Pétrole : l'Opep+ ouvre un peu plus les vannes, mais pas assez pour stopper l'envolée des prix

Les efforts consentis par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) sont toutefois trop minces pour compenser le manque de pétrole lié à l'instauration par les Etats-Unis et l'Union européenne d'un embargo sur les livraisons russes. Elles ne permettent pas non plus de freiner l'envolée des cours de l'or noir.
Jeudi, l'Opep+ a reconduit ses objectifs de 648.000 barils supplémentaires par jour, une mesure qui ne devrait toutefois pas freiner la hausse des prix.
Jeudi, l'Opep+ a reconduit ses objectifs de 648.000 barils supplémentaires par jour, une mesure qui ne devrait toutefois pas freiner la hausse des prix. (Crédits : Nick Oxford)

Pressés d'ouvrir davantage les vannes pour freiner l'envolée des prix, les pays producteurs de pétrole de l'Opep+, ont décidé de reconduire jeudi leur objectif pour cet été. A savoir : augmenter la production mensuelle de 648.000 barils par jour (bpj) en juillet et en août, contre 432.000 bpj précédemment. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), avait acté cette hausse de la production d'or noir lors de sa dernière réunion début juin.

Ce jeudi, à l'issue de deux jours de réunions, ces pays, qui regroupent les membres de l'Opep et ses alliés, dont la Russie, ce sont accordés sur ce même objectif de production, a annoncé l'alliance dans un communiqué à l'issue d'une réunion par visioconférence.

Le cartel reste donc sur la même ligne après le tournant opéré le mois dernier. Jusqu'ici, et depuis le printemps 2021, il s'était limité à des hausses modestes de ses quotas dans le but de retrouver graduellement ses niveaux pré-Covid. Début juin, Washington avait salué cette décision, qui intervenait après des mois de pressions exercées par les pays occidentaux pour augmenter la production et permettre de tempérer les prix du pétrole, qui se sont envolés depuis l'imposition de sanctions contre la Russie après son invasion de l'Ukraine.

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Pas suffisant

Les efforts consentis sont toutefois trop maigres pour compenser le manque de pétrole lié à l'instauration par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) d'un embargo sur les livraisons russes. Et les prix n'ont pas cessé d'augmenter en raison de l'insuffisance de l'offre et des craintes que l'Opep soit sur le point d'épuiser sa capacité de réserve pour accroître davantage sa production. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, a pris plus de 16%, et son homologue américain le WTI, plus de 17%.

Face à la flambée des cours, la France avait de nouveau appelé lundi les pays producteurs à augmenter leur volume de «manière exceptionnelle». Le sujet sera également au menu de la visite de Joe Biden, mi-juillet, en Arabie saoudite : le président américain devrait insister sur la nécessité de relever la production.

Une production limitée dans plusieurs pays

Mais même si l'Opep+ cédait à ces appels et ouvrait davantage les vannes, les experts estiment qu'elle n'en aurait pas la capacité. En effet, de nombreux pays producteurs sont soumis à des sanctions internationales : la Russie a rejoint le rang des pays indésirables aux côtés de l'Iran et du Venezuela, soumis à des sanctions américaines. Deux pays vers lesquels lorgnent toutefois les Européens. D'autres pays producteurs d'or noir, comme la Libye, qui traverse une longue et grave crise politico-institutionnelle, font face à des problèmes de production.

D'autres nations encore, comme le Nigeria, le Congo ou la Guinée équatoriale, qui n'ont pas investis dans les infrastructures pétrolières, ne sont pas en mesure d'atteindre leurs objectifs de production de pétrole. Même les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, qui font pourtant figure de bons élèves, se disent proches de leur capacité de production maximale.

Moscou fustige l'idée de plafonner les prix du pétrole russe

Les Etats-Unis ont proposé de plafonner le prix du pétrole russe, une idée qui semble en bonne voie de concrétiser. Car, malgré les embargos, Moscou continue à profiter des revenus issus de la vente de ses produits pétroliers, la flambée des prix de l'énergie compensant la baisse de ses volumes d'exportations. Un plafonnement des prix pourrait résoudre ce dilemme tout en évitant de restreindre davantage l'offre pétrolière et d'alimenter l'inflation, selon les responsables.

En réponse à cette suggestion, Moscou a mis en garde jeudi les Occidentaux. D'après le vice-Premier ministre russe, chargé de l'Energie Alexandre Novak, qui s'exprimait sur la chaîne de télévision russe Rossiia-24, une telle mesure « ne peut que mener à un déséquilibre du marché, à un déficit de ressources énergétiques sur le marché » qui entraînerait une flambée des prix pour les consommateurs européens.

(Avec AFP)

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