La Russie menace la Finlande et la Suède sur leur potentielle adhésion à l'Otan

Par latribune.fr  |   |  752  mots
La Russie a prévenu qu'elle renforcerait ses moyens de défense aux abords de la mer Baltique et qu'elle mettrait fin aux discussions en vue d'en faire une région dénucléarisée si la Finlande et la Suède rejoignent l'Alliance atlantique. (Crédits : DADO RUVIC)
Une adhésion à l'Otan de la Suède et de la Finlande aurait des conséquences pour ces pays et la sécurité européenne, a mis en garde la Russie. Des menaces qui interviennent alors que les deux Etats ont annoncé réfléchir à une telle mesure. La Première ministre finlandaise est même allée jusqu'à avancer que la décision serait prise « dans les prochaines semaines ». Son homologue suédoise est, elle, restée plus prudente. Reste que Moscou les menace déjà, prévenant qu'elle renforcerait ses moyens de défense aux abords de la mer Baltique et qu'elle mettrait fin aux discussions en vue d'en faire une région dénucléarisée.

Pays neutres, la Finlande, qui a 1.300 kilomètres de frontière et une histoire compliquée avec la Russie, et la Suède ont rouvert cette semaine le débat sur une adhésion à l'Otan. Une réflexion qui fait suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et à laquelle leurs opinions publiques sont désormais largement favorables.

La Première ministre finlandaise Sanna Marin a déclaré mercredi 13 avril qu'une décision à ce sujet serait prise « dans les prochaines semaines ».

« Il y a des points en faveur d'une demande d'adhésion, et d'autres contre, nous devons analyser tout cela sérieusement. Je pense que le processus va être très rapide, c'est une question de semaines », a déclaré Sanna Marin pendant une conférence de presse lors d'un déplacement à Stockholm.

Présente à ses côtés, son homologue suédoise Magdalena Andersson a elle aussi indiqué souhaiter une réévaluation rapide et complète de l'environnement sécuritaire de la Suède, tout en disant ne pas vouloir se précipiter pour prendre une décision sur l'adhésion à l'Otan.

« Il y a évidemment des avantages et des inconvénients à faire partie de l'Otan, comme il y a des avantages et des inconvénients dans d'autres choix en termes de sécurité. En tant que membre de l'Otan, vous bénéficiez de fait de la sécurité garantie par l'article 5 », a relevé la Première ministre suédoise en référence à la clause de défense collective de l'alliance, qui implique qu'une attaque contre un pays membre est considérée comme une attaque dirigée contre tous les alliés. Et d'ajouter : « Mais vous avez aussi des responsabilités à l'égard des autres pays ».

La cheffe du gouvernement finlandais a dit espérer que Stockholm et Helsinki prendraient une décision similaire au sujet de l'adhésion à l'Otan et s'attendre à ce que son pays soit la cible « d'actes » russes dès le début du processus d'évaluation.

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La Russie menace déjà la Suède et la Finlande...

Le présent semble déjà lui donner raison. Le ministère russe des Affaires étrangères a en effet déclaré ce vendredi 15 avril qu'une adhésion à l'Otan de la Suède et de la Finlande aurait des conséquences pour ces pays et la sécurité européenne.

Ces pays « doivent comprendre les conséquences d'une telle mesure pour nos relations bilatérales et pour l'architecture sécuritaire européenne dans son ensemble », a déclaré la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, dans un communiqué. « Être membre de l'Otan ne peut renforcer leur sécurité nationale. De facto, (la Finlande et la Suède) seront la première ligne de l'Otan ».

Mardi, déjà, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait déclaré qu'une éventuelle adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Alliance atlantique ne contribuerait pas à la stabilité de l'Europe.

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... et évoque des armes nucléaires

La Russie a prévenu qu'elle renforcerait ses moyens de défense aux abords de la mer Baltique et qu'elle mettrait fin aux discussions en vue d'en faire une région dénucléarisée si la Finlande et la Suède rejoignent l'Alliance atlantique. L'ex-président russe Dmitri Medvedev a en effet affirmé jeudi que la Russie renforcerait ses moyens militaires, notamment nucléaires, en mer Baltique et près de la Scandinavie.

En cas d'adhésion, « les frontières de l'Alliance avec la Russie feraient plus que doubler. Et ces frontières, il faudra les défendre », a relevé l'actuel numéro deux du Conseil de sécurité de Russie dans un message sur Telegram. « Dans ce cas, il ne pourra être question d'une Baltique non-nucléaire », a-t-il ajouté, évoquant aussi des déploiements d'infanterie et de systèmes anti-aériens dans le nord-ouest de la Russie et des forces navales dans le golfe de Finlande.

Évoquant les populations finlandaises et suédoises, il a estimé que « personne de sain d'esprit (...) ne peut souhaiter une hausse des tensions à sa frontière et avoir à côté de sa maison des (missiles) Iskander, (des missiles) hypersoniques et des navires avec des armes nucléaires ».

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(Avec agences)