Prix de l'essence : passe d'armes entre Joe Biden et le président d'Amazon, Jeff Bezos

Par latribune.fr  |   |  607  mots
Joe Biden (Crédits : KEVIN LAMARQUE)
Joe Biden, président des Etats-Unis, à l'occasion d'un grand week-end de déplacement pour les Américains, a demandé aux entreprises « qui exploitent des stations et qui fixent les prix à la pompe » de les « réduire » pour refléter le coût payé. Il s'est attiré les foudres de Jeff Bezos, fondateur d'Amazon, pour qui ce raisonnement relève « soit d'une tentative diversion, soit d'une profonde incompréhension de la dynamique de base du marché. »

Le gallon d'essence aux États-Unis s'est hissé début juin au-dessus du seuil symbolique des 5 dollars pour la première fois. Il est redescendu depuis mais reste encore très élevé par rapport aux 3,10 dollars d'il y a un an.

En cette période de weekend prolongé et de déplacement pour les Américains, en raison du jour de la fête nationale, le 4 juillet, qui tombe un lundi, Joe Biden a tancé les pétroliers sur Twitter : « Mon message aux entreprises qui exploitent des stations-service et qui fixent les prix à la pompe est simple : nous sommes en temps de guerre et de péril mondial ».

Une déclaration qui a irrité Jeff Bezos, fondateur d'Amazon : « L'inflation est un problème bien trop important pour que la Maison Blanche continue à faire des déclarations comme celle-ci. » Il se met du côté des géants pétroliers qui n'ont de cesse d'expliquer que les prix sont fixés sur le marché mondial et sont soumis à des dynamiques en dehors de leur contrôle.

La Maison-Blanche a sorti l'artillerie lourde pour lui répliquer. Sa porte-parole, Karine Jean-Pierre, est venue à la rescousse de Joe Biden dimanche en remarquant sur Twitter que les prix du brut ont baissé « d'environ 15 dollars au cours du mois passé » mais que les prix à la pompe « sont à peine redescendus ».

Faire baisser le prix d'au moins un dollar le gallon

John Kirby, qui coordonne la communication de la Maison Blanche sur les questions stratégiques, a défendu, aussi, Joe Biden.

« Le président travaille très très dur, sur plusieurs fronts pour tenter de réduire les prix » à la pompe, a-t-il assuré avant d'évoquer entre autres sa proposition de suspendre la taxe fédérale sur l'essence pendant l'été ». Objectif : « faire baisser le prix d'au moins environ un dollar le gallon ».

En France, aussi, les prix à la pompe font l'objet de débat. Fabien Roussel, député communiste, expliquait fin juin qu'il s'apprêtait à déposer une proposition de loi pour « faire baisser immédiatement de 35 centimes les taxes sur l'essence » et pour « taxer les bénéfices des compagnies pétrolières ». Les Républicains veulent aussi une taxe sur les carburants pour faire repasser les prix à la pompe en dessous de 1,50 le litre.

Bruno Le Maire est à la manoeuvre

Clément Beaune, ministre délégué chargé de l'Europe, répliquait alors : « il n'est pas question d'instaurer une taxe » mais « nous allons demander un effort aux pétroliers pour faire baisser les prix à la pompe ». Un argument déjà avancé par le Bruno Le Maire, ministre de l'Economie: « On veut ces ristournes et ces réductions directement à la pompe sur le prix du litre plutôt que de passer par l'État par une taxe qu'il faut ensuite redistribuer ».

Il a mis la pression sur TotalEnergies pour qu'il réduise les prix à la pompe. Le pétrolier a déjà accordé un rabais de 10 centimes par litre de carburant à ses clients au printemps.  Le groupe pétrolier a aussi annoncé une réduction de 12 centimes d'euros par litre de carburant dans ses stations-service sur les autoroutes cet été. Bruno Le Maire demande plus d'efforts. Il a aussi avancé l'idée d'un prolongement de la remise de 18 centimes à la pompe jusqu'à la fin de l'année. Cette mesure devait prendre fin en juillet.

Quand on se compare, on se console : les réserves de carburant au Sri Lanka sont tombées dimanche en dessous de leur valeur quotidienne, provoquant un arrêt des transports publics dans ce pays en proie à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948.