Tensions en Ukraine : l'UE et les Etats-Unis planchent sur des sanctions contre Moscou d'une sévérité inédite

Par latribune.fr  |   |  1013  mots
(Crédits : REINHARD KRAUSE)
Les Etats-Unis et les pays européens travaillent sur les sanctions à prendre en cas d'attaque de la Russie contre l'Ukraine. La réduction des achats de gaz et de pétrole, qui représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE, et qui financent largement le budget russe, serait sur la table selon l'AFP, mais le sujet divise l'Union européenne. Une grande inconnue reste par ailleurs la position du tout jeune gouvernement de coalition allemand en cas d'escalade avec la Russie. Côté américain, Joe Biden envisage d'interdire aux banques russes d'utiliser le dollar, devise reine des échanges internationaux.

Et maintenant ? Le coup de pression de Washington sur Moscou ces deux derniers jours avec la demande dimanche au personnels de son ambassade en Ukraine d'évacuer le pays et le placement en état d'alerte élevée de 8.500 soldats américains vont-ils accentuer les tensions avec Moscou ou au contraire pousser à la désescalade ? Alors que les Etats-Unis assurent qu'une attaque de la Russie contre l'Ukraine peut intervenir "à tout moment" comme ils le soupçonnent depuis le déploiement de dizaines de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne, Moscou nie toute intention belliqueuse et dit défendre son droit à déployer comme il l'entend des soldats sur son territoire. Pour le Kremlin, la réaction de l'Otan prouve que la Russie est la victime, et non pas l'instigatrice, d'une agression.

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"Nous avons vu les déclarations de l'Alliance de l'Atlantique Nord sur le renforcement, le déplacement des forces et des ressources vers le flanc est. Tout cela conduit à un accroissement des tensions", a déclaré Dimitri Peskov, un porte-parole du Kremlin. "Cela n'est pas le fait des actions que nous, la Russie, menons. Tout cela se produit à cause de ce que l'Otan et les Etats-Unis font, et des informations qu'ils répandent", a-t-il ajouté.

L'Otan renforce le flanc est de l'Europe

Le secrétaire général de l'Otan a déclaré ce lundi dans un communiqué que l'Alliance prendrait "toutes les mesures nécessaires pour protéger et défendre tous ses alliés, y compris en renforçant la partie orientale de l'Alliance". Jens Stoltenberg a déclaré par ailleurs que le renforcement du flanc oriental de l'Otan pourrait aussi s'effectuer via le déploiement de groupements tactiques dans le sud-est de l'Alliance. Pour l'heure, l'Otan compte environ 4.000 soldats de différents pays déployés en Estonie, Lituanie, Lettonie et Pologne, ainsi que des chars d'assauts, des défenses aériennes et des unités de renseignement et de surveillance. Selon l'Otan, le Danemark, l'Espagne, la France et les Pays-Bas étudient la possibilité d'envoyer des soldats, des navires ou des avions en Europe de l'Est.

Réunion entre Biden les dirigeants européenes

Hier, en quête d'un front transatlantique uni, Joe Biden s'est entretenu avec les principaux dirigeants européens. Etaient présents lors de cette visioconférence le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre italien Mario Draghi, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président du Conseil Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Cette réunion fut "très, très bonne", a déclaré le président américain devant des journalistes, indiquant qu'il y avait une "unanimité totale" sur la crise ukrainienne. Selon Maison blanche, les dirigeants ont discuté d'efforts conjoints pour dissuader une agression russe supplémentaire contre l'Ukraine, dont les préparatifs pour imposer des conséquences massives et des coûts économiques importants à la Russie pour de telles actions".

Sanctions d'une sévérité inédite

En cas d'invasion, ils promettent des sanctions d'une sévérité inédite. La réduction des achats de gaz et de pétrole, qui représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE, et qui financent largement le budget russe, est sur la table, a confié à l'AFP une source européenne, mais le sujet divise l'Union européenne. Une grande inconnue reste par ailleurs la position du tout jeune gouvernement de coalition allemand en cas d'escalade avec la Russie. Berlin refuse de livrer des armes à l'Ukraine, contrairement aux Etats-Unis, au grand dam de Kiev. Côté américain, Joe Biden envisage d'interdire aux banques russes d'utiliser le dollar, devise reine des échanges internationaux, ce qui porterait un coup très sévère à la finance et à l'économie réelle du pays.

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Macron prône la désescalade

A Paris, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron a dit lors de la visioconférence "sa vive préoccupation concernant la situation aux frontières de l'Ukraine, et la nécessité d'œuvrer collectivement à une désescalade rapide".

"Cette désescalade doit passer par l'expression de mises en garde fermes et crédibles à l'égard de la Russie, qui nécessite une coordination constante entre les partenaires européens et les alliés, et par un dialogue renforcé avec la Russie, que nous sommes en train de mener", est-il écrit dans un communiqué de la présidence française. Emmanuel Macron va s'entretenir dans les prochains jours avec le président russe Vladimir Poutine et avec le président ukrainien Volodimir Zelenski, a indiqué l'Elysée.

La Russie attend cette semaine une réponse écrite à ses demandes de garanties sécuritaires, notamment l'arrêt de l'expansion de l'Otan vers l'Est - une "ligne rouge" aux yeux de Moscou -, alors que la rencontre vendredi à Genève entre les chefs de la diplomatie russe et américain n'a pas permis d'avancer vers une sortie de crise. Emmanuel Macron a souligné "l'importance que l'Union européenne puisse prendre toute sa part" dans cette réponse, selon un communiqué de l'Elysée. Dans ce texte, qui contrairement à celui des Américains ne mentionne pas expressément l'Otan, la France insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts diplomatiques.

Emmanuel Macron veut proposer "un chemin de désescalade" à son homologue russe Vladimir Poutine lors d'un entretien "dans les prochains jours".

Selon une source russe citée par Reuters, de nouvelles discussions en format "Normandie" entre conseillers politiques de la Russie, de l'Ukraine, de la France et de l'Allemagne auront lieu mercredi à Paris. Selon une source européenne, une nouvelle réunion serait ainsi prévue entre le secrétaire d'Etat Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov.

(Avec AFP et Reuters)