Tensions USA-Iran : les marchés s'inquiètent après la mort du général Qassem Soleimani

Par latribune.fr  |   |  965  mots
(Crédits : Brendan McDermid)
Les principales places boursières mondiales reculaient ce vendredi 3 janvier tandis que le pétrole flambait après la mort du général Qasem Soleimani, haut dignitaire iranien tué dans un raid américain à Bagdad. Un décès qui attise les craintes d’une confrontation violente entre les Etats-Unis et l'Iran.

Les cours du pétrole ont flambé ce vendredi 3 janvier dans la foulée de la mort du général Qasem Soleiman, un haut dignitaire iranien, lors d'un raid américain à Bagdad. Vers 15h45, le cours du WTI, référence américaine du brut prenait 3,71% et celui du Brent, référence européenne, grimpait de 3,83%. Un bond des prix du pétrole qui intervient, par ailleurs, dans un contexte de réduction de la production des pays de l'Opep, décidée en décembre. Logiquement, du côté des valeurs, les titres des sociétés pétrolières faisaient partie des rares gagnantes du jour. A Paris, Total prenait 0,93% et TechnipFMC 1,98%. Shell grimpait aussi, tant à Londres (+1,51%) qu'à Amsterdam (+1,36%).

Dans ce contexte, c'est l'ensemble des Bourses mondiales qui faisaient grise mine. Pour cause, les principales places ont démarré la séance en baisse à l'image de Wall Street où le Dow Jones (-1,25%) comme le Nasdaq (-1,27%) ont ouvert en berne. Les places boursières européennes, déjà en recul ce vendredi matin, n'ont cependant pas trop accentué leurs pertes au cours de la journée. Vers 15h55, la Bourse de Paris résistait plutôt bien (-0,10%) et le FTSE-100 à Londres était même timidement dans le vert (+0,07%), en revanche, la bourse de Francfort perdait beaucoup de terrain (-1,28%) et celle de Milan reculait de 0,44%.

"La nouvelle selon laquelle le président Trump a ordonné la frappe qui a tué le général iranien renforce les inquiétudes sur un conflit au Moyen-Orient", note Samuel Springett, analyste chez Accendo Markets. Du côté des marchés asiatiques, Hong Kong (-0,32%) et Shenzhen (-0,05%) ont fini en baisse et Shanghai a terminé sur une hausse très modérée (+0,27%). Tokyo, fermé pour les festivités du Nouvel an, ne rouvre que lundi. Par ailleurs, l'once d'or jouait quant à elle son rôle de valeur refuge et montait nettement à 1.548,95 euros contre 1.529,13 euros la veille. Le yen progressait également pour les mêmes raisons, de 0,43% contre le dollar et de 0,55% contre l'euro.

Regain de tensions

"Le marché prend la menace d'une escalade militaire au sérieux, en particulier parce que l'administration Trump est imprévisible dans ses actions", explique à l'AFP John Hall, du cabinet Alfa Energy.  Et l'Iran a d'ores et déjà promis de prendre sa "revanche sur l'Amérique criminelle pour cet horrible meurtre""L'Iran pourrait bloquer le détroit d'Ormuz, s'emparer des pétroliers ou même les attaquer. Bien entendu, de telles actions susciteraient une réaction rapide de la part de pays tiers et cela pourrait mener à une guerre totale au Moyen-Orient", craint Réda Aboutika, analyste pour le courtier en ligne XTB.

La frappe, qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde, est une réponse américaine après une attaque contre l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad survenue mardi 31 décembre. Un assassinat ciblé ordonné part Donald Trump qui ravive les craintes d'une confrontation violente entre l'Iran et les Etats-Unis. Pour le premier ministre irakien démissionnaire Adel Abdel Mahdi, cet assassinat ciblé va même "enclencher une guerre dévastatrice en Irak".

"L'Iran n'a jamais gagné une guerre mais n'a jamais perdu une négociation", a tweeté en réaction, ce vendredi 3 janvier, le président américain Donald Trump, quelques heures après la mort du général Qassem Soleimani. "Alors que l'Iran n'a jamais été capable de l'admettre, Soleimani était à la fois haï et craint dans son pays. Ils (les Iraniens, NDLR) ne sont pas si attristés que leurs dirigeants voudraient le faire croire au monde extérieur. Il aurait dû être éliminé il y a de nombreuses années  !", a poursuivi Donald Trump sur le réseau social.

Khamenei réclame "vengeance"

"Le général Qassem Soleimani a tué ou gravement blessé des milliers d'Américains sur une période de temps étendue, et préparait secrètement la mort de beaucoup d'autres... mais il a été pris! Il était directement ou indirectement responsable de la mort de millions de gens, dont le grand nombre récent de MANIFESTANTS tués en Iran même". Le président américain, jusqu'à ce tweet, s'était contenté de poster sur son compte Twitter une photo de la bannière étoilée et de retweeter une série de messages concernant la mort de Soleimani.

"Le général Soleimani préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région", indique pour sa part le Pentagone, qui attribue au puissant général iranien l'attaque survenue cette semaine contre l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Le Pentagone a également pris soin de souligner que le général Soleimani était le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, une organisation considérée comme terroriste par Washington depuis avril dernier.

Après l'annonce du raid américain à Bagdad, une foule est descendue dans les rues de la capitale iranienne pour dénoncer les "crimes" américains. Après la prière, les rues du centre de Téhéran se sont remplies. "Mort à l'Amérique", ont scandé les manifestants en brandissant des portraits de Qassem Soleimani, ainsi que du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Ce dernier s'est engagé à "venger"  la mort du puissant général iranien, et a décrété un deuil national de trois jours dans son pays. "Le martyre est la récompense de son inlassable travail durant toutes ces années. (...) Si Dieu le veut, son œuvre et son chemin ne s'arrêteront pas là, et une vengeance implacable attend les criminels qui ont empli leurs mains de son sang et de celui des autres martyrs".