Plafonnement du prix du pétrole russe : Moscou prépare sa riposte

Par latribune.fr  |   |  546  mots
(Crédits : MAXIM SHEMETOV)
Quelles conséquences le plafonnement du prix du pétrole va-t-il avoir sur l'économie russe ? Pour le Kremlin, cette énième sanction des Occidentaux pour tenter de tarir les capacités de financements de la guerre en Ukraine n'aura pas les effets attendus. « Il y aura des acheteurs pour nos produits », oppose la diplomatie russe.

Le plafonnement du prix du pétrole en provenance de Russie va-t-il enrayer la machine guerrière russe ? Depuis l'annonce lundi des Occidentaux décidés à stopper l'« opération spéciale » menée par Moscou en Ukraine, seul le pétrole russe vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra continuer à être livré. Ainsi, au-delà de ce prix, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l'UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.)

Or, les pays du G7 fournissent les prestations d'assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l'UE est un acteur majeur du fret maritime. Les clients seraient donc fortement incités à répercuter le plafonnement pour avoir le droit de transporter la marchandise. Mais pour Moscou, qui s'est préparé à cette décision, le plafonnement ne freinera pas son élan industriel, loin de là.

Vers de nouvelles chaînes d'approvisionnement ?

Même, le Kremlin compte utiliser cette interdiction pour nouer de tisser de nouveaux liens commerciaux. « Je n'ai aucun doute qu'il y aura des acheteurs pour nos produits » pétroliers, a déclaré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par les agences de presse russes. Il a aussi estimé que ce plafonnement va « fragmenter » l'économie mondiale « dans de nombreux domaines ».

Selon le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak, le prix plafond instauré par les Occidentaux « n'est pas une tragédie » pour la Russie malgré des « chaînes d'approvisionnement à changer » et « une situation incertaine ».

Aussi, la réthorique reste belliqueuse. « La Russie et l'économie russe ont la capacité requise pour répondre pleinement aux besoins et aux exigences de l'opération militaire spéciale », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov aux journalistes lundi, lorsqu'on lui a demandé si le plafonnement des prix affecterait la campagne militaire de la Russie en Ukraine.

Dimanche, le responsable énergie du président Vladimir Poutine a averti que la Russie ne vendrait pas de pétrole si le prix du brut était plafonné par les pays occidentaux, même si cela implique qu'elle doit réduire sa production.

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Un mécanisme anti plafonnement

En réaction, Moscou a imaginé un mécanisme pour interdire les ventes de pétrole aux Etats et entreprises qui l'appliqueraient. Celui-ci devrait fonctionner avant la fin de l'année, ont déclaré mardi les agences de presse russes citant le vice-Premier ministre Alexandre Novak.

« Nous sommes en train d'élaborer notre décision », a déclaré Alexandre Novak, selon RIA. A la question de savoir si le mécanisme entrerait en vigueur d'ici la fin de l'année, il a répondu : « Oui, j'en suis sûr ».

Le vice-Premier ministre avait auparavant fait savoir que la Russie pourrait réduire sa production de pétrole, mais pas de manière significative, et qu'elle modifiait ses chaînes logistiques.

Lundi, le baril de Brent était en hausse de 1,7% à 87,06 dollars après avoir grimpé jusqu'à plus de 139 dollars début mars, quelques jours après l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

(Avec AFP et Reuters)