Nucléaire : l'Iran suspend des engagements et lance un ultimatum

Par Reuters  |   |  574  mots
Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran. (Crédits : Reuters)
De plus en plus isolé, l'Iran a annoncé vouloir ne plus honorer une partie de ses engagements de l'accord sur le nucléaire, dénoncé il y a un an par les Etats-Unis qui ont depuis accentué les sanctions. Téhéran donne 60 jours aux pays encore signataires pour protéger les secteurs bancaire et pétrolier du pays visés par Washington.

Un an jour pour jour après l'annonce du retrait américain de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, l'Iran a suspendu mercredi une partie de ses engagements en donnant 60 jours aux autres signataires pour mettre en oeuvre leurs promesses de protéger les secteurs bancaire et pétrolier contre les sanctions de Washington. Téhéran a adressé une lettre aux cinq signataires restants (Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne) pour les informer de sa décision.

"Si les cinq pays s'assoient à la table des négociations et que nous concluons un accord, s'ils peuvent protéger nos intérêts dans les secteurs bancaire et pétrolier, nous reviendrons à la case départ (et reprendrons nos engagements)", a déclaré Hassan Rohani dans un discours télévisé.

Le président iranien a annoncé que la République islamique cesserait désormais de vendre son uranium enrichi et son eau lourde à d'autres pays, mesure prévue par l'accord de 2015.

Il a ajouté qu'en l'absence de résultats après 60 jours, Téhéran reviendrait sur d'autres engagements et augmenterait son niveau d'uranium enrichi, plafonné à 3,67% par l'accord de Vienne. "Après un an de patience, l'Iran cesse d'appliquer des mesures que les Etats-Unis rendent impossibles à mettre en oeuvre", a déclaré dans un tweet le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. "EU/E3+2 (les trois signataires européens + Russie et Chine) ont une fenêtre étroite pour inverser la donne."

Téhéran prêt à négocier

Le chef de l'Etat iranien a mis en garde contre la "réponse ferme" de la République islamique si le Conseil de sécurité des Nations unies était saisi à nouveau sur le dossier nucléaire iranien mais a souligné que Téhéran était prêt à négocier. "Le peuple iranien et le monde doivent savoir que ce jour ne marque pas la fin du PAGC (Plan d'action global commun, intitulé de l'accord de Vienne)", a dit Hassan Rohani. "Ce sont des actions conformes au PAGC."

Donald Trump a dénoncé l'accord de Vienne il y a un an, ouvrant la voie au rétablissement des sanctions économiques levées après son entrée en vigueur. Les signataires européens s'efforcent depuis de le sauver en contournant ces sanctions, qui s'étendent aux partenaires commerciaux de Téhéran. La pression de Washington sur l'Iran s'est accentuée depuis l'expiration, le 1er mai, des dérogations qui avaient permis à huit pays (Chine, Inde, Corée du Sud, Turquie, Grèce, Italie, Japon et Taiwan) de continuer à importer du brut iranien pendant six mois.

"Rien ne serait pire", selon Florence Parly

La ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré mercredi que la question d'un ré-enclenchement du mécanisme de sanctions à l'encontre de l'Iran se poserait si les autorités de Téhéran venaient à ne plus respecter les dispositions de l'accord nucléaire de 2015. Pour Florence Parly, qui s'exprimait sur BFM TV et RMC Info, "rien ne serait pire" aujourd'hui qu'un retrait de l'Iran de ce même compromis. "Rien ne serait pire que de mettre à bas l'économie iranienne", a souligné la ministre.

A Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a déclaré lors d'un point presse quotidien que l'accord de Vienne devait être pleinement respecté et que toutes les parties avaient la responsabilité de s'en assurer.