Pourquoi l'Arabie saoudite importe du mazout russe alors qu'elle regorge de pétrole

Par latribune.fr  |   |  419  mots
Le président Joe Biden est attendu vendredi en Arabie saoudite. (Crédits : Mohammed Salem)
L'un des objectifs du président américain, en visite en Arabie saoudite ce vendredi dans le cadre d'un déplacement de trois jours au Proche et Moyen-Orient, est de convaincre Ryad d'accroître la production de brut de l'Opep pour faire baisser les prix du pétrole, qui exacerbent les pressions inflationnistes. Alors même que son administration cherche à isoler la Russie et à la priver des importants revenus tirés de ses exportations d'énergie.

C'est un effet collatéral et quelque peu paradoxal qui ne va pas forcément dans le sens de l'embargo imposé par les Occidentaux à la Russie. Entre avril et juin, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a doublé ses importations de mazout russe.

Depuis plusieurs années, le royaume importe du mazout russe, ce qui lui permet de réduire ses besoins en raffinage de pétrole brut pour ses produits et de baisser la quantité de pétrole qu'il doit utiliser pour produire de l'électricité. Cette stratégie permet à l'Arabie saoudite de garder ainsi plus de stocks de brut destiné à l'exportation sur les marchés internationaux et de répondre à la forte demande actuelle, liée à la période estivale.

Pressée par les Occidentaux, et notamment les Etats-Unis d'accroitre la production de brut de l'Opep pour faire baisser les prix du pétrole, qui exacerbent les pressions inflationnistes, l'Arabie saoudite, aurait ainsi importé 647.000 tonnes (48.000 barils par jour) de mazout de Russie via les ports russes et estoniens entre avril-juin, contre 320.000 tonnes sur la même période il y a un an, selon des données consultées par Reuters.

L'opération est avantageuse financièrement pour l'Arabie saoudite. Car d'une part, elle vend son or noir à des prix plus élevés sur le marché extérieur. Et elle achète à la Russie, frappée par des sanctions occidentales depuis l'invasion de l'Ukraine, des hydrocarbures à prix réduits. D'autres pays achètent également à la Russie, comme la Chine, l'Inde et plusieurs pays africains et du Moyen-Orient.

Biden en Arabie saoudite

Le président américain, Joe Biden, en visite de trois jours au Proche et Moyen-Orient, est en Arabie saoudite ce vendredi. Il est attendu à Djeddah où il doit rencontrer près d'une douzaine de dirigeants régionaux, dont le prince héritier Mohamed ben Salmane, dans le cadre d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe et d'autres organisations.

Ces ventes de mazout russe auprès de ces pays représentent pour le locataire de la Maison Blanche un nouveau défi alors que son administration cherche à isoler la Russie et à la priver des importants revenus tirés de ses exportations d'énergie. En même temps, Washington espère convaincre Ryad d'accroître la production de brut de l'Opep, ce qui permettrait de faire baisser les prix du pétrole, qui exacerbent les pressions inflationnistes. Mais le royaume dispose de peu de marges pour accroître ses capacités.

(Avec Reuters)