Le Mexique dénonce la méthode Trump

Par latribune.fr  |   |  502  mots
Le Mexique rejette les pressions de Donald Trump.
Dans un communiqué, Mexico rejette "l'usage de la peur et de la menace" pour éloigner les investisseurs du pays. Une allusion directe aux actions de Donald Trump, notamment envers les constructeurs automobiles.

Mexico réagit aux actions du président élu des Etats-Unis, Donald Trump. Le gouvernement fédéral a publié vendredi 6 janvier un court communiqué, où, sans citer le futur hôte de la Maison Blanche, il affirme « rejeter catégoriquement toute tentative d'influer sur les décisions d'investissement des entreprises en faisant usage de la peur ou de la menace ». Une allusion claire à la « méthode Trump » qui, en menaçant Ford de droits de douanes élevés avait obtenu, cette semaine, la « relocalisation » aux Etats-Unis d'une usine initialement prévue à San Luis Potosi, au centre du Mexique.

Pressions de Trump

Le président élu des Etats-Unis a affirmé à plusieurs reprises ne pas vouloir en rester là. Il exerce également les mêmes pressions sur General Motors et sur Toyota, deux firmes ayant des projets au Mexique et qu'il souhaiterait voir rapatrier sur le sol des Etats-Unis. Le défi est de taille pour Mexico : l'investissement à San Luis Potosi s'élevait à 1,6 milliard de dollars. Si Donald Trump mène une campagne agressive et systématique contre les investissements au Mexique, ce serait le modèle économique du pays qui serait remis en cause. Le gouvernement rappelle donc son « engagement envers les entreprises mondiales » et sa volonté de « garantir la sécurité des projets d'investissements ».

Inquiétudes des investisseurs

Cette offensive de Donald Trump intervient au pire moment pour Mexico. Après l'élection du milliardaire, le peso mexicain a chuté de plus de 16 % face au dollar, rendant moins attractifs les investissements étrangers qui ont désormais toutes les raisons de se montrer prudents. D'autant que le futur président des Etats-Unis a plusieurs fois affirmé sa volonté de renégocier les conditions de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Le Mexique a donc décidé de réagir, mais cette réaction demeure timide et les marges de manœuvre du gouvernement de Mexico demeurent faibles.

Emeutes contre la hausse du prix de l'essence

Car ces mauvaises nouvelles interviennent alors que le pays est secoué par une vague de mécontentements contre la hausse des prix, notamment du pétrole. Le gouvernement a pris la décision de relever le 1er janvier les prix de l'essence de 20 % et du diesel de 16,5 %. Le président mexicain, Enrique Peña Nieto, a justifié cette décision par la hausse du prix du pétrole, mais c'est aussi la première étape vers la libéralisation du marché des carburant. Cette décision a conduit à des émeutes mercredi et jeudi dernier qui ont fait trois morts et conduit au saccage de plus de 1.000 commerces ainsi qu'à 1.500 arrestations dans tout le pays. Il est vrai que la population est déjà soumise, du fait de la baisse du peso, à une hausse générale des prix (le taux d'inflation est remonté à 3,3 % en novembre contre 2,5 % en juin) et que l'usage de l'automobile est incontournable dans un pays dépourvu de réseau de transports publics fiables.