Les Etats-Unis déclenchent la plus importante salve de sanctions contre la Russie depuis deux ans : « On se vengera », répond Medvedev

Par latribune.fr  |   |  1196  mots
(Crédits : Maxim Shemetov)
Washington a annoncé ce vendredi la plus importante salve de sanctions depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine il y a deux ans. Avec toujours le même objectif : limiter les ressources financières dont dispose le gouvernement russe pour financer la guerre contre l'Ukraine. En réponse, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a juré que son pays se vengera des sanctions occidentales. De son côté, l'Ukraine demande des armes. Des premiers F-16 pourraient arriver d'ici à l'été.

De nombreux individus sanctionnés, des entreprises technologiques sur liste noire, des sanctions contre la « flotte fantôme » de tankers russes... Alors qu'une aide militaire de 60 milliards de dollars est toujours bloquée au Congrès, en raison de l'opposition de Donald Trump, qui use de son influence auprès des élus républicains pour faire échouer le projet de loi, Washington a annoncé, ce vendredi, la plus importante salve de sanctions depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine il y a deux ans. Avec toujours le même objectif : limiter les ressources financières dont dispose le gouvernement russe pour financer la guerre contre l'Ukraine.

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D'autres sanctions à venir

D'autres sanctions devraient suivre a indiqué John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Ce n'est « que le début », a-t-il en effet déclaré. Le Trésor et le département d'Etat ont ciblé plus de 500 individus et organisations dans respectivement 11 et 26 pays (dont la Chine et l'Allemagne), bloquant leurs avoirs aux Etats-Unis et restreignant leur accès aux visas. Dont trois responsables russes, pour leur implication dans le décès d'Alexeï Navalny, selon Washington. Par ailleurs, le département du Commerce a ajouté 93 entreprises à sa liste noire, ce qui porte à plus de 4.000 le nombre d'entités visées par les sanctions américaines depuis le début de la guerre.

« Nous ne pouvons pas tourner le dos maintenant » à l'Ukraine, a mis en garde Joe Biden, soulignant que Vladimir Poutine « compte là-dessus ».

Le système russe Mir sanctionné

Parmi la longue liste, des entreprises technologiques des secteurs des semi-conducteurs, de l'optique, des drones, ou encore des systèmes d'information, et même un institut de mathématiques appliquées. Mais aussi le système russe de paiement Mir, dont le développement « a permis à la Russie de construire une infrastructure financière qui lui permet d'échapper aux sanctions et de reconstituer les liens rompus avec le système financier international », selon le département américain du Trésor.

Développées en 2015 face aux sanctions des Occidentaux après l'annexion de la Crimée en 2014, les cartes Mir - terme qui signifie « monde » et « paix » en russe - permettent aux Russes d'effectuer des règlements et de retirer de l'argent dans certains pays étrangers. Ont également été sanctionnés la compagnie maritime nationale russe Sovcomflot et 14 pétroliers d'une « flotte fantôme » russe, utilisés par Moscou pour contourner le plafonnement du prix de son pétrole, mis en place en décembre 2022 par les membres du G7, de l'Union européenne et l'Australie.

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La Maison-Blanche a par ailleurs averti que des sanctions continueront d'être imposées « aux personnes, où qu'elles se trouvent, qui permettent à la Russie de se reconnecter aux marchés financiers mondiaux en utilisant des canaux illicites ». Car, malgré la multitude de sanctions occidentales, la Russie a enregistré une croissance de 3,6% de son PIB en 2023, grâce aux commandes de munitions et d'armements. De leur côté, les pays de l'UE se sont mis d'accord sur un 13e paquet de sanctions, tandis que le Royaume-Uni a pris des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises, et annoncé de nouvelles livraisons de missiles aux Ukrainiens.

Dmitri Medvedev promet une vengeance

Face à ces nouvelles sanctions, Moscou voit rouge. Ce samedi, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a juré que son pays se vengera des sanctions occidentales.

« Qu'ils (les Occidentaux) souffrent tous là-bas. Il faut qu'on se souvienne de ça, qu'on se venge d'eux partout où c'est possible. Ce sont nos ennemis », a écrit sur Telegram l'ex-président russe.

Dmitri Medvedev a également appelé à mener sur les territoires des pays occidentaux des opérations secrètes, alors que la Russie est déjà régulièrement accusée d'opérations d'espionnage, d'influence et d'assassinats ou tentatives d'assassinats. Moscou les dément systématiquement.

Il faut aussi « mettre en oeuvre sur leurs territoires des activités d'un certain type, dont on ne peut pas parler publiquement. A la guerre comme à la guerre », a-t-il ajouté.

Dmitri Medvedev, qui fut considéré un temps comme une figure plutôt libérale du système poutinien, s'est affirmé depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine comme une voix particulièrement radicale, menaçant par exemple régulièrement de recourir à l'arme nucléaire ou d'envahir des pays soutenant Kiev.

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Zelensky demande des armes

Au-delà des sanctions, ce sont des missiles et des avions de combat qu'a réclamés d'urgence Volodymyr Zelensky, face à la poussée de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine. Le président ukrainien, qui a néanmoins qualifié cette semaine d' « extrêmement difficile » la situation sur le front, a pressé vendredi ses alliés occidentaux de livrer le plus rapidement possible de nouveaux systèmes de défense antiaérienne et les avions de combat promis de longue date.

« La chose la plus importante est de débloquer le ciel. La défense antiaérienne et les (...) avions y contribueront », a-t-il ajouté, à un moment où l'Ukraine est confrontée à des vagues successives, destructrices et meurtrières, de missiles de croisière, de missiles balistiques et de drones explosifs qu'elle s'épuise à intercepter.

Fragilisée par l'échec de la contre-offensive qu'elle a déclenchée l'été dernier et un manque croissant de munitions et de soldats, l'armée ukrainienne a dû se résoudre la semaine dernière à céder la ville d'Avdiïvka dans l'est, après des mois de combats acharnés.

Volodymyr Zelensky, s'exprimant en compagnie de la Première ministre danoise Mette Frederiksen, a jugé que les retards dans les fournitures d'armes avaient contribué au fait que la contre-attaque ukrainienne n'avait pas réussi.

F-16 en Ukraine « avant l'été »

Présente à Lviv, la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le pays a été l'un des premiers à annoncer l'envoi à Kiev d'avions de chasse de fabrication américaine F-16, a pour sa part espéré que les premiers pourraient arriver en Ukraine « avant l'été ».

A Bruxelles, l'Union européenne s'est dite « plus que jamais » unie derrière l'Ukraine et a promis de poursuivre son soutien « politique, militaire, financier, économique, diplomatique et humanitaire » pour l'aider à « se défendre, protéger son peuple, ses villes et ses infrastructures essentielles, rétablir son intégrité territoriale (...) et mettre fin à la la guerre ».

Les dirigeants de l'UE ont validé début février une enveloppe supplémentaire pour l'Ukraine de 50 milliards d'euros et ses pays membres participent à des degrés divers, ainsi que le Royaume uni, à son effort de guerre mais c'est aujourd'hui l'aide militaire américaine, bloquée au Congrès par les élus républicains sous la houlette de Donald Trump, qui manque cruellement aux Ukrainiens.

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