Nord Stream 2 : une autorité allemande suspend la certification du gazoduc, Moscou temporise

Par latribune.fr  |   |  500  mots
(Crédits : Hannibal Hanschke)
Une autorité administrative allemande a suspendu la licence d'exploitation du gazoduc russe. Mais le Kremlin se montre patient. Pour répondre aux exigences allemandes et reprendre la certification, l'opérateur de Nord Stream 2, basé en Suisse, a entrepris de créer une filiale de droit allemand.

Nouveau rebondissement dans le projet pharaonique Nord Stream 2. L'Allemagne, qui vient de se doter d'une nouvelle coalition au pouvoir après l'ère Merkel, a annoncé mardi, via son agence fédérale des réseaux, la suspension temporaire de la procédure d'approbation de Nord Steam 2. En cause, Berlin évoque un obstacle juridique.

De quoi reporter à "mars 2022", selon plusieurs sources gouvernementales citées par Reuters, la mise en service de ce gazoduc long de 1.230 kilomètres et capable de doubler les capacités d'exportation de gaz russe en Europe, via la mer Baltique. Officiellement achevé en septembre, après cinq ans de travaux, le gazoduc doit permettre à la Russie d'exporter 110 milliards de m3 de gaz naturel par an, soit la moitié de ses livraisons à l'Europe.

Mais la certification de Nord Stream 2, qui est l'une des ultimes étapes avant sa mise en service, "n'est possible que si l'opérateur est organisé sous une forme juridique de droit allemand", écrit l'autorité dans un communiqué.

"Nous ne pouvons pas intervenir là-dedans", assure Moscou

Dans la foulée, la réaction russe n'a pas tardé et Moscou choisit de temporiser. "La certification de Nord Stream 2 est un processus assez compliqué, et nous le savions dès le début", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son point presse régulier.

"Dès le début, il était clair que nous devions être patients. Nous, en tant que partie russe, sommes convaincus que le projet lui-même est important pour l'Europe, il est important pour nous et pour les consommateurs européens", a-t-il affirmé. Le porte-voix du Kremlin a déclaré que la suite appartient au régulateur allemand: "nous ne pouvons pas intervenir là-dedans."

Pour répondre aux exigences allemandes et reprendre la certification, l'opérateur de Nord Stream 2, basé en Suisse, a entrepris de créer une filiale de droit allemand.

Dans le précédent gouvernement, la relation russo-allemande était encouragée. En février, le ministre allemand de l'Économie Peter Altmaier - aujourd'hui par intérim dans l'attente de la constitution du nouveau gouvernement - jugeait qu'il n'était pas bon de remettre constamment en question ce projet de gazoduc sous-marin qui doit permettre à la Russie de fournir l'Allemagne en contournant l'Ukraine.

L'Allemagne était alors sous pression pour qu'elle abandonne ce projet en raison notamment des tensions nées de la situation de l'opposant russe Alexeï Navalny.

Les autres opposants au projet avancent l'argument de la dépendance gazière des Européens à l'égard de l'adversaire géopolitique russe. Il privera aussi à terme l'Ukraine, une alliée face à Moscou, de droits de transit gaziers cruciaux pour son économie.

Cette dernière décision a provoqué une nouvelle poussée des prix du gaz.

D'autres experts s'interrogent enfin sur la capacité de Gazprom de fournir ses clients à l'export à l'approche de l'hiver et alors que les stocks sont bas.

(Avec agences)

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