Scission chez Les Républicains : Solère crée un groupe des "constructifs LR-UDI"

Par latribune.fr  |   |  863  mots
"Nous travaillons à la construction d'un nouveau groupe parlementaire, qui est une nouvelle force parlementaire", a déclaré Thierry Solère lors d'une conférence de presse commune avec le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, à l'Assemblée.
Selon l'ancien porte-parole de François Fillon, cette "nouvelle force parlementaire", baptisée "Les Républicains constructifs, UDI et indépendants", a pour but de soutenir certaines réformes du gouvernement et de s'opposer à d'autres si nécessaire. Mais ce mercredi soir, Edouard Philippe, qui va révéler la composition de son gouvernement remanié, risque d'accentuer l'effet dissolvant des législatives sur la droite en annonçant de nouvelles prises LR.

(Article publié mercredi 21 juin 2017 à 12h19, et mis à jour régulièrement)

C'était annoncé hier, et, ce mercredi 21 juin en fin de matinée, c'est fait : Thierry Solère, chef de file officieux des députés Les Républicains (LR) dits "constructifs", a donné une conférence de presse concrétisant la création d'un groupe commun avec les centristes de l'UDI à l'Assemblée nationale, et par voie de conséquence actant une scission de la droite telle qu'elle était représentée jusqu'à aujourd'hui au Parlement.

Cette rupture, qui était en germe depuis l'élection d'Emmanuel Macron, sépare désormais les députés LR prêts à travailler sous conditions avec le gouvernement et ceux qui entendent rester dans une opposition classique.

Selon l'ancien porte-parole de François Fillon, ce groupe a pour but de soutenir certaines réformes du gouvernement mais également de s'opposer à d'autres, si nécessaire.

Une vingtaine de députés concernée

"Nous travaillons à la construction d'un nouveau groupe parlementaire, qui est une nouvelle force parlementaire", a déclaré Thierry Solère lors d'une conférence de presse commune avec le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, à l'Assemblée.

Il a prôné une "attitude constructive vis-à-vis des réformes dont le pays a besoin qui serons proposées par le gouvernement", indiquant qu'"une vingtaine" de députés issus du parti Les Républicains participent à cette initiative.

En y ajoutant les 18 députés de l'UDI, la "nouvelle force parlementaire" baptisée "Les Républicains constructifs, UDI et indépendants" devrait approcher la quarantaine de membres, appelés à se choisir un président mardi prochain.

Pour Jean-Christophe Lagarde, il s'agit de "sortir des mauvaises habitudes de la vie politique française, sortir en réalité d'un jeu de rôle dont les Français ne veulent plus".

Dans un premier temps, cette attitude souple vis-à-vis de l'exécutif se traduira pour certains "constructifs" par le vote de la confiance au gouvernement d'Edouard Philippe, début juillet, et pour d'autres par une abstention lors du scrutin.

Effet de souffle après la victoire sans partage de LREM

Dimanche, les divisions avaient resurgi au sein de LR après la victoire sans appel de La République en marche, qui relègue la droite dans l'opposition avec toutefois une marge d'influence plus large qu'annoncé : 111 élus LR siégeront.

Et hier mardi, l'annonce de la création d'un groupe dissident du parti Les Républicains à l'Assemblée, les "constructifs", qui prônent une attitude d'ouverture à l'égard d'Emmanuel Macron a accéléré encore l'effet dissolvant des législatives sur la droite.

Et ce soir, Edouard Philippe appellera d'autres élus de droite

Hier aussi, l'UDI, allié de LR aux élections législatives, avait appelé à la constitution d'un groupe parlementaire "novateur" et "progressiste" à l'issue d'une réunion de son bureau politique. L'Union des démocrates et indépendants compte 18 députés à la chambre basse du Parlement.

Enfin, le remaniement gouvernemental consécutif au scrutin, qui sera révélé ce mercredi soir à 18 heures, ne va pas arranger les affaires d'un parti de plus en plus exsangue : en effet, le Premier ministre (LR?) Edouard Philippe a clairement exprimé son intention d'intégrer à son équipe d'autres élus de droite.

La droite confrontée à trois défis, dixit Alain Juppé

Pour autant, cette scission menace-t-elle véritablement Les Républicains ? En termes quantitatifs, pas du tout puisque le groupe LR conserve le gros des troupes et de loin (le groupe LR compte pour l'heure deux fois plus de membres environ que celui des "constructifs". Mais cela n'empêche pas les dents de grincer.

Eric Ciotti, réélu dimanche dernier dans les Alpes-Maritimes, a ainsi critiqué sur France2 les "constructifs", décrits comme des "opportunistes sans conviction" qui, selon lui, "quittent le parti".

Le chef de file de la campagne des Républicains pour les législatives, François Baroin, s'était réjoui dimanche soir que le parti ait déjoué les pronostics les plus sombres et se soit mis en position de constituer "un groupe suffisamment important pour faire entendre nos engagements, nos convictions, nos valeurs".

"Il appartiendra à ce groupe, dans le respect du nouveau pouvoir exécutif, de faire entendre nos différences avec En Marche, notamment sur le plan fiscal", avait-il ajouté.

Alain Juppé a estimé lundi, sur son blog, que la droite était désormais confrontée à trois défis :

  • "celui de son attitude vis-à-vis du gouvernement - opposition frontale ou travail constructif -",
  • "du renouvellement de ses équipes dirigeantes" et
  • "le défi de la ligne politique et plus profondément de la vision qu'une droite humaniste régénérée pourra proposer".

Quant à l'ancien ministre sarkozyste Eric Woerth, réélu dans l'Oise, il déclarait hier mardi sur Radio Classique :

"Il ne peut pas y avoir d'opposition officielle. La majorité ne peut la choisir, l'organiser. Il doit y avoir une opposition franche, claire, constructive, qui regarde et vote les textes lorsqu'ils vont dans le bon sens."

Un bureau politique LR convoqué mercredi devrait permettre de clarifier la situation, avec le risque de nouveaux règlements de comptes.

(Avec Reuters)