Le pape vante l'impôt progressif et « le pacte fiscal» devant les industriels italiens

Par latribune.fr  |   |  757  mots
Le pape a insisté sur la nécessité de partager la richesse avec ceux qui n'y ont pas accès. (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)
Alors que les élections législatives italiennes auront lieu le 25 septembre prochain, le pape François a défendu l'impôt progressif. Pour le souverain pontife, les taxes doivent être fixées « en fonction de la capacité contributive de chacun, comme l'exige la constitution italienne ». Une position à contre-courant des leaders de droite, Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, qui plaident en faveur d'un taux unique.

Le partage est une valeur chère au pape François. Il l'a d'ailleurs redit ce lundi 12 septembre, devant les patrons italiens membres de la Confindustria, la principale confédération patronale, qu'il a reçus au Vatican.

Le jésuite argentin a insisté sur la nécessité de partager la richesse avec ceux qui n'y ont pas accès. Une forme de partage « très importante dans le monde moderne et dans les démocraties est représentée par les taxes et les impôts », mais elle est « souvent incomprise », a-t-il déclaré devant quelque 5.000 entrepreneurs et leurs familles.

« Le pacte fiscal est au cœur du pacte social. Les taxes sont également une forme de partage de la richesse afin que celle-ci se mue en biens communs et publics : l'éducation, la santé, les droits, les soins, la science, la culture, le patrimoine. Les taxes doivent certes être justes, équitables, fixées en fonction de la capacité contributive de chacun, comme l'exige la constitution italienne », a précisé le pape François.

Le pape n'a néanmoins fait aucune allusion à la situation politique italienne en vue du scrutin et n'a nommé personne.

Taxes variables contre taux unique

En Italie, en effet, la constitution affirme que « tous (les citoyens) sont tenus de participer aux dépenses publiques en fonction de leur capacité à contribuer » et que le système fiscal doit respecter « des critères de progressivité ».

Une position que ne partagent pas Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, tous deux candidats aux élections législatives italiennes du 25 septembre prochain. Tous deux font taux unique ("flat tax") l'un de leurs principaux chevaux de bataille.

Matteo Salvini ne perd jamais une occasion de présenter le taux unique des impôts à 15% comme remède miracle pour réduire l'évasion fiscale et relancer l'économie de la péninsule, tandis que pour Silvio Berlusconi il serait plutôt à 23%. Pour rappel, l'évasion fiscale est estimée à environ 100 milliards d'euros par an en Italie.

Pour les opposants, au contraire, le taux unique est très inégalitaire et réduit les recettes fiscales de l'État.

Les italiens appelés aux urnes

L'Italie est actuellement en pleine période de campagne électorale. Des élections législatives pour renouveler le Sénat et la Chambre des députés auront en effet lieu le 25 septembre. Une situation nécessaire en raison de la dissolution du parlement en juillet par le président Sergio Mattarella, suite à la démission du Premier ministre Mario Draghi après la défection de trois partis importants de sa coalition.

C'est Giorgia Meloni, Romaine de 45 ans et présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), qui est donnée favorite pour devenir la première femme à diriger un gouvernement de l'Histoire italienne. Et ce malgré son passé au sein des sphères post-fascistes et ses déclarations polémiques. Elle caracole en tête dans les enquêtes de popularité et sa formation est créditée d'environ 24% des intentions de vote, devant le Parti démocrate (PD, centre-gauche).

Ne pas céder aux « sirènes nationalistes »

Dans son discours précédant l'adresse du pape lundi, le patron de Confindustria, Carlo Bonomi, a appelé « les sociétés libérales d'Occident » à résister, « sous les coups portés par la pandémie, la crise en Ukraine et les effets liés à la hausse des prix de l'énergie », aux « sirènes nationalistes ».

Il a aussi évoqué des sujets chers au pape François, comme le déclin démographique d'une Italie vieillissante, le chômage des jeunes et la difficulté des femmes à conjuguer vie professionnelle et familiale.

Il a également appelé à « une révolution culturelle » pour « mieux intégrer les étrangers » et faciliter leur accès à « une pleine citoyenneté ». « Pas seulement pour éradiquer les préjugés et les haines sociales, mais aussi parce qu'une courbe démographique comme celle de l'Italie rend plus nécessaire encore un modèle efficace d'intégration », a souligné Carlo Bonomi.

Il a dénoncé « la finance pour la finance » qui nie la « dignité originelle de chaque femme et de chaque homme » et dans laquelle « les lois de l'économie trahissent leur signification et leur valeur fondamentales ».

(Avec AFP)