La Chine refuse de commenter la destitution et disparition du ministre des Affaires étrangères

La Chine a refusé de s'exprimer ce mercredi au lendemain de la retentissante destitution de son désormais ex-ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, qui n'est plus apparu publiquement depuis un mois. Son nom a déjà été retiré du site internet du ministère, ce qui semble montrer qu'il est tombé en disgrâce. Il était pourtant proche du président chinois, ce qui laisse à penser, selon un analyste, qu'aucun diplomate « n'est à l'abri, quel que soit son rang ou le soutien dont il bénéficie de la part de Xi Jinping ».
Des rumeurs circulent depuis plusieurs semaine sur le sort de Qin Gang, âgé de 57 ans et réputé proche du président Xi Jinping.
Des rumeurs circulent depuis plusieurs semaine sur le sort de Qin Gang, âgé de 57 ans et réputé proche du président Xi Jinping. (Crédits : POOL)

Au lendemain de la destitution surprise et non expliquée du ministre chinois des Affaires Étrangères, silence radio du côté du gouvernement. Pour rappel, Qin Gang n'a fait aucune apparition publique depuis un mois et a été formellement relevé de ses fonctions ce mardi par le parlement, après seulement un peu plus de 200 jours à son poste.

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Interrogée ce mercredi 26 juillet sur son sort, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning a renvoyé les journalistes à un article publié par les médias d'État.

« En ce qui concerne cette question, Chine nouvelle a déjà publié des informations, vous pouvez vous y référer », a-t-elle répondu.

Mao Ning a par ailleurs précisé que « les activités diplomatiques de la Chine continuent toutes d'avancer ». Qin Gang a été remplacé en tant que ministre des Affaires étrangères par le chef d'orchestre de la diplomatie chinoise, Wang Yi, un diplomate aguerri qui était son prédécesseur à ce poste entre 2013 et 2022.

Supprimé du site internet du ministère

Toute référence à Qin Gang sur le site internet de son ancien ministère de tutelle a en tout cas été retirée. Une recherche avec son nom ne donne aucun résultat et les liens vers les articles qui évoquaient ses activités diplomatiques renvoient désormais vers un message indiquant que la page « n'existe pas ou a été effacée ».

Qin Gang n'a en revanche pas disparu du reste de l'internet et son nom et ses photos restent accessibles sur les réseaux sociaux, les articles de la presse et d'autres sites internet officiels comme celui du gouvernement central.

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Tombé en disgrâce

Des rumeurs circulent depuis plusieurs semaines sur le sort de cet ex-ambassadeur aux États-Unis (2021-2022), âgé de 57 ans et réputé proche du président Xi Jinping. Notamment celle qu'une liaison adultère avec une présentatrice d'une chaîne de télévision de Hong Kong lui aurait coûté sa place. Qin Gang n'a pas été vu en public depuis le 25 juin, jour où il a notamment rencontré à Pékin le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Rudenko

Le ministère des Affaires étrangères avait justifié début juillet l'absence du ministre par des « raisons de santé » avant de refuser de donner davantage d'informations sur sa situation.

Selon un analyste, la disparition de toute référence sur le site du ministère semble toutefois indiquer qu'il est tombé en disgrâce. « S'il s'agissait d'un camarade respecté qui était juste tombé malade, je ne pense pas qu'ils feraient ça », indique le sinologue Bill Bishop dans sa lettre d'information Sinocism.

« Les gens à l'extérieur du système n'ont aucune idée de ce qui se passe et cet épisode démontre que la politique chinoise devient de plus en plus imprévisible et instable, même si elle est calme en apparence », a déclaré à l'AFP Ho-fung Hung, spécialiste de la Chine à l'université Johns-Hopkins aux États-Unis.

« Personne n'est à l'abri »

Diplomate de carrière, Qin Gang est devenu proche de Xi Jinping lorsqu'il était chef du protocole (2014-2018) et accompagnait notamment le président dans ses déplacements. C'est cette proximité avec le chef de l'État, selon certains analystes, qui lui a permis de monter peut-être plus rapidement les échelons que d'autres collègues et de devenir vice-ministre, ambassadeur aux États-Unis, puis ministre.

Sa destitution semble en tout cas montrer qu'aucun diplomate n'est prémuni contre les vicissitudes de la politique chinoise, estime un analyste.

« Je pense que les principales conséquences (de cette affaire) seront pour les hauts fonctionnaires chinois, avec cette idée que personne n'est à l'abri, quel que soit son rang ou le soutien dont il bénéficie de la part de Xi Jinping », a confié à l'AFP Neysun Mahboubi, spécialiste du droit chinois.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 27/07/2023 à 8:00
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Nos dirigeants ne commentent pas non plus la disparition de Benjamin Grivaux et maintenant Marlène Schiappa ! On est vachement inquiets pour eux hein...

à écrit le 26/07/2023 à 16:18
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@ Fredo 30400 La Chine est un pays extraordinairement dirigé par une ba de de ...voyous. Comme en Russie et en Corée du Nord que vous citez. Vous pouvez aussi ajouter l'Iran, l'Afghanistan et la plupart des pays d'Afrique et aussi une bonne dose de p...

à écrit le 26/07/2023 à 14:19
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Renvoyer un pays extraordinaire comme la Chine au rang d'une dictature voyou comme la Corée du Nord bravo beau résultat !

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