Royaume-Uni : le prix de l'électricité explose, des millions de Britanniques menacés de pauvreté énergétique

Par latribune.fr  |   |  679  mots
Confrontés déjà à une forte inflation, les Britanniques vont devoir faire face à des factures d'électricité qui vont exploser. (Crédits : Reuters)
Déjà confrontés à une inflation bien plus forte qu'en France, les Britanniques voient le prix de l'énergie exploser. Ce vendredi, le régulateur de l'énergie a annoncé une hausse de 80% des plafonds tarifaires d'électricité qui entreront en vigueur en octobre. Des millions de personnes pourraient plonger dans la pauvreté énergétique en raison d'une forte augmentation, un triplement des tarifs par rapport à ceux appliqués actuellement est pronostiqué dès 2023 par des experts. Certains clients d'EDF Royaume-Uni renoncent déjà à se chauffer et débranchent leur réfrigérateur.

Quand on se compare, on se console. A cause de la flambée des prix du gaz, le régulateur britannique Ofgem a annoncé ce vendredi un relèvement de 80% du plafond tarifaire à partir d'octobre, à 3.549 livres (4.210 euros) par an pour un ménage moyen à contre 1.971 livres (2.335 euros) actuellement. Selon les prévisions les plus pessimistes, le seuil pourrait même monter jusqu'à 6.000 livres (7.100 euros) début 2023.

« La hausse reflète la progression continue des cours mondiaux de gros du gaz, qui a démarré avec les déconfinements après la pandémie de Covid, et ont été poussés à des niveaux record quand la Russie a lentement interrompu ses approvisionnements de gaz à l'Europe », argumente l'Ofgem qui estime même « les prix pourraient empirer considérablement tout au long de 2023 ».

En Grande-Bretagne, patronat, fournisseurs et associations appellent donc à une action gouvernementale de toute urgence pour éviter un choc « dramatique » pour les ménages modestes, déjà confrontés à une inflation à plus de 10%, la plus forte des pays du G7, et qui entraîne de nombreuses grèves.

58% des ménages britanniques menacés de pauvreté énergétique dès l'an prochain

Le centre de réflexion spécialisé dans la lutte contre la pauvreté, Resolution Foundation, appelle même à des mesures « radicales » pour éviter « une catastrophe cet hiver » risquant de nuire à la fois au portefeuille et à la santé des familles. « Nous sommes partis pour voir des milliers avec des interruptions subites d'électricité ».

D'après l'université de York, 58% des ménages britanniques sont menacés de pauvreté énergétique dès l'an prochain. Philippe Commaret, directeur commercial d'EDF pour le Royaume-Uni, éclaire : « Je dirais qu'environ un tiers de nos clients sont en situation de précarité énergétique et 20% de plus pourraient le devenir ». Il ajoute que certains ménages prennent des mesures désespérées et dangereuses pour eux, comme de renoncer à se chauffer ou de débrancher leur réfrigérateur. Certains font déjà des stocks de nourriture pour l'hiver.

Les candidats à la succession de Boris Johnson se déchirent sur les solutions à apporter

Boris Johnson, sur le départ, a décidé de laisser ce dossier au prochain chef de gouvernement dont le nom sera dévoilé le 5 septembre. La favorite Liz Truss, a pour l'instant privilégié les baisses d'impôts plus que les aides directes qu'elle qualifie de « pansements ».

Rishi Sunak, le rival de Mme Truss et lui-même ancien ministre de l'Economie, qualifie les baisses d'impôts avancées par Liz Truss de « contes de fées » vu l'inflation et l'économie au bord de la récession. Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer appelle, quant à lui, à un gel des factures d'électricité, sur le modèle de ce qui se passe en France.

Des pays aisés comme la Suisse sont aussi concernés

La Grande-Bretagne n'est évidemment pas le seul pays européen à se préparer au pire. Ainsi, la Suisse craint manquer d'électricité cet hiver si les réacteurs nucléaires français restent à l'arrêt et si Berlin réduit ses exportations d'électricité produite au gaz.

Le lancement début septembre d'une puissante centrale hydroélectrique de pompage-turbinage à Finhaut-Emosson près du Mont-Blanc dans les Alpes suisses, à 600 mètres sous la roche et à une altitude de 1.700 mètres, ne va pas radicalement changer la donne. Elle arrive « à un moment opportun » mais « ne peut soutenir le marché électrique que sur de courtes périodes puisqu'elle ne génère pas d'électricité lorsque l'eau est renvoyée vers le bassin du haut ».

Fin 2021, avant même la guerre en Ukraine, l'organisation suisse pour l'approvisionnement en électricité soulignait ainsi que le risque de pénurie d'électricité, en cas de crise, était déjà « élevé » dans le pays. S'il le faut, Berne pourrait introduire des mesures contraignantes comme des « quotas pour les grands consommateurs » d'électricité, ou des coupures de courant.

(Avec AFP)

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