond tente depuis deux ans ...

à écrit le 18/07/2018 à 12:44
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de quoi Trump et Poutine ont parlé en tête à tête ? de leur bête noire respective , la Chine . elle rattrape à pas de géant le gap économique et bientôt militaire avec les USA . elle menace par son expansion démographique et économique à l'ouest ...

le 18/07/2018 à 13:11
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"elle menace par son expansion démographique et économique à l'ouest une part de l'immense territoire russe " Expliquez nous donc ça ....

le 18/07/2018 à 13:32
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Commentaire mal inspiré, la Chine et la Russie partagent l'idée d'un monde multipolaire et s'entendent relativement bien. Quant à envahir la Russie même les USA ne s'y risqueraient pas.

le 18/07/2018 à 16:28
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Un commentaire bien inspiré parce Trump veut les rejoindre mais il doit d'abord se défaire de la vieille administration impériale et de ceux qui en tire les ficelles!

le 18/07/2018 à 18:11
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Si la Russie ne peut rien militairement contre la Chine alors elle en peut encore moins économiquement, alors que la Russie est un nain dans l’économie mondiale. Autrement dit, la Russie ne sert à rien face à la Chine et on ne voit pas quel serait l...

le 19/07/2018 à 5:18
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Tous ceux au long de l'histoire qui se sont frottes a l'ours Russe se sont casses les dents. L'US army n'y ferait pas exception.

à écrit le 18/07/2018 à 12:08
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Encore un "non événement" , les médias auraient trouvé un truc louche de toutes manières, maintenant on est dans le "traître" ... histoire de tenter une Xièm fois de le faire arrêter ou je ne sais quoi. Bon ça va durer 2 jours et hop .... terminé. ...

le 18/07/2018 à 18:12
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C’est ce que le monde entier (sauf Poutine) se demande...

à écrit le 18/07/2018 à 11:32
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Mettre a bas "le Nouvel Ordre Mondial" n'est pas compréhensible pour les médias et par ceux qui en profitent !

le 18/07/2018 à 18:13
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Ça n’est pas compréhensible non plus pour Trump et les américains, qui en sont les premiers bénéficiaires. La question est : Pourquoi Trump trahie son camp ??

à écrit le 18/07/2018 à 11:29
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poutine aurait il quelques dossiers explosifs sur trump ? je pense que oui !ce qui expliquerais son revirement

à écrit le 18/07/2018 à 10:31
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Les paroles qui sont bonnes pour la "guerre commerciale" ne sont pas bonnes pour la "vraie guerre" pour l'hégémonie mondiale. Il est difficile de se faire comprendre quand il s'agit à la fois de cesser la guerre militaire et de maintenir l'ordre mond...

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