Washington remet en cause l'accord sur le nucléaire iranien

Par latribune.fr  |   |  744  mots
"Si nous ne parvenons pas à trouver une solution viable avec le Congrès et nos alliés, l'accord sera dénoncé", a promis Donald Trump.
Le président américain, Donald Trump, très critique à propos de l'accord de Vienne, a décidé ce vendredi de le "décertifier". Si sa décision ne revient pas à dénoncer le traité emblématique de la présidence Obama, elle l'affaiblit.

Article mis en ligne le 13 octobre à 18h02, mis à jour le 14 octobre à 11h54.

Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi 13 octobre qu'il refusait de certifier l'accord sur le nucléaire iranien, le dénonçant comme "l'un des pires" qui soit et en martelant que Téhéran n'en respectait pas l'esprit.

Avec cet accord, "nous avons obtenu de faibles inspections en échange de rien de plus que de repousser, purement à court terme et temporairement, l'avancée de l'Iran vers l'arme nucléaire. Quel est le sens d'un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire pour une courte période? Ceci est inacceptable pour le président des Etats-Unis", a-t-il déclaré à la Maison Blanche.

60 jours au Congrès

Sa décision ne revient pas à dénoncer l'accord de Vienne, emblématique de la présidence Obama, mais laisse 60 jours au Congrès pour décider s'il y a lieu de rétablir les sanctions levées dans le cadre de sa mise en oeuvre, ce qui violerait les termes du Pacte global d'action conjoint (PGAC) et scellerait probablement son arrêt de mort.

 "Si nous ne parvenons pas à trouver une solution viable avec le Congrès et nos alliés, l'accord sera dénoncé", a promis Donald Trump. "Nous espérons que les nouvelles mesures prises à l'encontre de la dictature iranienne vont contraindre le gouvernement à réévaluer la poursuite de ses activités terroristes aux dépens de son peuple."

Il s'agit d'apporter une réponse aux initiatives déstabilisatrices que mènent les Pasdaran au Proche-Orient, avait expliqué avant l'allocution de Trump le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson à des journalistes.

"L'Iran et l'accord sont plus forts que jamais"

Réagissant à ses propos, son homologue iranien a assuré que Téhéran continuerait à respecter le PGAC tant qu'il répondrait aux intérêts nationaux, mais a également annoncé de nouveaux efforts dans le domaine balistique, en dépit des pressions américaines.

"La nation iranienne n'a jamais cédé à une pression étrangère et ne le fera jamais (...) L'Iran et l'accord sont plus forts que jamais (...) Le corps des gardiens de la Révolution va continuer le combat contre le terrorisme régional", a-t-il affirmé, lors d'une allocution télévisée.

A Vienne, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a pour sa part rappelé que l'Iran faisait l'objet du "régime de vérification nucléaire le plus solide" et respectait l'accord sur son programme.

"Les engagements dans le domaine nucléaire pris par l'Iran dans le cadre du PGAC sont appliqués", a réaffirmé Yukiya Amano.

Un communiqué commun de Macron, Merkel et May

La décision de Donald Trump le met en porte-à-faux avec les autres signataires du PGAC, à savoir France, Grand-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie, qui ont tous réaffirmé leur attachement au respect de l'accord. Après le discours de Trump, Paris, Londres et Berlin ont exprimé leur préoccupation et ont mis les Etats-Unis en garde contre les risques qu'induirait le rétablissement des sanctions.

Dans un communiqué commun, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et la Première ministre britannique Theresa May disent toutefois partager les inquiétudes de Washington sur le programme balistique de la République islamique comme sur ses activités déstabilisatrices au Proche-Orient et se déclarent prêts à prendre "de nouvelles mesures" pour y répondre.

Macron au téléphone avec Rohani

L'Elysée fait par ailleurs savoir qu'Emmanuel Macron a eu un entretien téléphonique avec Hassan Rohani et a plaidé pour le strict respect des disposition du PGAC. Le chef de l'Etat a aussi prôné "le dialogue et les progrès sur des sujets" qui n'en relèvent pas "mais qui sont fondamentaux dans le contexte stratégique actuel". Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian se rendra à Téhéran "dans les prochaine semaines", ajoute la présidence.

"Un déplacement en Iran du président, à l'invitation du président Rohani, a été envisagé", ajoute l'Elysée. La présidence iranienne a elle évoqué sur son site une visite "l'année prochaine". La dernière visite à un si haut niveau remonte à 1971, quand le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas était venu pour la célébration des 2.500 ans de la Perse par le Chah.

(Avec AFP et Reuters)