Nucléaire : Poutine met en garde Macron contre les « conséquences catastrophiques » des attaques contre Zaporijjia

Par latribune.fr  |   |  933  mots
(Crédits : SPUTNIK)
Située dans le sud de l'Ukraine et contrôlée par les forces russes, cette centrale, la plus grande d'Europe, a été plusieurs fois bombardée ces dernières semaines, Moscou et Kiev s'accusant mutuellement de ces frappes. Cette situation a fait resurgir le spectre d'une catastrophe majeure, similaire à celle de Tchernobyl en 1986.

Les bombardements dans le cadre de la guerre en Ukraine menacent la sécurité du site nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe et occupée par les forces russes, mais personne ne veut en assumer la responsabilité, les deux pays se renvoyant la balle. Ainsi, lors d'une conversation téléphonique, le président russe Vladimir Poutine a mis en garde dimanche son homologue français Emmanuel Macron, contre des « conséquences catastrophiques » de ces attaques. Lors de cette conversation, Vladimir Poutine a attiré l'attention sur des « attaques régulières ukrainiennes contre les sites de la centrale de Zaporijjia, y compris le dépôt des déchets radioactifs, ce qui pourrait aboutir à des conséquences catastrophiques », selon un communiqué du Kremlin.

De son côté, le président français Emmanuel Macron que « la cause des risques » vient de « l'occupation russe ». Le président français a demandé à son homologue russe de retirer les « armes lourdes et légères » de la centrale, a annoncé l'Elysée. Emmanuel Macron « restera en contact » avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ainsi que le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi, « et reparlera » à son homologue russe « dans les prochains jours, afin que soit trouvé un accord garantissant la sûreté de la centrale », a ajouté la présidence française dans un communiqué.

Le dernier réacteur à l'arrêt

Cet échange est intervenu alors que l'Ukraine a mis à l'arrêt ce dimanche le dernier des six réacteurs en fonctionnement de la centrale pour le faire refroidir. Depuis trois jours, il ne restait qu'un seul réacteur pour produire l'électricité nécessaire au refroidissement du combustible nucléaire et à la sécurité du site. Selon l'opérateur ukrainien Energoatom, la décision de le mettre à l'arrêt a été prise après le rétablissement, samedi soir, de l'approvisionnement électrique extérieur du site avec l'une des lignes de transmission. La situation de la centrale reste néanmoins encore précaire.

« En cas de nouveau dommage pour les lignes de transmission reliant le site au système électrique - dont le risque reste élevé - les besoins internes (du site) devront être assuré par des générateurs fonctionnant avec du diesel», a prévenu l'opérateur ukrainien Energoatom, en renouvelant son appel à l'établissement d'une zone démilitarisée autour de la centrale, seul moyen selon lui d'en assurer la sécurité.

« On peut potentiellement se retrouver face au manque de diesel ce qui peut conduire à un accident endommageant le coeur du réacteur et par conséquent, au rejet de produits radioactifs dans l'environnement », a indiqué cette semaine Oleg Korikov, le chef par intérim de l'agence d'inspection chargée de la sécurité nucléaire en Ukraine. Selon des experts, la perte de l'alimentation électrique des réacteurs pourrait entraîner l'arrêt de leur refroidissement et une fusion du coeur des réacteurs

Ce dimanche, le président russe a également informé son homologue français des « mesures prises par des spécialistes russes afin d'assurer la sécurité de la centrale et souligné la nécessité de faire pressions sur les autorités de Kiev pour que les bombardements visant la centrale s'arrêtent immédiatement ».

Les deux dirigeants ont par ailleurs exprimé leur volonté de « coopérer de manière dépolitisée sur la situation autour de la centrale de Zaporijjia, avec la participation de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) », d'après le communiqué.

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Mercredi, Kiev a proposé une mission internationale sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, où la population a été appelée à évacuer sur fond de risque d'escalade entre Russes et Ukrainiens.

« Nous proposons de créer une mission internationale avec la participation de l'UE, de l'ONU et d'autres organisations. Celle-ci faciliterait le retrait de l'armée russe de la centrale et du territoire autour dans un rayon de 30 km », avait indiqué lors d'une réunion du gouvernement ukrainien le Premier ministre Denys Chmygal.

Ces propos intervenaient au lendemain de la publication d'un rapport de l'AIEA faisant état d'une situation sécuritaire « intenable ». Ce rapport de l'agence onusienne appelait notamment à la création d'une « zone de sécurité » sur le site. La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a pour sa part demandé la mise en place d' « un couloir humanitaire pour l'évacuation de la population civile du territoire temporairement occupé (par les Russes) et adjacent à la centrale nucléaire ».

Menace d'une catastrophe nucléaire majeure

L'entretien entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron a eu lieu à l'initiative du président français, selon le Kremlin. Lors de la conversation téléphonique, Vladimir Poutine a une nouvelle fois dénoncé les livraisons d'armes occidentales au régime de Kiev, utilisées selon lui pour « des bombardements massifs des infrastructures civiles des villes du Donbass », bassin minier dans l'Est de l'Ukraine.

Les deux dirigeants se sont déjà entretenus au téléphone le 19 août au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Située dans le sud de l'Ukraine et contrôlée par les forces russes, cette centrale, la plus grande d'Europe, a été plusieurs fois bombardée ces dernières semaines, Moscou et Kiev s'accusant mutuellement de ces frappes.

Cette situation a fait resurgir le spectre d'une catastrophe majeure similaire à celle de Tchernobyl en 1986.

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