Les autorités russes évoquent la saisie d'avoirs de pays jugés hostiles

Par latribune.fr  |   |  733  mots
(Crédits : Reuters)
Les autorités russes ont laissé entendre dimanche que les avoirs russes de certains pays jugés hostiles pourraient être saisis, en réponse à la proposition de l'administration américaine de liquider les avoirs saisis auprès d'oligarques russes et d'en transférer le produit à l'Ukraine.

Œil pour œil. En réponse à la proposition de l'administration américaine de liquider les avoirs saisis auprès d'oligarques russes et d'en transférer le produit à l'Ukraine, Moscou menace de séquestrer les "avoirs de pays jugés hostiles".

"Il est juste, en ce qui concerne une entreprise située sur le territoire russe, dont les propriétaires sont originaires de pays hostiles où de telles décisions sont prises (de saisir des avoirs russes, NDLR), de répondre par des mesures miroir: confisquer ces avoirs", a tonné le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, sur sa chaîne Telegram.

"Et le produit de la vente sera utilisé pour le développement de notre pays", ajoute-t-il.

Il accuse "un certain nombre de pays hostiles: la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et même les États-Unis" de ne pas respecter le droit international et de "se livrer simplement au vol".

"Agissez de manière civilisée"

M. Volodine assure qu'"aujourd'hui, les entrepreneurs russes achètent des entreprises étrangères opérant en Russie, rachetant les parts de partenaires qui veulent quitter notre marché" et exhorte les pays "hostiles":

"Agissez de manière civilisée. En respectant le droit international".

Le président de la Douma cite l'adoption cette semaine par le Congrès américain d'un texte, non contraignant, appelant le président Joe Biden à vendre les actifs russes saisis et à transférer le produit à l'Ukraine.

"Un précédent dangereux a été créé, qui devrait faire boomerang sur les États-Unis eux-mêmes. Cette décision n'affectera pas l'économie de notre pays. Les yachts, villas et autres biens saisis de riches citoyens (russes) ne contribuent de toute façon pas au développement" de la Russie, indique M. Volodine.

Des sanctions occidentales efficaces

La Banque centrale russe a ramené vendredi à 14% son principal taux directeur, une baisse plus forte qu'anticipé par les analystes et qui pourrait en annoncer d'autres d'ici la fin de l'année si l'inflation le permet.

La Banque a abaissé son taux directeur de 17 à 14%, estimant que "les risques pour les prix et la stabilité financière ont cessé d'augmenter, créant les conditions d'une réduction du taux directeur". Il s'agit de la deuxième baisse en moins d'un mois. La Banque centrale, après avoir drastiquement augmenté son taux à 20% dans la foulée des premières sanctions après l'entrée des troupes russes en Ukraine fin février, l'avait déjà abaissé une première fois par surprise le 8 avril, le ramenant à 17%.

Les analystes s'attendaient à cette baisse de taux ce vendredi, mais tablaient sur un geste de moindre ampleur. La banque centrale elle-même, dont la prochaine réunion est prévue le 10 juin, estime qu'il existe "de l'espace pour une baisse de taux directeur en 2022 si la situation évolue conformément au pronostic central".

Pour l'heure, "bien que toujours élevés, les taux actuels de hausse des prix à la consommation ont nettement ralenti après avoir atteint un pic durant la première quinzaine de mars. Le ralentissement de l'inflation est en grande partie à attribuer au renforcement du rouble et au recul de la consommation", note la banque dans son communiqué.

Sur l'ensemble de l'année 2022, l'inflation annuelle pourrait atteindre 23% avant de ralentir l'année prochaine et de revenir à l'objectif de 4% en 2024, estime la banque centrale.

En attendant, "l'environnement extérieur demeure difficile pour l'économie russe et pèse lourdement sur l'activité économique", relève-t-elle, notant que "les entreprises font face à des difficultés considérables en termes de production et de logistique".

"Nous sommes dans une zone d'immense incertitude", a admis la gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, lors d'un point presse.

Le PIB russe devrait chuter de 8 à 10% cette année, mais devrait recommencer à "croître rapidement en 2023 grâce à une transformation structurelle" de l'économie, selon les projections de la banque. En raison des effets de base, la hausse du PIB devrait toutefois demeurer dans la fourchette de -3% à 0% en 2023, avant une hausse de 2,5-3,5% attendue en 2024.

Le président Vladimir Poutine a admis à maintes reprises que les sanctions imposées depuis deux mois par les Occidentaux créaient des difficultés importantes dans le pays, mais il a également jugé que le "blitzkrieg" économique occidental avait échoué et que la Russie avait l'opportunité de refonder et de diversifier son économie, très dépendante des exportations d'hydrocarbures.