Mer Rouge : un missile Houthi fait mouche dans le Golfe d'Aden, un pétrolier britannique en feu

Par latribune.fr  |   |  833  mots
(Crédits : © Mass Communication)
Les rebelles Houthis du Yémen ont revendiqué l'attaque d'un britannique qui a pris feu vendredi dans le golfe d'Aden. La tension est extrême dans cette zone maritime stratégique. Ce samedi, les forces américaines ont frappé tôt samedi un site des rebelles au Yémen qui préparait une nouvelle attaque.

Article publié le 27 janvier à 7h et mis à jour à 11h30 puis le 28 janvier à 10h30

Un pétrolier britannique en feu. Frappé par des missiles tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les rebelles Houthis, le « Marlin Luanda » a été « touché de plein fouet » ce vendredi alors qu'il traversait le golfe d'Aden, ont indiqué les rebelles proches du régime iranien, confirmant les annonces de la société privée de risques maritimes Ambrey, laquelle avait rapporté plus tôt qu'un navire marchand avait été touché dans la même zone, signalant un incendie à bord.

Ce samedi, les forces américaines ont frappé tôt samedi un site des rebelles Houthis au Yémen qui préparait une nouvelle attaque.

« A environ 3H45 locales (00H45 GMT), le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a mené une frappe contre un missile antinavire Houthi qui s'apprêtait à être lancé en mer Rouge », a-t-il annoncé sur X, précisant que ce missile présentait une « menace imminente » pour les destroyers américains et les navires marchands dans la région.

Selon le groupe Trafigura qui exploite le Marlin Luanda, aucune victime n'est à déplorer, et le navire se s'est dirigé samedi vers un port sûr. L'incendie a été éteint avec l'aide des marines américaine, française et indienne, a indiqué samedi le Centcom. Le navire transportait à « des fins commerciales une cargaison de naphtha, un mélange d'hydrogène liquide hautement inflammable », selon l'exploitant.

La télévision Al-Masirah, tenue par les Houthis, a affirmé samedi que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient lancé deux frappes aériennes sur le port de Ras Issa, dans la province de Hodeida, qui abrite le principal terminal d'exportation de pétrole du Yémen. L'attaque n'a pas été confirmée par Washington ou Londres.

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Un missile passe à un mètre d'un navire

L'attaque contre le pétrolier est la plus grave depuis le début des attaques en novembre. Elle traduit l'extrême tension dans cette zone qui relie l'océan Indien à la mer Méditerranée via le canal de Suez. Plus tôt ce vendredi, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué avoir détruit un missile antinavire qui se dirigeait vers l'endroit où se trouvait un destroyer de classe Arleigh Burke et il a été détruit sans faire « ni blessés, ni dommages ». Auparavant, l'agence de sécurité maritime britannique UKMTO a rapporté que deux missiles avaient explosé vendredi près d'un navire au large du sud du Yémen. A environ un mètre, selon la société Ambrey. Jeudi, Washington et Londres ont annoncé des sanctions contre quatre hauts responsables Houthis, accusés d'être impliqués dans l'organisation de ces attaques.

Chute du trafic

Ces tensions ont poussé certains armateurs à suspendre les transits par la mer Rouge, qui voit passer en temps normal jusqu'à 12% du commerce mondial, et à contourner l'Afrique pour rallier l'Asie à l'Europe.  Les répercussions sur le trafic maritime et le commerce mondial se déjà font ressentir. Selon l'ONU, le volume commercial transitant par le canal de Suez, passage crucial qui relie la mer Rouge à la Méditerranée, a ainsi diminué de 42% ces deux derniers mois. Le nombre hebdomadaire de porte-conteneurs a quant à lui baissé de 67% sur un an.

« Les plus grands porte-conteneurs étant principalement ceux qui n'empruntent plus le Canal de Suez, le déclin en quantité de conteneurs est encore plus important », a noté M. Hoffman.

La baisse du transit des pétroliers est, elle, de 18%, celle des cargos de vrac (grain, charbon...) de 6% et les transports de gaz sont à l'arrêt.

D'autres points chauds

Les perturbations du commerce en mer Rouge sont d'autant plus inquiétantes que « plus de 80% » du commerce mondial de biens se fait par voie maritime et que « d'autres routes importantes sont déjà sous tension », souligne la Cnuced, l'organe de l'ONU chargé du commerce et du développement. Ainsi, le transit via la mer Noire a été largement perturbé après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, entrainant dans les mois qui ont suivi une flambée des prix alimentaires mondiaux. Et en raison d'une sécheresse, le niveau de l'eau dans le canal de Panama a largement baissé, réduisant le trafic. Ainsi, le mois dernier, le nombre de passages par ce canal a baissé de 36% par rapport à un an plus tôt, et de 62% par rapport à deux ans plus tôt, selon la CNUCED.

« Des perturbations prolongées sur des routes commerciales majeures pourraient affecter les chaînes d'approvisionnement mondial, entrainant des délais pour les livraisons de biens, une augmentation des coûts et un risque d'inflation », note l'agence onusienne, s'inquiétant en particulier pour les prix alimentaires mondiaux

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