Trump met en garde les pays commerçant avec l'Iran après le retour des sanctions

Par Anthony Atangana  |   |  838  mots
Nouvelles sanctions américaines contre l’Iran, Trump avertit ses alliés. (Crédits : Leah Millis)
Le président des États-Unis a lancé un avertissement ce mardi aux pays qui réaliseraient des affaires avec l'Iran après le rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran.

Le président américain Donald Trump a lancé un nouvel avertissement aux pays commerçant avec l'Iran après le retour des sanctions américaines.

"Les sanctions contre l'Iran sont officiellement en place. Ce sont les sanctions les plus dures jamais imposées et en novembre elles augmentent encore à un autre niveau", a tweeté M. Trump.

"Quiconque faisant des affaires avec l'Iran ne fera PAS d'affaires avec les États-Unis. Je demande la PAIX MONDIALE, rien de moins", a-t-il ajouté dans son tweet matinal.

Les transactions financières et les importations sont les plus visées

Les États unis ont rétabli unilatéralement de sévères sanctions économiques contre l'Iran, qui avaient été levées après l'accord historique sur le nucléaire conclu en 2015 avec les grandes puissances et dénoncé en mai par Donald Trump.

La première vague de sanctions américaines, qui ont pris effet mardi à 04h01 GMT, vise les transactions financières et les importations de matières premières. Elle comprend également des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale.

Elle sera suivie le 5 novembre d'une seconde série de mesures affectant le secteur pétrolier et gazier, vital pour le pays, ainsi que la Banque centrale d'Iran .

Ces sanctions devraient peser lourdement sur une économie iranienne à la peine, qui souffre d'un taux de chômage élevé et d'une nette inflation. Le rial iranien a plongé, perdant près des deux tiers de sa valeur en six mois.

L'économie iranienne à la peine

La plupart des Iraniens sont habitués à l'hostilité des États-Unis, avec laquelle ils ont vécu pendant quatre décennies. Leur colère est donc principalement dirigée contre leurs propres dirigeants.

"Les prix augmentent à nouveau, mais c'est à cause de la corruption du gouvernement, pas des sanctions américaines", lance Ali, un travailleur indépendant de 35 ans.

Il estime que le président Hassan Rohani n'est pas capable d'améliorer les choses. "Il ne peut pas résoudre les problèmes. Il est clair que ce n'est pas lui qui prend les décisions dans ce pays. Le problème, ce sont nos représentants et notre système", lâche-t-il.

Les Iraniens fortunés et éduqués ont eux aussi perdu espoir, mais ils ont toujours la possibilité de partir, même si c'est à contrecœur.

Sogand, une jeune Irano-américaine, s'était installée en Iran pour la première fois il y a cinq ans. Elle a d'abord profité du dégel des tensions avec la signature de l'accord nucléaire de 2015.

"J'ai honte d'avoir abandonné mes collègues pendant la crise économique. Je me sens coupable d'avoir eu les moyens de partir si vite", confie-t-elle à l'AFP par message. Mais "la déstabilisation économique et l'absence de toute perspective financière dans ce pays ont été le dernier clou sur le cercueil".

Daimler cesse ses activités en Iran

L'allemand Daimler, numéro un mondial de la voiture haut de gamme et des camions, a annoncé mardi "cesser jusqu'à nouvel ordre" ses "activités limitées" en Iran en raison des sanctions économiques américaines rétablies dans la matinée.

Dans une déclaration transmise à l'AFP, une porte-parole a expliqué que le projet d'expansion de Daimler, qui prévoyait notamment la fabrication et la vente de camions Mercedes dans le cadre d'un partenariat avec des entreprises locales, était également suspendu.

Au-delà des sanctions américaines, Daimler justifie sa décision par une "évolution moins favorable que prévue" de l'économie iranienne et de son marché automobile.

L'industrie aéronautique, fortement touchée

Les plus gros contrats signés après l'accord sur le nucléaire concernaient l'industrie aéronautique, l'Iran souhaitant moderniser une flotte vieillissante.

Airbus avait enregistré des commandes de compagnies iraniennes pour 100 avions. Seuls trois appareils ont été livrés à ce jour, tous munis de licences américaines, rendues nécessaires par l'utilisation de pièces fabriquées aux États-Unis. Mais la perte du marché iranien ne serait pas trop lourde pour Airbus. Avec 7.168 avions en carnet de commandes au 30 juin, l'avionneur européen a de quoi voir venir.

La compagnie Iran Air a annoncé samedi qu'elle va recevoir 5 nouveaux avions du constructeur français ATR dimanche sur une commande totale de 20 appareils, dont 8 ont déjà été livrés. Ils sont fabriqués près de Toulouse par cette coentreprise entre l'européen Airbus et l'italien Leonardo mais 10% des pièces viennent des États-Unis. Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire avait dit cette semaine espérer obtenir un feu vert américain pour la livraison de 8 avions avant l'entrée en vigueur des sanctions.

( Avec AFP )