Merkel veut la fin des discussions d'adhésion UE-Turquie

Par latribune.fr  |   |  566  mots
La chancelière allemande Angela Merkel s'est prononcée dimanche en faveur de l'arrêt des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, ce qui semble être un changement de position de sa part.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé dimanche soir que la Turquie n'adhèrerait jamais à l'Union européenne, alors que les sujets tensions se multiplient entre l'Europe et Ankara.

 "Je ne vois pas l'adhésion arriver et je n'ai jamais cru que cela puisse survenir", a déclaré Angela Merkel lors d'un débat télévisé à trois semaines des élections législatives allemandes, ajoutant que la question était de savoir qui de la Turquie ou de l'UE "fermerait la porte" en premier.

"Il est évident que la Turquie ne devrait pas devenir membre de l'UE", a dit la dirigeante conservatrice lors d'un débat télévisé face à son adversaire social-démocrate, Martin Schulz, en vue des élections fédérales du 24 septembre en Allemagne. "Je discuterai avec mes collègues (de l'UE) pour voir si nous pouvons parvenir à une position commune à ce sujet afin que nous puissions mettre un terme à ces négociations d'adhésion", a ajouté Angela Merkel.

Ces déclarations sont susceptibles de dégrader un peu plus les relations entre l'Allemagne et la Turquie, qui se sont nettement détériorées avec les accusations de dérive autoritaire portées en Europe contre le président turc Recep Tayyip Erdogan depuis qu'il a réchappé à une tentative de coup d'Etat en juillet 2016.

La Turquie n'a pas réagi dans l'immédiat

Angela Merkel s'est exprimée ainsi après avoir été manifestement surprise par son adversaire social-démocrate lorsque ce dernier s'est engagé à faire pression en faveur d'un arrêt des négociations UE-Turquie s'il accédait au poste de chancelier après le scrutin du 24 septembre.

"Si je deviens chancelier d'Allemagne, si le peuple de ce pays me confie ce mandat, alors je proposerai au Conseil européen que nous mettions fin aux discussions d'adhésion avec la Turquie", a dit Martin Schulz. "Est-ce que nous pourrons rallier tous les pays à cela, je ne sais pas. Mais je me battrai pour ça."

Dans un premier temps, Angela Merkel a mis en garde contre une telle initiative en jugeant irresponsable de fragiliser davantage les relations avec la Turquie alors que des Allemands sont emprisonnés dans ce pays.

Douze Allemands, dont quatre possèdent aussi la nationalité turque, sont actuellement détenus en Turquie pour leurs activités politiques présumées.

"Je n'ai pas l'intention de rompre les relations diplomatiques avec la Turquie simplement parce que nous sommes en campagne électorale et que nous voulons montrer à chacun qui est le plus fort", a dit la chancelière.

Merkel veut séduire les électeurs conservateurs

Alors que les journalistes avaient changé de sujet et interrogeaient les deux adversaires à propos du président américain Donald Trump, Angela Merkel est revenue sur le thème de la Turquie et a brusquement pris parti en faveur d'un arrêt des négociations d'adhésion à l'UE.

Les conservateurs de l'Union chrétienne démocrate (CDU), le parti d'Angela Merkel, s'opposent de longue date à une adhésion de la Turquie à l'UE.

L'ouverture de ces discussions entre Ankara et Bruxelles a été décidée quelques mois avant l'arrivée d'Angela Merkel à la chancellerie en 2005. Elle a toujours dit qu'elle respecterait cette décision et que les négociations, qui sont aujourd'hui de fait à l'arrêt, étaient un processus "ouvert". (Michael Nienaber et Noah Barkin ; Bertrand Boucey pour le service français)

(avec agences)