La France ne peut se couper des échanges économiques avec la Chine, « une illusion », selon Bruno Le Maire

Par latribune.fr  |   |  603  mots
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à Pékin. (Crédits : THOMAS PETER)
« Il est impossible de couper tout lien entre les économies américaine et européenne et celle de la Chine », a souligné le ministre de l'Economie. La Chine est le troisième partenaire commercial de la France, mais les entreprises françaises craignent de perdre encore plus en compétitivité face aux stratégies de Pékin ou de Washington.

L'opération séduction de Bruno Le Maire se poursuit en Chine. En déplacement dans l'Empire du Milieu pour une visite de plusieurs jours, le ministre de l'Economie, après avoir déclaré que « les investisseurs chinois sont les bienvenus en France », va plus loin ce dimanche. Tandis que l'Allemagne cherche à réduire sa dépendance à la deuxième économie mondiale, la France prend, elle, le contre-pied de cette position et d'affirmer que couper tout lien économique avec la Chine était « une illusion ».

« Nous sommes totalement opposés à l'idée de découplage. Le découplage est une illusion », a affirmé M. Le Maire, interrogé par des journalistes. Une vision que le ministre français partage ainsi avec son homologue américaine, la secrétaire d'Etat au Trésor Janet Yellen.

« Il est impossible de couper tout lien entre les économies américaine et européenne et celle de la Chine », a souligné le ministre, qui s'exprimait en anglais devant la presse internationale à l'ambassade de France à Pékin.

La Chine est le troisième partenaire commercial de la France, mais les entreprises françaises craignent de plus en plus d'être prises entre les feux croisés de la rivalité croissante entre Washington et Pékin, les superpuissances économiques mondiales.

« Nous ne voulons pas faire face à des obstacles législatifs ou à d'autres obstacles pour accéder aux marchés chinois », a déclaré Bruno Le Maire au lendemain de ce qu'il a qualifié de négociations commerciales « constructives » avec le vice-Premier ministre He Lifeng. Dans le même temps, en Chine, l'affaire de la disparition du ministre des Affaires étrangères - que Pékin refuse de commenter - surprend la presse internationale.

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La quête d'indépendance

Aussi, Bruno Le Maire a toutefois défendu l'ambition d'une plus grande indépendance économique de la France dans certains secteurs spécifiques.

Le concept de réduction des risques ("de-risking"), populaire ces derniers mois auprès de nombreux pays occidentaux, « ne signifie pas que la Chine constitue un risque », a tenu à préciser Bruno Le Maire.

« Cela signifie que nous voulons être plus indépendants (...) Nous ne voulons pas nous rendre compte, comme nous l'avons fait lors de la crise du Covid, que nous sommes trop dépendants de certains composants très spécifiques », a indiqué le ministre en visite pour le dialogue économique et financier de haut niveau franco-chinois, une rencontre bilatérale annuelle consacrée à ces questions stratégiques.

Les constructeurs automobiles européens sont inquiets

Le ministre français de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique se rendra lundi à Shenzhen (sud), grande métropole limitrophe de Hong Kong et considérée comme la « Silicon Valley chinoise ».

Il y rencontrera des investisseurs chinois et des grands patrons, dont celui du constructeur automobile BYD, qui réfléchit à l'ouverture d'une usine de véhicules électriques en Europe.

Interrogé sur les craintes de certains constructeurs automobiles européens que les véhicules électriques chinois bon marché n'inondent les marchés européens, Bruno Le Maire a déclaré que la France avait son propre plan, sur lequel elle travaillait avec l'Europe, pour mieux concentrer les subventions françaises et européennes afin d'accroître leur compétitivité.

« Nous sommes prêts à avoir des investissements chinois de l'industrie automobile en France et en Europe », a-t-il déclaré, ajoutant que ce serait « une très bonne chose » que les entreprises chinoises investissent et se développent en Europe.

(Avec AFP et Reuters)