Nucléaire iranien : les Etats-Unis comptent bientôt trouver une solution

Par latribune.fr avec AFP  |   |  833  mots
Pour Barack Obama, la voie diplomatique était "la meilleure" sur le dossier nucléaire iranien.
deux jours après la conclusion d'un accord-cadre avec Téhéran, Barack Obama a une nouvelle fois affiché samedi sa conviction que la voie diplomatique était "la meilleure" sur le dossier nucléaire iranien.

Le président américain Barack Obama a une nouvelle fois affiché samedi sa conviction que la voie diplomatique était "la meilleure" sur le dossier nucléaire iranien, deux jours après la conclusion d'un accord-cadre avec Téhéran.

"En tant que président et commandant en chef des forces armées, je suis profondément convaincu que l'option diplomatique - avec un accord complet et sur le long terme  - est, de loin, la meilleure option. Pour les Etats-Unis. Pour nos alliés. Et pour le monde", a lancé M. Obama dans son allocution hebdomadaire.

Expliquant s'attendre à un "débat vigoureux" aux Etats-Unis, il promet de tenir le Congrès - où nombre de ses adversaires républicains jugent le texte négocié à Lausanne insuffisant - informé dans le détail "de la substance de l'accord".

Comme il l'avait fait quelques heures après l'annonce de cet accord-cadre, négocié depuis 18 mois entre l'Iran et les grandes puissances, M. Obama insiste sur le niveau extraordinairement élevé d'inspections auquel Téhéran sera soumis.

Les contrôles préférables à la confiance

"Si l'Iran triche, le monde le saura. Si nous voyons quelque chose de louche, nous mènerons des inspections", explique-t-il. "Cet accord n'est pas basé sur la confiance, il est basé sur des vérifications sans précédent".

Selon le texte conclu entre Téhéran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Grande-Bretagne, France, Russie et Allemagne), l'Iran doit réduire considérablement le nombre de ses centrifugeuses en échange d'une suspension des sanctions.

Une avancée majeure

Cette entente est une percée majeure dans une crise internationale de douze ans, mais les Occidentaux ont souligné que tout pourrait être remis en cause en cas de non respect des termes par Téhéran.

Comme cela était attendu, le gouvernement israélien a vivement réagi. Pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ce texte, s'il devenait définitif d'ici le 30 juin, représenterait "un grave danger" pour le monde et "menacerait la survie même de l'Etat d'Israël".

Qu'en pensent les Iraniens ?

En Iran la presse s'interroge sur les conséquences de cet accord, notamment sur le calendrier toujours vague de la levée des sanctions internationales qui étouffent l'économie.

La presse conservatrice affichait son scepticisme sur les résultats obtenus en Suisse, profitant du silence observé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, l'ultime décisionnaire dans ce dossier.

La presse réformatrice et modérée saluait le travail des négociateurs iraniens mené par le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, mais les journaux conservateurs pointaient les différentes interprétations possibles, au détriment de la République islamique, du document publié à Lausanne.

L'agence de presse Fars a également souligné les différences entre le texte présenté par la délégation iranienne et celui diffusé par le département d'Etat américain.

"Qui est le véritable gagnant?" s'interrogeait en Une le quotidien anglophone Iran News. Vatan-Emrooz (conservateur) se chargeait d'apporter une réponse en affirmant qu'"il y a une grande différence entre ce qu'on donne et ce qu'on reçoit de l'accord de Lausanne". Pour Javan, réputé proche des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, "le victoire résidera dans la lutte entre les différentes interprétations" du texte.

Bientôt la fin des sanctions ?

L'ultra-conservateur Kayhan reprenait avec ironie l'expression d'un "accord gagnant-gagnant: le nucléaire va partir, les sanctions vont rester".

L'Iran veut une levée totale et immédiate des sanctions imposées par l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne, contre une levée graduelle évoquée par les grandes puissances.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a souligné vendredi que cette question était "un point qui est encore très compliqué" et "pas encore tout à fait réglé".

Les sanctions imposées par les Etats-Unis seront levées "par étapes", à mesure que Téhéran respecte ses engagements dans le cadre de l'accord final censé être conclu d'ici fin juin, a affirmé jeudi soir le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

"L'accord de Lausanne montre que les choses que l'Iran a acceptées sont claires et vérifiables, mais ce que l'autre côté a accepté est vague et sujet à interprétation", estimait samedi dans un éditorial le directeur de Kayhan, Hossein Shariatmadari. "L'accord parle de suspension des sanctions et pas de leur levée", ajoute le responsable, directement nommé à son poste par l'ayatollah Khamenei.

Mansour Haghighatpour, vice-président de la commission parlementaire sur la sécurité nationale et la politique étrangère, a estimé que les négociateurs avaient outrepassé leurs prérogatives.

"Nous avons offert une clé pour des inspections occidentales sur les installations militaires et le protocole additionnel (du traité de non-prolifération nucléaire), alors que les décisions sur ces questions sont la compétence du Parlement", a-t-il dit, cité par l'agence Tasnim.