L'Arabie Saoudite lance une offensive militaire au Yémen

Par latribune.fr avec Reuters et AFP  |   |  902  mots
Des civiles cherchent à s'abriter lors d'une attaque dans la base militaire de la ville d'Aden, le 25 mars.
Une coalition de pays de la région du Golfe, emmenée par l'Arabie Saoudite, est intervenue dans la nuit de mercredi à jeudi au Yémen. Des frappes aériennes ont été lancées à Aden pour contrer l'offensive de la milice chiite houthiste. Jeudi après-midi, le FMI annonçait la suspension de son plan d'aide au Yémen.

Publié le 26/03/2015 à 10:25. Mis à jour le 26/03/2015 à 18:38.

L'Arabie saoudite a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une campagne de frappes aériennes au Yémen avec ses alliés de la région du Golfe. Le but de cette intervention : faire reculer la milice chiite houthiste qui assiège Aden, la ville du sud du pays où s'est réfugié le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi.

Mercredi, des combattants fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, allié de la faction houthie, se sont emparés de l'aéroport international d'Aden. L'ambassadeur de l'Arabie Saoudite à Washington a alors annoncé une intervention militaire d'une dizaine de pays du Golfe au Yémen pour "protéger et défendre le gouvernement légitime" du président en poste Hadi.

Des raids aériens

L'intervention a débuté vers 19h. Les raids aériens ont pris pour cible notamment des sites tenus par les rebelles Houthis dans la capitale Sanaa, dont l'aéroport, une base aérienne et le palais présidentiel, selon des sources militaires et des habitants.

Jeudi matin, les forces fidèles à ce dernier, soutenues par les frappes aériennes de la coalition de pays du Golfe, ont finalement repris l'aéroport d'Aden après d'intenses combats, a-t-on appris de responsables locaux.

Une coalition de dix pays

L'Arabie saoudite contribue à hauteur de 100 avions de guerre et de 150.000 soldats à l'opération militaire au Yémen, a rapporté jeudi la chaîne de télévision Al Arabiya. L'offensive réunit aussi des avions de l'Egypte, du Maroc, de Jordanie, du Soudan, du Koweït, des Emirats arabes unis, du Qatar et de Bahreïn, précise la chaîne de télévision.

Quand aux États-Unis, Barack Obama a autorisé une aide en matière logistique et de renseignements pour soutenir l'opération militaire engagée par l'Arabie saoudite, a annoncé la Maison blanche mercredi.

"Bien que les forces américaines n'agissent pas en direct sur le plan militaire au Yémen pour soutenir cet effort, nous sommes en train de mettre sur pied une cellule de planification commune avec l'Arabe saoudite pour coordonner le soutien américain sur les plans militaires et du renseignement", lit-on dans un communiqué de la Maison blanche.

Les Etats-Unis envisageraient de fournir du ravitaillement en vol et d'envoyer des avions radars pour aider la coalition menée par l'Arabie Saoudite, selon des responsables américains.

"C'est sur la table, et c'est en train d'être discuté", a indiqué l'un de ces responsables. La Maison Blanche a déjà indiqué que les Etats-Unis se coordonnaient avec les Saoudiens pour fournir un soutien militaire et de renseignement à l'opération.

La question d'une offensive au sol

Après les frappes aériennes, une offensive au sol pourrait être nécessaire pour restaurer l'ordre au Yémen, a déclaré jeudi à Reuters une source saoudienne proche des affaires militaires. "Nous ne pourrons pas atteindre notre objectif de restaurer le gouvernement légitime en contrôlant le ciel du Yémen (...), une offensive au sol pourrait être nécessaire pour restaurer l'ordre", a dit la source.

L'Égypte, la Jordanie et le Soudan sont également prêts à participer à une offensive au sol, précise Al Arabiya. Au Pakistan, la question de l'envoi de troupes serait "à l'étude", selon Tasnim Aslam, porte-parole du ministère des Affaires étrangères pakistanais.

La réaction de l'Iran

Le ministère iranien des Affaires étrangères a réclamé jeudi la cessation de toutes les "agressions" militaires au Yémen qui risquent d'attiser la crise que traverse le pays, rapporte l'agence de presse semi-officielle Fars.

"L'Iran veut une cessation immédiate de toutes les agressions militaires et frappes aériennes contre le Yémen et son peuple (...). Les actions militaires au Yémen, qui traverse une crise intérieure, vont compliquer la situation (...) et remettre en question les efforts déployés pour résoudre la crise de manière pacifique", a dit la porte-parole du ministère Marzieh Afkham citée par Fars.

L'Iran chiite dément soutenir les combattants houthis, chiites également, qui contrôlent une grande partie du Yémen et qui se sont approchés mercredi d'Aden.

L'Arabie saoudite suspend son trafic aérien dans le sud du pays

Selon un communiqué de l'Autorité de l'aviation civile jeudi, la suspension du trafic aérien, qui s'applique à sept aéroports dont celui de Jazane, province frontalière du Yémen, restera en vigueur "jusqu'à nouvel ordre".

À la suite de l'offensive saoudienne, le cours du pétrole augmente respectivement de 4,59% pour le Brent et 4,75% pour le WTI ce jeudi à 13 heures. Le cours de l'or prend, lui, 0,82%.

Le FMI suspend son plan d'aide au Yémen

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi la suspension pour une durée indéterminée de son plan d'aide au Yémen en raison des "nombreuses incertitudes" liées à la crise grandissante dans le pays.

En septembre, le FMI avait octroyé au Yémen une ligne de crédit de 552 millions de dollars déboursable par tranches sur une période de trois ans. Le prochain versement était prévu pendant le premier semestre 2015 à l'issue d'un audit.

"Etant donné les nombreuses incertitudes entourant le Yémen actuellement", cet audit est "reporté jusqu'à ce que la situation se clarifie", a déclaré le porte-parole du FMI, William Murray, lors d'une conférence de presse.