Pour nourrir la planète, la croissance de la productivité agricole doit «plus que tripler», selon les Nations Unies et l'OCDE

Par latribune.fr  |   |  554  mots
Pour atteindre à l'échelle planétaire l'Objectif de développement durable (ODD 2), Faim « zéro », la FAO et l'OCDE estiment qu'il faudra « plus que tripler la hausse de productivité agricole enregistrée ces dix dernières années ». (Crédits : Pixabay License)
Dans un rapport sur les perspectives agricoles publié mercredi, l'agence des Nations unies pour l'alimentation (FAO) et l'OCDE, estiment qu'il faudra « tripler la hausse de productivité agricole enregistrée ces dix dernières années », soit une augmentation de 28% sur la décennie 2022-2031.

Une agriculture plus efficace et en même temps plus propre. C'est le double objectif préconisé par l'agence des Nations unies pour l'alimentation (FAO) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans leur rapport annuel publié mercredi, sur les perspectives agricoles 2022-2031. Des recommandations d'autant plus ambitieuses, en plein contexte de la guerre en Ukraine.

Au rythme actuel, les deux organisations tablent sur une augmentation de la production agricole mondiale moyenne de 1,1% par an entre 2022 et 2031, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Très insuffisant pour répondre aux besoins en alimentation de la planète. Aujourd'hui, plus de 200 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë dans le monde, d'après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Et d'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) la situation ne va pas aller en s'arrangeant : « 11 à 19 millions de personnes de plus sont menacés de famine sur la période 2022-2023 ».

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Pour atteindre à l'échelle planétaire l'Objectif de développement durable (ODD 2), Faim « zéro », la FAO et l'OCDE estiment qu'il faudra « plus que tripler la hausse de productivité agricole enregistrée ces dix dernières années », soit une augmentation de 28% sur la décennie 2022-2031. Dans le détail, ces deux institutions estiment qu'il faudrait que l'augmentation de rendement des récoltes mondiales passe de 13% à 24% sur les dix ans à venir, et que la productivité de l'élevage progresse de 31%.

Ces perspectives de croissance supposent « un accès plus large aux intrants (comme les engrais), et des investissements propices à la productivité dans les technologies, les infrastructures et la formation », estiment les deux organismes.

Cependant, alors que la guerre en Ukraine a fait flamber les prix de l'énergie et des intrants agricoles, comme les engrais, une hausse prolongée fera grimper les coûts de production et risque de peser sur la croissance de la production dans les années à venir, met en garde le rapport. Au risque de remettre en cause les projections.

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Objectifs climatiques

Cet objectif d'accélération de la production agricole mondiale pour nourrir la planète, est corrélé à un autre objectif, a priori contradictoire, qui est celui de la lutte contre le réchauffement climatique, fixé par l'Accord de Paris sur le climat. Le rapport met en évidence le rôle non négligeable de l'agriculture dans le changement climatique. D'après les projections de la FAO et de l'OCDE, les émissions directes de gaz à effet de serre, directement imputables à l'agriculture, devraient augmenter de 6 % pendant la prochaine décennie, et l'élevage pourrait être à l'origine de 90 % de cette progression.

« Il faudra redoubler d'efforts pour que le secteur agricole contribue réellement à la réduction mondiale des émissions directes de gaz à effet de serre (GES) prévue dans l'Accord de Paris sur le changement climatique, notamment en adoptant à grande échelle des procédés et technologies de production climato-compatibles, en particulier dans le secteur de l'élevage », préconise le rapport. Parmi les solutions préconisées : une amélioration des rendements et une diminution du cheptel de ruminants, mais aussi des efforts redoublés pour limiter, par exemple, le gaspillage alimentaire.

(Avec AFP)