L'Asie reste la place forte mondiale de l'investissement industriel, l'Europe est à la traîne

Par latribune.fr  |   |  734  mots
En 2022, les annonces de nouveaux projets d'usines dans le monde ont porté sur quelque 627 milliards de dollars l'an passé. Avec au premier rang l'électronique et les semi-conducteurs (277 milliards de dollars d'investissements). (Crédits : FLORENCE LO)
L'Asie de l'Est (Chine, Japon, Corée du Sud et Taïwan) est restée en 2022 l'endroit du monde, devant le continent américain, où l'investissement industriel était le plus élevé, selon l'étude annuelle de l'observatoire Trendeo. L'Europe est, elle, toujours à la traîne tandis que l'Afrique s'effondre.

L'Asie de l'Est est restée en 2022 la région du monde où les industriels investissent le plus. Selon l'étude annuelle de l'observatoire Trendeo, elle a drainé 53,4% des annonces de construction d'usines. Le continent américain a, lui, attiré 28,3% des nouveaux gros projets industriels contre 13,1% en Europe. En 2019, juste avant l'épidémie, l'Asie était à 55,3% (56% en 2018), les Amériques à 20,3% (17,5% en 2018), l'Europe à 14,8% (11,9%), l'Océanie à 6,5% (4,7%). L'Afrique qui avait drainé 12,6% des investissements mondiaux dans l'industrie en 2016 (8,9% en 2017, et 9,9% en 2018), est retombée à 2,9% en 2022, malgré une reprise à 5,7% en 2021.

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Des investissements qui ont un coup écologique. Toutefois, même si l'Asie est « clairement en dessous » de l'Europe en matière d'efforts de réduction des émissions de CO2 de l'industrie, Trendeo note le développement dans ce pays de nouveaux parcs industriels se présentant comme sans ou quasiment sans émission de CO2. C'est notamment le cas de celui de Huawei à Shenzhen, qui produira 1,5 million de kwh d'électricité non fossile par an.

Au total, selon l'étude, les annonces de nouveaux projets d'usines dans le monde ont porté sur quelque 627 milliards de dollars l'an passé. Avec au premier rang, l'électronique et les semi-conducteurs (277 milliards de dollars d'investissements), suivis par les équipements électriques (97 milliards de dollars), l'extraction minière et les métaux (52,6 milliards de dollars), et l'automobile (43 milliards de dollars). Les secteurs qui restent en panne depuis le Covid, où les investissements en nouveaux sites de production sont inférieurs à ce qu'ils étaient en 2019, sont la chimie, le raffinage de pétrole et de gaz, le papier, le plastique, l'aéronautique et le textile.

Forte baisse des investissements dans les énergies fossiles

En matière énergétique, on assiste à une « augmentation de la part du solaire qui passe de 10 à 30% des projets d'investissement liés à l'énergie, on voit aussi une hausse du nucléaire liée aux annonces de nouveaux réacteurs, une montée de l'hydrogène et une baisse très forte des énergies fossiles (25% des investissements en 2016 et moins de 10% en 2022) », indique à l'AFP David Cousquer, qui coordonne l'étude. L'Europe ne reçoit que 5% des investissements (en valeur) dans l'hydrogène, mais les entreprises européennes font 33% des investissements mondiaux du secteur (première position) devant celles asiatiques (27%) et celles américaines (21%). En France, qui ne comportait aucun investissement dans l'hydrogène avant 2014, 2 milliards ont été annoncés en 2022, relève Trendeo.

L'Europe investit peu dans les semi-conducteurs

Côté semi-conducteurs, les plus gros investissements mondiaux ont été annoncés par le Sud-coréen SK Inc (138 milliards de dollars), devant l'Américain Intel (135 milliards) et le Taïwanais TSMC (111 milliards de dollars). Aucun groupe européen ne figure dans le classement des dix premiers du secteur, largement dominé par l'Asie. Entre 2016 et 2022, la part des investissements mondiaux dans les semi-conducteurs localisés en Europe s'élève à seulement 7%, contre 30% en Amérique du Nord et 63% en Asie.

Dans les batteries, la répartition est un peu plus équilibrée. Entre 2016 et 2022, 27% des investissements mondiaux dans le secteur se sont faits en Europe, 27% sur le continent américain et 46% en Asie. « Si on regarde la nationalité des entreprises, 81% d'entre elles sont asiatiques, 5% américaines, 13% européennes », relève l'analyste. Dans ce domaine, c'est le groupe chinois Contemporary Amerex Technology qui mène la danse, avec 40 milliards de dollars investis entre 2016 et 2022, devant un autre chinois BYD (24 milliards de dollars), et l'Américain Tesla (10 milliards de dollars).

Développement en Chine de sites industriels sans d'émission, ou presque, de CO2

En France, « on ne discerne pas le mouvement de délocalisation redouté suite à la hausse des prix de l'énergie »

 En France les relocalisations enclenchées par le plan de relance de l'économie continuent d'arriver  : « En 2022, on ne discerne pas le mouvement de délocalisation redouté suite à la hausse des prix de l'énergie », soulignent les experts de Trendeo. Au premier semestre cette année, le cabinet d'études décomptait 28 relocalisations contre 4 délocalisations. Au deuxième semestre 2021, les relocalisations et délocalisations s'élevaient respectivement à 44 et 4, et à 46 et 12 au premier semestre 2021. « La France a un tissu industriel qui reprend un peu de dynamisme, mais peine encore à accrocher des grands projets d'assemblage final dans l'automobile et l'électronique, et rate ainsi une occasion de développer un tissu de sous-traitants chez les ETI et PME », soulignait, fin septembre, Trendeo.