Les alliés de l'Ukraine planchent sur une aide à l'armée de l'air ukrainienne : Poutine les met en garde

Par latribune.fr  |   |  906  mots
Vladimir Poutine (Crédits : POOL)
Alors que l'Ukraine demande aux Occidentaux des avions de chasse, la Russie a mis en garde les pays voisins de l'Ukraine qui accueilleraient des avions de combat ukrainiens, estimant que cela pourrait les impliquer dans le conflit. Une menace qui intervient au moment les Etats-Unis ont indiqué "travaillent activement" sur un accord avec la Pologne pour l'envoi d'avions de chasse à l'Ukraine. Pour autant, la Pologne n'est pas nécessairement d'accord avec la proposition américaine.

Nouvelle mise en garde de Moscou ce dimanche. Elle s'adresse aux pays voisins de l'Ukraine qui accueilleraient des avions de chasse ukrainiens. La Russie a spécifiquement pointé du doigt la Roumanie l'accusant d'avoir autorisé de tels atterrissages.

"L'utilisation du réseau d'aérodromes de ces pays pour servir de base à des avions militaires ukrainiens et leur utilisation subséquente contre les forces armées russes pourraient être considérées comme une implication de ces pays dans un conflit armé", a déclaré ce dimanche le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

L'Ukraine veut des avions

Cette menace intervient alors que Kiev exhorte les Occidentaux à lui fournir une assistance militaire, dont des avions, pour se défendre contre l'invasion russe. Le président Volodymyr Zelensky a en particulier appelé les pays d'Europe de l'est à lui fournir des avions de fabrication russe, que les Ukrainiens savent piloter.

"Si nous perdons le ciel, il y aura beaucoup de sang au sol", a expliqué le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, au secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, lors d'un entretien à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine au cours duquel le ministre ukrainien a rappelé que son pays avait besoin d'avions de chasse et de systèmes de défense aérienne, qualifiant de "signe de faiblesse" le refus de l'Otan de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine.

"Zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine"

Après la destruction par les Russes de l'aéroport de la ville de Vinnytsia, à quelque 200 kilomètres au sud-ouest de Kiev, Volodymyr Zelensky a également reproché aux pays occidentaux leur refus d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine et leur réticence à livrer des avions de combat à l'Ukraine.

"Nous le répétons chaque jour: fermez le ciel au-dessus de l'Ukraine, fermez-le aux missiles russes, à l'avion russe de combat, à tous ces terroristes", a-t-il lancé.

"Nous sommes des humains et c'est votre devoir humanitaire de nous protéger", a-t-il poursuivi. "Si vous ne le faites pas, si vous ne nous donnez pas au moins des avions pour que nous puissions nous protéger, on ne peut en tirer qu'une conclusion : vous aussi vous voulez qu'on nous tue lentement!"

Les pays occidentaux refusent d'accéder à cette requête, complexe à mettre en œuvre, au motif que cela entraînerait un risque important de conflit direct avec la Russie. Vladimir Poutine a d'ailleurs souligné samedi que la Russie considérerait comme cobelligérant tout pays tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine.

"Nous entendons qu'il serait nécessaire de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire ukrainien. Mais il est impossible de faire cela depuis le territoire ukrainien, c'est seulement possible de le faire depuis le territoire de pays voisins", a déclaré le président russe, lors d'une rencontre avec des employées des compagnies aériennes russes.

Mais toute mesure en ce sens serait considérée par Moscou "comme une participation au conflit armé de tout pays" dont le territoire serait utilisé pour "créer une menace envers nos militaires", a-t-il ajouté.

Washington travaille à une solution avec Varsovie

Dans ce contexte, les Etats-Unis "travaillent activement" sur un accord avec la Pologne pour l'envoi d'avions de chasse à l'Ukraine afin de combattre l'invasion russe, a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors d'une visite en Moldavie. Selon des médias, la Pologne pourrait en vertu de cet accord remettre à l'Ukraine ses avions de combat de fabrication soviétique MIG-29 que les pilotes ukrainiens connaissent bien, et les États-Unis fourniraient ensuite à Varsovie des chasseurs F-16 à la Pologne pour les remplacer.

Depuis le début de la semaine, les responsables américains, dont Antony. Blinken, ont minimisé l'éventualité qu'un pays de l'Otan fournisse des avions de chasse à l'Ukraine. Mais le secrétaire d'Etat a indiqué dimanche que cette éventualité était envisagée.

"Nous regardons maintenant activement la question des avions que la Pologne pourrait fournir à l'Ukraine et comment nous pourrions compenser si la Pologne décidait de fournir ces avions", a-t-il déclaré.

Mais la Pologne n'est pas nécessairement d'accord avec la proposition américaine. "La Pologne n'enverra pas ses avions de chasse en Ukraine et n'autorisera pas non plus l'utilisation de ses aéroports. Nous apportons une aide significative dans de nombreux autres domaines", ont écrit les services du Premier ministre sur Twitter dimanche.

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Les Etats-Unis pourraient débloquer 10 milliards de dollars

Selon le Wall Street Journal, qui cite deux personnes ayant participé à un échange virtuel samedi entre des élus du Congrès américain et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce dernier a non seulement demandé des avions de chasse, mais aussi un durcissement des sanctions économiques contre la Russie, notamment une interdiction des importations de pétrole et de gaz russes. Des élus du Congrès américain ont promis de débloquer dix milliards de dollars d'aide pour l'Ukraine lors de cet échange virtuel. Mais la Maison Blanche a, à ce stade, écarté l'hypothèse d'une interdiction des importations énergétiques russes, craignant une envolée des prix pour les consommateurs américains déjà touchés par une inflation record. Les Etats-Unis ont annoncé la semaine dernière qu'ils allaient fournir une aide militaire à l'Ukraine d'un montant de 350 millions de dollars, soit l'aide la plus importante dans l'histoire des Etats-Unis.