Guerre Israël-Hamas : le shekel continue de plonger

Le shekel voit sa valeur dégringoler, atteignant son niveau de 2012 face au dollar américain. Et pour cause, si Israël bénéficie de soutiens financiers et d’une banque centrale active, la guerre va coûter cher au budget de l’Etat et à l’économie du pays.
La Banque d'Israël doit annoncer, ce lundi, si elle relève ou non ses taux, actuellement à 4,75%, et maintenus inchangés lors de ses deux dernières réunions.
La Banque d'Israël doit annoncer, ce lundi, si elle relève ou non ses taux, actuellement à 4,75%, et maintenus inchangés lors de ses deux dernières réunions. (Crédits : Reuters)

Les investisseurs quittent le navire. Le cours de la monnaie israélienne, le shekel, ne fait que perdre de la valeur depuis l'attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre. Lundi 9 octobre, à 16h30, heure de Paris, le shekel avait dévissé de 2,08% contre le dollar à 3,94 shekels pour un dollar et de 2,12% contre l'euro à 4,16 shekels.

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Depuis, la chute s'est accentuée et le shekel a perdu 5% face au billet vert. Vers 12h30 heure de Paris ce lundi 23 octobre, la devise israélienne abandonnait 0,10%, à 4,0618 shekels pour un dollar, après avoir atteint un plus bas en fin de semaine dernière, à 4,0812 shekels pour un dollar, un niveau jamais vu depuis juillet 2012.

Une guerre qui va coûter cher

Les spécialistes des taux de change, fortement vendeurs de la monnaie, surveillent notamment une éventuelle offensive terrestre à Gaza par Israël, et restent en alerte face au « risque d'une escalade plus large du conflit, y compris à la frontière nord d'Israël », notait Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill.

La guerre va évidemment coûter cher au pays. La banque Hapoalim a évalué à 27 milliards de shekels (6,47 milliards d'euros) le coût de l'opération contre le Hamas, soit l'équivalent de 1,3% du PIB d'Israël en 2022. « Le montant me semble sous-estimé », évalue Jacques Bendelac économiste, spécialiste de l'économie du pays et des territoires palestiniens, interrogé par La Tribune.

« Il faudra au moins le double au regard des dégâts causés, de la reconstruction, des indemnisations, des aides aux populations les plus fragiles », affirme-t-il.

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Surtout, la situation va peser sur l'activité, jusque-là plutôt dynamique, avec une croissance de 3,1% en 2023, selon le FMI. « Les principaux secteurs touchés seront l'agriculture, importante dans le sud du pays, et évidemment, le tourisme », indique l'économiste. La mobilisation de 300 000 réservistes va notamment réduire l'activité du pays.

La Banque d'Israël tente de sauver sa monnaie

Le pays dirigé par Benyamin Netanyahou a cependant les moyens de financer cette guerre. Le budget de la défense atteint 15 milliards de dollars, auxquels s'ajoute une aide américaine de 3,8 milliards de dollars. Israël peut également compter sur ses importantes réserves de changes : 200 milliards de dollars. La Banque centrale a déjà débloqué 30 milliards de dollars pour soutenir le shekel et donner des liquidités au gouvernement.

Si la monnaie voyait toujours sa valeur dégringoler, la Banque centrale pourrait alors  augmenter son soutien en augmentant, par exemple, ses taux ce qui ferait mécaniquement gonfler la valeur du shekel. Elle doit d'ailleurs annoncer, ce lundi, si elle relève ou non ses taux, actuellement à 4,75%, et maintenus inchangés lors de ses deux dernières réunions.

Les investisseurs se réfugient sur le dollar américain

Si la monnaie israélienne dévisse, le dollar américain, lui, restait stable face à la monnaie unique européenne, qui gagnait 0,03% à 1,0598 dollar, à 12h30, et en hausse face à la livre britannique, qui reculait de 0,13% à 1,2147 dollar.

Le rôle de valeur refuge du billet vert en période d'incertitude géopolitique se trouvait atténué. En fin de semaine dernière, la Réserve fédérale américaine (Fed) a semblé aller dans le sens d'un « ralentissement » de son tour de vis monétaire pour lutter contre l'inflation, suggérant qu'assez avait été fait, expliquait Derek Halpenny, de MUFG.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 23/10/2023 à 21:12
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Le Shekel suit le cours du Rouble, c'est cela aussi la guerre. En réalité ce n'est que cela, une question de pognon.

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