Israël : S&P prévoit une contraction du PIB de 5% au quatrième trimestre et estime que le « conflit ne durera pas plus de trois à six mois »

Par latribune.fr  |   |  727  mots
Pour S&P Global Ratings, « la perspective négative reflète le risque que la guerre entre Israël et le Hamas s'étende plus largement ».
L'agence de notation S&P Global Ratings a annoncé ce mardi qu'elle abaissait la perspective de crédit d'Israël de stable à négative, citant les risques d'élargissement du conflit entre Israël et le Hamas et son impact potentiel sur l'économie. Elle dit s'attendre à une contraction de 5% du PIB d'Israël au quatrième avant un rebond début 2024.

C'est tout sauf une surprise. L'agence de notation S&P Global Ratings a annoncé ce mardi qu'elle abaissait la perspective de crédit d'Israël de stable à négative. Dans une note, elle indique que « la perspective négative reflète le risque que la guerre entre Israël et le Hamas s'étende plus largement ou affecte les indicateurs du crédit d'Israël de manière plus négative qu'attendu ».

Lire aussiGuerre Israël-Hamas : des risques de « graves » conséquences économiques, pointe la Banque mondiale

S&P s'attend une contraction de 5% du PIB d'Israël au quatrième trimestre

La décision de passer la perspective de la note « AA » à négative intervient moins d'une semaine après que les agences de notation Moody's et Fitch ont soumis à examen la note de la dette à long terme d'Israël - actuellement à A1- en vue d'une possible dégradation. Parmi les raisons citées : des disruptions économiques liées à la sécurité, un volume d'affaires réduit, ainsi que la conscription de réservistes. De plus, des mesures budgétaires d'aides aux ménages et entreprises, ainsi qu'une augmentation des dépenses de défense devraient également accroître le déficit public.

S&P dit s'attendre à une contraction de 5% du PIB d'Israël au quatrième trimestre en comparaison du troisième, avant un rebond début 2024. « Nous présumons actuellement que le conflit ne durera pas plus de trois à six mois », argumente-t-elle. On n'en voit pourtant pas le bout. En prélude à une possible incursion terrestre de l'armée israélienne, les frappes se sont intensifiées ces derniers jours sur le territoire de 362 kilomètres carrés où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens. Le gouvernement du Hamas a annoncé 80 morts dans la nuit de mardi à mercredi dans des frappes israéliennes Sur X, le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, a souligné vouloir « démanteler complètement le Hamas ».

La communauté internationale craint l'ouverture d'autres fronts

Par ailleurs, une partie des produits alimentaires acheminés dans la bande de Gaza, comme le riz et les lentilles, n'est pas utilisable faute d'eau pour les faire cuire, a déploré mardi l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a dit qu'elle serait contrainte de cesser ses opérations mercredi soir faute de carburant. Dans ces conditions, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi devant le Conseil de sécurité à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamné les « violations claires du droit humanitaire » dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer et où l'aide n'arrive que parcimonieusement. Ces déclarations se sont attiré une violente réaction du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen. « Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ? », lui a-t-il lancé.

Si S&P estime que le conflit restera concentré sur Gaza, la guerre, s'est ému mardi le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, à l'ouverture d'un important forum d'investisseurs à Ryad pourrait avoir « un grave impact sur le développement économique » au niveau régional et mondial ». La communauté internationale craint l'ouverture d'autres fronts, notamment avec le Hezbollah libanais, qui comme le Hamas est soutenu par l'Iran.

Au Davos du désert, la guerre « est dans tous les esprits »

L'innovation et la transformation économique, thèmes de cette 7e édition de ce Davos du désert, ont été éclipsés par la guerre. « Nous sommes assis ici avec en toile de fond, et je pense que nous le reconnaissons tous, les conséquences de l'attaque terroriste en Israël et les événements qui se déroulent depuis, et c'est désespérément triste. Il est donc difficile de ne pas être un peu pessimiste », a souligné Jane Fraser, PDG de Citi. Certains participants ont affiché malgré tout un certain optimisme. La guerre « est dans tous les esprits », a déclaré à l'AFP Laurent Germain, PDG de l'entreprise d'ingénierie française Egis Group. « Mais je pense que dans le monde économique, nous sommes des gens optimistes. Nous espérons un retour à la stabilité aussi vite que possible. »  Pour Atul Arya, responsable de la stratégie énergétique chez S&P Global Commodity Insights, la situation géopolitique actuelle est « difficile », mais « le développement économique ne s'arrête jamais ».

(Avec AFP)