Migrants : après le refus de l'Italie, la Corse propose d'accueillir les 629 réfugiés de l'"Aquarius"

Par latribune.fr  |   |  630  mots
Lundi, le gouvernement espagnol a annoncé qu'il prendrait en charge le navire qui va être autorisé à gagner le port de Valence. L'Aquarius devrait mettre environ trois jours pour rejoindre cette ville portuaire de l'est de l'Espagne. (Crédits : Reuters)
Le navire affrété par l'ONG SOS Méditerranée, qui recueilli 629 migrants (dont une centaine de mineurs non accompagnés et 7 femmes enceintes), est encore trop loin du seul port qui a accepté de l'accueillir, en Espagne. Face à cette situation humanitaire critique, le président du conseil exécutif corse, Gilles Simeoni, a demandé le soutien du gouvernement, tandis que le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, interpelait l'Europe jugeant "naturel" que la Corse porte secours aux personnes en détresse recueillies par l'Aquarius.

Les dirigeants nationalistes corses ont proposé mardi d'accueillir le navire humanitaire Aquarius qui transporte plus de 600 migrants en Méditerranée en raison du "caractère trop éloigné" du port de Valence en Espagne, seul pays européen à avoir à ce stade accepté de le recevoir.

"Face à cette situation d'urgence et en raison du caractère trop éloigné du port de Valence pour accueillir l'Aquarius, je propose que la Corse l'abrite le temps que la situation se régularise", a déclaré le président du Conseil exécutif corse Gilles Simeoni au micro de France inter.

Il ajoutait :

"Je sais bien qu'il y a des difficultés face à la gestion de l'arrivée de migrants, je comprends que les autorités étatiques aient besoin de réfléchir au plan juridique mais quelquefois il faut faire passer la réflexion sur le droit au deuxième plan par rapport aux urgences humanitaires."

Talamoni appelle à "traiter de façon solidaire la question humanitaire"

L'exécutif corse va prendre contact avec SOS Méditerannée, l'affréteur de l'Aquarius, et s'adresser au gouvernement "pour qu'il appuie cette démarche".

Le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a de son côté appelé sur Twitter l'Europe à "traiter de façon solidaire la question humanitaire" et jugé "naturel" un accueil du navire en Corse.

"Compte tenu de la localisation du navire et de l'urgence, mon avis est qu'il serait naturel d'ouvrir un port corse pour porter secours à ces personnes en détresse", a-t-il dit.

L'Aquarius se trouve actuellement dans les eaux internationales entre l'Italie et Malte avec à son bord 629 migrants dont 123 mineurs non accompagnés, 11 autres enfants et 7 femmes enceintes.

Rome et Malte ont refusé d'accueillir le navire de sauvetage

Le gouvernement de Rome a refusé dimanche qu'il accoste dans un port italien et a demandé à Malte de l'accueillir mais l'archipel a également opposé une fin de non recevoir.

Lundi, le gouvernement espagnol a annoncé qu'il prendrait en charge le navire qui va être autorisé à gagner le port de Valence. L'Aquarius devrait mettre environ trois jours pour rejoindre cette ville portuaire de l'est de l'Espagne.

Édouard Philippe botte en touche, renvoyant à l'Europe

Prié de dire, lundi soir, si la France était prête à ouvrir sa porte pour accueillir des bateaux de migrants, le Premier ministre Edouard Philippe a botté en touche et insisté sur l'importance de traiter la question migratoire de manière globale et en coordination avec l'Union européenne.

Cette question "passe en France par une politique équilibrée qui consiste d'abord à la traiter avec les pays d'origine de ces migrations, des conditions de départ et d'accompagnement au développement pour éviter ces départs", a-t-il dit lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue belge à Paris.

Édouard Philipe ajoutait :

"Elle passe aussi par une politique de contrôle des frontières de l'Union européenne (...) et par une meilleure procédure d'asile (...) La contrepartie c'est de faire que ceux qui n'ont pas vocation de rester en France parce qu'ils ne bénéficient pas de titre séjour régulier ou ne bénéficieront pas du statut de réfugié puissent être raccompagnés chez eux."

Éric Ciotti (Les Républicains) refuse tout accueil de l'"Aquarius"

Invité sur CNews mardi matin, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti (Les Républicains) a exclu un accueil de l'Aquarius à Nice et plus globalement en France.

"Sûrement pas, on ne veut pas que Nice devienne Lampedusa", a-t-il dit. "J'espère qu'il y aura une extrême fermeté là-dessus des autorités françaises, et aucun port français, ni la Corse, ni Nice ni Marseille. L'Aquarius a une destination toute trouvée, c'est qu'il retourne vers les cotes libyennes".

(Avec Reuters)