Julian Assange : "Les Etats-Unis jouent un sale jeu" avec les entreprises françaises

Par latribune.fr  |   |  621  mots
"La souveraineté (de la France) ne peut pas être piétinée", a affirmé mercredi soir Julian Assange au journal de TF1. il estime que "le moment est venu pour la France" de "lancer une enquête parlementaire".
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, presse Paris de réagir après la révélation des opérations d'espionnage des plus hautes personnalités de l'Etat français par les Etats-Unis, pourtant son allié. Le reclus de l'ambassade d'Equateur à Londres promet une nouvelle série de révélations.

Julien Assange, réfugié à l'ambassade d'Equateur de Londres depuis trois ans, s'est exprimé mercredi soir au journal télévisé de TF1, suite aux révélations d'espionnage des chefs d'Etat français par les Etats-Unis, fournies par son site WikiLeaks. Dans l'interview qu'il a accordée à Gilles Bouleau, il assure que d'autres révélations vont suivre, sans toutefois préciser la date, ni leur contenu :

"C'est le début d'une série, et je pense que les documents les plus importants restent à venir parce qu'il ne s'agit pas simplement des cabinets français des dirigeants français qui sont ciblés, mais nous avons d'autres informations que nous avons déjà divulguées et qui sont beaucoup plus importantes que ce qui a été publié par rapport à Angela Merkel."

Pour rappel, en 2013, Edward Snowden, l'ancien consultant de la NSA, choque l'Allemagne en révélant un vaste système de surveillance des conversations téléphoniques et des communications via l'internet des Allemands, y compris les plus hautes sphères politiques. Par la même occasion, on apprend alors qu'un des portables d'Angela Merkel aurait été mis sur écoute, et des SMS de la chancelière interceptés. Une pratique qui aurait pu durer pendant encore bien des années, notait alors le journal allemand Der Spiegel.

Hier soir, Julian Assange a déploré l'abandon des poursuites, il y a quelques semaines dans cette affaire d'espionnage en Allemagne : "Dans le cas de Merkel, il y a eu un procès qui a été entamé aux Etats-Unis, des poursuites, et il y a quelques semaines seulement tout cela a été annulé (...)."

Le 12 juin, le parquet fédéral allemand avait aussi annoncé le classement sans suite de l'enquête.

Julian Assange demande à la France de se faire respecter

Une réaction que le fondateur de WikiLeaks déplore. Ainsi, il demande à Paris tout en rappelant qu'on ne peut "piétiner la souveraineté de la France" d'adopter une position ferme et qui servira d'exemple :

"Le moment pour la France est venu de prendre les rênes et de faire ce que l'Allemagne n'a pas fait : de lancer une enquête parlementaire, d'en parler au procureur, et d'entamer des poursuites".

 "Si la réaction de la France est (d'adopter) la politique de l'autruche, eh bien, ce sera un signal clair envoyé aux Etats-Unis et pour d'autres pays comme la Russie et la Chine", a-t-il ajouté.

Un espionnage qui affecterait directement la compétitivité française

Dans son interview, le fondateur du lanceur d'alerte WikiLeaks explique que, "s'ils ont été ciblés (les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, Ndlr) c'est pour des raisons politiques, et pour des raisons économiques".

Julian Assange a également rappelé "que les autorités américaines consacrent plus de 60% du budget mondial du renseignement. Ils ont un budget tellement important que cela représente une menace pour l'indépendance et  la souveraineté de la France et de l'Europe".

De plus, le co-fondateur de WikiLeaks estime que les grandes oreilles américaines auraient un impact direct sur la compétitivité :

"Le chômage en France est particulièrement élevé. Et il y a une raison à cela :  les Etats-Unis jouent un sale jeu et cherchent à marginaliser la compétitivité économique des entreprises françaises et (celle) des entreprises européennes de manière générale".

Fin 2013, le président Barack Obama s'était pourtant engagé à ce qu'il n'y ait pas d'écoutes de présidents ou de chefs de gouvernement de pays amis ou alliés, après des révélations sur l'ampleur du système de surveillance américain. Le journal The Guardian rapportait alors que pas moins de 35 chefs d'Etat étaient écoutés par la NSA.