La Fed augmente ses taux de manière agressive, une première depuis 22 ans

Par latribune.fr  |   |  653  mots
(Crédits : Carlo Allegri)
La banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi d'un demi-point de pourcentage ses taux directeurs, première hausse de cette ampleur depuis 2000, pour tenter de contrôler l'inflation record et a signalé que d'autres hausses "seraient justifiées" à l'avenir. Craignant un resserrement plus sévère, la Bourse de New York a paradoxalement terminé la séance en hausse.

Pour lutter contre l'inflation et éviter de voir les Etats-Unis tomber en récession, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mercredi son principal taux d'intérêt d'un demi-point, sa plus importante hausse depuis près de 22 ans, et annoncé qu'elle commencerait à réduire son bilan le mois prochain, accélérant ainsi le resserrement de sa politique monétaire face à l'inflation. L'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds"), le principal instrument de la politique monétaire de la Fed, est porté entre 0,75% et 1%. Cette décision a été prise à l'unanimité. La Fed a indiqué que d'autres hausses "seraient justifiées" à l'avenir. Pour autant, un resserrement plus sévère est pour l'heure exclu, ce qui a permis à la Bourse de New York de finir en forte hausse. Selon des résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones a grimpé de 2,81% à 34.060,99 points. Le Nasdaq, à dominante technologique a bondi de 3,19% à 12.964,86 points tandis que le S&P 500 a avancé de  2,99% à 4.300,20 points.

Par ailleurs, la Réserve fédérale, qui a accumulé pour 9.000 milliards de bons du Trésor et autres titres à son actif en versant des liquidités dans le système financier pour soutenir l'économie pendant la pandémie, va commencer à réduire son bilan à partir du 1er juin, autre outil de resserrement monétaire pour tempérer la pression inflationniste. A partir de cette date, son bilan va commencer à être réduit au rythme de 47,5 milliards de dollars par mois et à hauteur de 90 milliards après trois mois, une autre façon de renchérir le coût du crédit pour tempérer la demande et les hausses de prix.

Enfin, la Fed prévient que la guerre en Ukraine et les confinements en Chine vont aggraver l'inflation et les problèmes de logistique. En effet, la guerre russo-ukrainienne qui s'enlise pèse sur la croissance européenne, fait grimper les prix mondiaux de l'énergie et met en péril la sécurité alimentaire dans le monde. Parallèlement, la politique de tolérance zéro contre le Covid-19 en Chine a aggravé les problèmes sur les chaînes d'approvisionnement mondiales. Tous ces facteurs ralentissent la croissance américaine. Le Produit intérieur brut (PIB) du pays s'est même contracté de 1,4% au premier trimestre.

 Néanmoins, les membres de la Fed continuent de penser que l'inflation reviendra progressivement à l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed à mesure qu'elle va augmenter les coûts du crédit, mais elle insiste sur le fait qu'elle va "être particulièrement attentive à l'inflation".

Inflation

Pour rappel, en mars, la Fed avait commencé à relever ses taux, pour la première fois depuis 2018. Mais elle avait agi avec prudence en les portant dans une fourchette comprise entre 0,25 et 0,50%, soit une hausse de 0,25 point de pourcentage. Elle avait toutefois signalé sa volonté de procéder à six autres hausses cette année, soit autant que de réunions d'ici à fin 2022. Depuis, l'inflation a continué de grimper. Aggravée par la guerre en Ukraine, elle a atteint en mars un sommet jamais vu depuis décembre 1981: +8,5% sur un an, selon l'indice CPI.

 La Banque centrale américaine a deux missions principales: assurer la stabilité des prix et le plein emploi.

Outre la poussée des prix, Jerome Powell déplore un marché de l'emploi à un niveau "malsain". En effet, le taux de chômage est proche de son niveau d'avant la pandémie (3,6% en mars contre 3,5% en février 2020).

Et les entreprises sont confrontées depuis des mois à des pénuries de main-d'œuvre et à des démissions massives. En mars, 4,5 millions de personnes ont encore quitté leur emploi, alors que le nombre d'offres a grimpé à 11,5 millions, un record, selon le bureau des statistiques. Pour attirer les candidats et fidéliser leurs employés, les entreprises augmentent les salaires, ce qui a pour effet d'alimenter l'inflation.