Meurtre du journaliste Khashoggi : un "incident hideux" pour MBS

Par latribune.fr  |   |  548  mots
(Crédits : Charles Platiau)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a qualifié "d'incident hideux" le meurtre du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, réagissant pour la première fois en public à cette affaire qui provoque un tollé international et écorne l'image du royaume saoudien. Dans le même temps, la France s'est dit prête à prendre des "sanctions internationales" si la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée.

En marge du forum international sur l'investissement organisé à Ryad qui s'achève ce jeudi 25 octobre - largement boudée par les Occidentaux en raison du scandale -, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane est revenu pour la première fois sur le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au sein du consulat saoudien à Istanbul. L'homme fort du royaume saoudien a qualifié cet incident "d'hideux et de totalement injustifiable", affirmant que la "justice prévaudra" dans cet affaire et qu'il n'y aurait "pas de rupture des liens avec la Turquie".

Dans le même temps, le président français Emmanuel Macron a fait part au roi Salman, par téléphone, de sa "profonde indignation" face à ce crime, se disant prêt à prendre des "sanctions internationales" contre "les coupables" du meurtre du journaliste et opposant saoudien. Mercredi matin, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait déjà estimé que "dans l'hypothèse où la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée, alors nous en tirerons les conséquences et nous prendrons des sanctions, mais (...) pas simplement sur les armes" (comme l'a décidé l'Allemagne).

Pas de rupture des liens avec la Turquie

Plus tôt, la présidence turque a fait savoir qu'Erdogan s'était entretenu par téléphone avec MBS et que les deux hommes avaient discuté des mesures nécessaires pour faire la lumière sur tous les aspects de l'affaire.

Pourtant, mardi, le président turc a laissé entendre que ce meurtre a été planifié, selon les preuves réunies par les autorités turques, le qualifiant "d"assassinat politique". Pour autant, il s'est toujours gardé de citer des noms et d'impliquer directement le régime saoudien, bien que la presse turque accusent MBS d'avoir commandité le crime.

"Beaucoup essayent d'exploiter l'affaire Khashoggi pour créer un antagonisme entre l'Arabie saoudite et la Turquie mais ils ne réussiront pas", a déclaré le prince héritier.

L'Arabie saoudite sera "totalement différente dans les cinq prochaines années"

Après avoir nié sa mort, Ryad, sous pression internationale accrue pour s'expliquer, a avancé plusieurs versions, évoquant un temps une "rixe" ayant mal tourné, puis affirmant que le meurtre avait été commis lors d'une opération "non autorisée" et dont le prince héritier n'avait pas été informé. Mais les explications saoudiennes n'ont guère convaincu et les Occidentaux, sceptiques, ont réclamé une enquête "crédible et transparente".

Ryad a annoncé des arrestations et des limogeages, notamment au sommet des services de renseignement dans le cadre de cette affaire et affirmé que toutes les personnes impliquées rendraient des comptes.

Sur les réformes engagées dans le royaume, le prince héritier a également affirmé que "dans les cinq prochaines années, l'Arabie saoudite sera totalement différente". MBS est à l'origine d'un plan de réformes économiques et sociales, "Vision 2030", qui prévoit des méga-projets futuristes et vise à diversifier les ressources du royaume et à l'orienter davantage vers les services et les nouvelles technologies, loin du pétrole.

"Si nous réussissons dans les cinq années à venir, d'autres pays (de la région) nous suivront", a-t-il dit. "C'est la bataille des Saoudiens et c'est ma bataille dans laquelle je suis engagé personnellement".

(avec AFP et Reuters)