Pays en développement : les Occidentaux veulent contrer la Chine en investissant massivement dans les infrastructures

Par latribune.fr  |   |  792  mots
Le président américain Joe Biden, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel lors du sommet du G7 en Allemagne. (Crédits : Reuters)
Les dirigeants du G7 se sont engagés dimanche à lever 600 milliards de dollars de fonds privés et publics sur cinq ans pour financer des infrastructures de ces pays. L'objectif sous-jacent est de se démarquer de la Chine, qui a investi massivement dans nombre de pays en développement pour construire des infrastructures ou pour s'assurer un accès à certaines matières premières.

Se démarquer de la Chine à tout prix et garder une vaste influence dans le monde. Tel est l'objectif des Occidentaux, et a fortiori des Etats-Unis. Lors de leur sommet annuel qui se tenait dans les Alpes bavaroises, les dirigeants du G7, ont mis sur les rails un vaste programme d'investissements à destination des pays en développement, renommée « Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux ». A l'initiative des Etats-Unis, ils se sont engagés à lever 600 milliards sur cinq ans pour financer des infrastructures de ces pays.

Sur cette enveloppe, les Etats-Unis, à eux seuls, promettent de « mobiliser » quelque « 200 milliards de dollars » sur cinq ans. Mais « mobiliser » ne signifie pas que les Etats vont eux-mêmes apporter ces sommes énormes. Washington arrive au total de 200 milliards de dollars en combinant des prêts, des financements publics - en partie déjà existants - et des financements privés encouragés par l'exécutif américain.

« Je veux être clair. Il ne s'agit pas d'aide ou de charité. C'est un investissement qui rapportera à tout le monde », a déclaré le président américain Joe Biden, ajoutant que le plan permettrait aux pays concernés de « constater les avantages concrets d'un partenariat avec les démocraties ».

Joe Biden a mis en avant plusieurs projets phares, dont un plan de développement d'énergie solaire de 2 milliards de dollars en Angola avec le soutien du Département du commerce, de la Banque américaine d'import-export, de la société américaine AfricaGlobal Schaffer et du développeur de projets américain Sun Africa. En collaboration avec les membres du G7 et l'UE, Washington fournira également une assistance technique de 3,3 millions de dollars à l'Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal, dans le cadre du développement d'une usine multi-vaccins qui pourra à terme produire des sérums contre le COVID-19 notamment. L'Agence américaine pour le développement international (USAID) engagera en outre jusqu'à 50 millions de dollars sur cinq ans dans le Fonds mondial d'incitation à la garde d'enfants de la Banque mondiale.

De son côté, l'Europe mobilisera 300 milliards d'euros dans le cadre du plan au cours de la même période afin de construire une alternative durable au programme chinois dit de «la Ceinture et la Route » que le président chinois Xi Jinping a lancé en 2013, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les dirigeants de l'Italie, du Canada et du Japon ont également évoqué leurs propres plans, dont certains ont déjà été annoncés. Bien que le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson n'étaient pas présents, leurs pays participent aussi à l'initiative.

« Valeurs partagées », « meilleures options »

Sans prononcer le nom de la Chine, mais en y faisant des allusions évidentes, le président américain a assuré que ce programme était basé sur des « valeurs partagées » telles que la « transparence », mais aussi le respect des droits des travailleurs, de l'environnement, de l'égalité de genre. « Nous proposons de meilleures options », a-t-il dit, sur fond de sommets des Alpes bavaroises. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également estimé que les pays partenaires des Occidentaux « avaient le choix»  - sous-entendu : celui d'aller vers les démocraties plutôt que vers Pékin - pour développer leurs réseaux électriques ou leurs infrastructures médicales.

Pékin est accusé de mener ses projets au travers de prêts peu avantageux, opaques, voire franchement périlleux, qui aggraveraient les problèmes d'endettement de pays déjà vulnérables. Le « Partenariat mondial pour les infrastructures » (« Partnership for Global Infrastructure ») est « une meilleure offre en matière d'investissements dans les infrastructures », a souligné le chancelier allemand Olaf Scholz.

Avec ces gros chiffres encore incertains et ces bonnes intentions, les Occidentaux peuvent-ils renverser la tendance face à la Chine? Les Etats-Unis veulent y croire. L'offensive chinoise « existe depuis des années », a dit dimanche un haut responsable de la Maison Blanche, « mais ce n'est vraiment pas trop tard ».

« Beaucoup de pays qui ont reçu des fonds ou des investissements du programme BRI (acronyme de la dénomination en anglais "Belt and Road Initiative", le programme chinois) réalisent désormais, des années plus tard, qu'ils sont plus endettés, que leur PIB n'a pas progressé de manière significative », a estimé la même source, qui n'a pas souhaité être nommée.

« L'Afrique sub-saharienne sera clairement une priorité majeure » du partenariat lancé par le G7, a encore dit ce haut responsable. Les pays du G7 ne consacrent en moyenne que 0,32% de leur revenu national brut, soit moins de la moitié des 0,7% promis, à l'aide au développement.

(Avec AFP et Reuters)