Sanctions américaines : les Etats-Unis déconseillent l'UE de prendre des mesures de rétorsion

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Dans un tweet, Donald Trump s'est réjouit des sanctions imposées contre l'Union européenne par l'OMC. (Crédits : Reuters)
Le conseiller économique de la Maison-Blanche a enjoint jeudi 4 octobre l'Union européenne à ne pas prendre des mesures de rétorsion après que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé les Etats-Unis à surtaxer des produits européens.

Les Etats-Unis ont invité l'Union européenne à ne pas exercer de représailles en réaction à la surtaxe de produits européens dans le cadre du litige sur les subventions au secteur aéronautique. S'exprimant dans un entretien à la chaîne de télévision Fox Business, Peter Navarro, le conseiller économique de la Maison-Blanche, a déclaré que l'UE n'avait pas à prendre de mesures de rétorsion pouvant mener à une "surenchère" puisque les Etats-Unis se sont conformés aux règles de l'OMC. L'Union européenne "ne doit rien faire en retour", a-t-il conclutIl a fait cette déclaration plusieurs heures après que le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a averti que l'UE était prête à infliger des sanctions aux Etats-Unis si ceux-ci laissaient sans réponse son offre de dialogue.

"Nous tendons la main. Nous avons tendu la main depuis plusieurs mois parce que nous pensons que c'est dans l'intérêt économique et politique des Etats-Unis comme de Europe. Si l'administration américaine refuse la main tendue par la France et par l'Union européenne, nous nous tenons prêts à réagir par des sanctions (...), des sanctions que l'OMC nous autoriserait à prendre", a-t-il déclaré.

L'Office du représentant américain au Commerce (USTR) a annoncé mercredi l'entrée en vigueur dès la mi-octobre des droits de douane de 10% pour les avions et de 25% pour d'autres produits industriels et agricoles importés de l'UE : côté français, ce sont d'abord les vins qui sont visés d'un surcroît de tarifs de 25%, de même que les vins espagnols et allemands. Seul le Tokay, un vin hongrois, n'est pas sanctionné, de même que le vin en cubi de plus de deux litres. Des fromages français, plutôt à pâte dure, sauf le roquefort qui est explicitement exclu, vont aussi coûter 25% plus cher aux Etats-Unis, de même que des fromages venant d'Italie et de toute l'Europe. Olives, moules et coquillages sont aussi sanctionnés. Au niveau des produits industriels, une surtaxe de 25% va s'appliquer sur toute une panoplie d'outils venant d'Allemagne, allant des haches aux tournevis, en passant par des lames de couteaux pliables.

L'Allemagne est aussi visée pour son café et ses gaufres, tandis que l'Angleterre est frappée sur son textile. Pullovers en laine, en cachemire "made in England", costumes d'hommes, pyjamas, maillots de bains et literie écopent aussi d'une augmentation de 25% de leur prix. Washington a reçu mercredi le feu vert de l'Organisation mondiale du commerce pour appliquer des droits de douane sur 7,5 milliards de dollars d'importations européennes dans le cadre de ce litige vieux de quinze ans. Donald Trump s'est félicité jeudi de la "belle victoire" obtenue par les Etats-Unis au détriment de l'UE, laquelle "les traitait très mal depuis de nombreuses années en matière de commerce", a dit le président américain sur Twitter.

L'Allemagne confirme la mise en place de mesures de rétorsion

L'USTR a indiqué qu'il allait continuellement réexaminer les droits de douane en fonctions des discussions avec l'UE, précisant qu'il pourrait augmenter ces surtaxes "à n'importe quel moment, ou modifier les produits affectés". Une source proche du dossier a déclaré que l'USTR cherchait à persuader l'Union européenne de prendre part à des discussions.

Après le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à Paris, lministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Mass, a confirmé, jeudi 3 octobre, que l'Union européenne allait prendre des mesure de rétorsion après l'annonce par les Etats-Unis de l'instauration de surtaxes"L'Union européenne va désormais devoir réagir et, après avoir obtenu l'aval de l'Organisation mondiale du commerce, probablement imposer aussi des droits de douane punitifs", a dit Heiko Maas. Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a lui souligné que des tensions commerciales n'étaient dans l'intérêt de personne.