La course aux subventions entre l'Europe et les Etats-Unis inquiète l'Allemagne

Par latribune.fr  |   |  498  mots
Le ministre allemand des Finances se demande si « la prochaine administration américaine pourra continuer à soutenir ainsi l'économie » et « si des subventions aussi élevées sont soutenables ». (Crédits : ALINA SMUTKO)
L'Union européenne doit « éviter une course aux subventions » avec les Etats-Unis, a jugé vendredi à Davos, lors du forum économique mondial le ministre allemand des Finances Christian Lindner. Il a par ailleurs comparé l'Allemagne à un « homme fatigué » qui a « besoin de café ».

La course aux subventions agace l'Allemagne. « Je suis préoccupé par le fait que certains politiques dans l'Union européenne penchent pour subventionner presque tout, mais il faut éviter une course aux subventions, nous ne pouvons pas nous le permettre », a déclaré Christian Lindner, ministre allemand des Finances.

S'exprimant lors de la réunion du Forum économique mondial qui s'achève vendredi dans les Alpes suisses, à Davos, il s'est par ailleurs demandé si « la prochaine administration américaine pourra continuer à soutenir ainsi l'économie » et « si des subventions aussi élevées sont soutenables ».

Inflation Reduction Act contre Green Deal

Les Etats-Unis ont notamment mis en place un plan de plusieurs centaines de milliards de dollars (Inflation Reduction Act, IRA) pour soutenir l'industrie verte et les usines américaines, qui prévoit notamment des subventions pour les voitures électriques fabriquées aux Etats-Unis.

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L'UE a, de son côté, mis en place un « Green Deal » avec des aides, notamment, pour des usines de batteries pour véhicules électriques.

« Notre désavantage compétitif face aux Etats-Unis, ce ne sont pas les subventions mais le fonctionnement » du marché financier, a fait valoir le ministre allemand, plaidant pour « améliorer les conditions économiques générales et faire des progrès sur l'union des marchés financiers » en Europe.

Mercredi, Emmanuel Macron avait lui aussi évoqué la nécessité « d'approfondir l'union des marchés de capitaux » et d'avoir une « Europe financière qui soit beaucoup plus intégrée ».

« Si on bloque à 27, la France va proposer d'avancer sur une coopération renforcée sur ce sujet car on doit avancer absolument », avait-il affirmé.

« L'Allemagne, un homme fatigué » qui a « besoin de café »

Au-delà de cette préoccupation, Christian Lindner a comparé l'Allemagne, à « un homme fatigué » qui a « besoin de café ». La première économie de la zone euro a ces derniers temps été décrite par beaucoup d'observateurs comme « l'homme malade de l'Europe », reprenant une expression employée à la fin des années 1990 après le contrecoup de la réunification. La croissance allemande était l'année dernière nettement moins bonne que la moyenne de l'UE, qui devrait atteindre une croissance de 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses marquées pour la France, l'Espagne ou l'Italie.

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Elle est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Un arrêt retentissant de la Cour constitutionnelle a, d'ailleurs, annulé en novembre 60 milliards d'euros de crédits d'investissement au nom des règles budgétaires constitutionnelles. Cette décision a contraint le gouvernement d'Olaf Scholz à rogner sur certaines dépenses. Selon l'institut économique IFO, ces coupes budgétaires devraient coûter 0,2 point de croissance à l'Allemagne dans les prochains mois. Mais l'Allemagne devrait néanmoins amorcer une reprise en 2024.

(Avec AFP)