La Russie pointe le danger "réel" d'une Troisième guerre mondiale

Par latribune.fr  |   |  819  mots
(Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)
La Russie a assuré lundi vouloir poursuivre les négociations de paix avec l'Ukraine, tout en avertissant du danger "réel" que le conflit dégénère en Troisième guerre mondiale. Moscou dénonce le manque de volonté de l'Ukraine de négocier un accord de paix, et estime que l'aide militaire de l'Otan à l'Ukraine engage l'Otan dans le conflit contre la Russie.

Après deux mois de guerre en Ukraine et au lendemain de la visite à Kiev de ministres américains qui ont indiqué que l'Ukraine pouvait gagner le conflit, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a déclaré qu'il existait un danger "réel" que le conflit dégénère en Troisième guerre mondiale.

Interrogé sur l'importance d'éviter une Troisième guerre mondiale et sur une comparaison avec la crise des missiles cubains de 1962 - un pic des tensions entre les Etats-Unis et l'Union soviétique -, il a assuré que la Russie faisait tout pour préserver le principe de ne pas recourir à l'arme nucléaire.

"Je ne veux pas alimenter ce risque de manière artificielle. Beaucoup aimeraient cela. "Le danger est grave, réel. Et nous ne devons pas le sous-estimer", a dit Sergueï Lavrov.

Une phrase forte, alors que Moscou a assuré lundi vouloir poursuivre les négociations de paix avec l'Ukraine, et a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky de "faire semblant" de discuter.

"C'est un bon acteur (...), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu'il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions", a affirmé le chef de la diplomatie russe, cité par les agences de presse russes.

Mais "nous continuons de mener des négociations avec l'équipe" ukrainienne "et ces contacts vont se poursuivre", a-t-il déclaré.

L'Otan est engagée dans le conflit, selon la Russie

Ces déclarations interviennent alors que les aides occidentales en matériel militaire s'accentuent. Sous la houlette de Lloyd Austin, chef du Pentagone, les Etats-Unis réunissent mardi sur la base américaine de Ramstein en Allemagne les représentants d'une quarantaine de pays pour "générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes", selon le chef du Pentagone.

"Ils peuvent gagner s'ils ont les bons équipements, le bon soutien", a affirmé Lloyd Austin. Le président Zelensky a lui estimé que la victoire ukrainienne n'était qu'une question de temps.

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Ces armes occidentales sont dans le collimateur de Moscou. Sergueï Lavrov a dénoncé les livraisons occidentales d'armes sophistiquées, de véhicules blindés et de drones de pointe à l'Ukraine, disant y voir une provocation destinée à prolonger le conflit plutôt qu'à y mettre fin. Pour le chef de la diplomatie russe, elles signifient que l'Otan est "en substance engagée dans une guerre avec la Russie", et sont par conséquent des cibles légitimes.

"Des entrepôts de stockage dans l'ouest de l'Ukraine ont été visés plus d'une fois (par l'armée russe). Comment peut-il en être autrement ?", a ajouté Sergueï Lavrov.

"L'Otan, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie via un intermédiaire et elle arme cet intermédiaire. Cela signifie la guerre".

Selon le ministre de la Défense britannique Ben Wallace, Moscou a perdu à ce jour "approximativement 15.000 hommes" en Ukraine, un chiffre invérifiable de source indépendante. Moscou n'a donné aucun bilan depuis le 25 mars, lorsqu'elle avait affirmé avoir perdu 1.351 soldats.

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FOCUS- L'économie russe se stabilise, dit Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs affirmé lundi que l'économie de son pays était en train "de se stabiliser", après avoir été frappée par des salves de sanctions occidentales à la suite du déclenchement de son opération militaire en Ukraine.

"L'inflation a ralenti, la croissance hebdomadaire des prix s'est rapprochée de la normale et sur un certain nombre de produits, les prix ont déjà commencé à baisser", a déclaré M. Poutine durant une réunion du gouvernement consacrée aux questions économiques.

Cette résilience tient, selon lui, en deux facteurs : la bonne santé du rouble, qui s'est "activement renforcé ces derniers temps" jusqu'à revenir à des niveaux d'avant-crise. Et la "demande des consommateurs", revenue à la normale après un "pic en février-mars", lorsque les Russes se sont précipités dans les magasins et sur les biens de consommation courante par crainte de pénuries ou d'une chute du rouble.

Le président russe a appelé à "garantir une normalisation progressive de la dynamique des prix" et d'éviter "une baisse spectaculaire de la demande".

La Russie a été frappée par plusieurs salves de sanctions occidentales après son intervention militaire en Ukraine lancée le 24 février, incluant des embargos sur des exportations clés qui ont accru l'inflation --déjà haute depuis la pandémie de Covid-19.

Si Vladimir Poutine assure que l'économie russe a tenu le choc, des économistes estiment que le pire est à venir à mesure que l'impact des sanctions sera de plus en plus en plus visible.