Les taux en zone euro bientôt sur un « haut plateau » (Villeroy de Galhau, Banque de France)

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau (Crédits : Reuters)
Les taux d'intérêt vont rester sur un « haut plateau » le temps nécessaire au ralentissement de l'inflation dans la zone euro, a indiqué François Villeroy de Galhau. En juin, l'inflation a reflué à 5,5%, mais reste bien loin de l'objectif de 2% que vise la Banque centrale européenne (BCE). Selon le gouverneur de la Banque de France, relever la cible d'inflation de la BCE d'un point serait une « fausse bonne idée »

Les taux d'intérêt atteindront « bientôt » un point haut dans la zone euro, avant de rester sur ce « haut plateau » le temps nécessaire au ralentissement de l'inflation, a déclaré dimanche le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

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La hausse des prix à la consommation a reflué à 5,5% sur un an en juin dans la zone euro, mais elle reste très au-dessus de l'objectif de 2% que la Banque centrale européenne (BCE) souhaite atteindre à l'horizon 2025.

« Nous avons en France passé le pic d'inflation (...), et nous allons bientôt atteindre le point haut sur les taux d'intérêt en zone euro », a indiqué le gouverneur de la Banque de France. « Il ne s'agira pas d'un pic, mais plutôt d'un haut plateau sur lequel nous devrons rester suffisamment longtemps pour assurer la pleine transmission de tous les effets de la politique monétaire », a-t-il précisé.

Pour tenter d'endiguer l'inflation, la banque centrale s'est lancée depuis un an dans un resserrement monétaire d'une ampleur inédite. Elle a relevé ses taux directeurs de 4 points de pourcentage sur les onze derniers mois, et porté son taux de référence sur les dépôts à 3,5%. Et, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a prévenu que la hausse des taux se poursuivrait en juillet.

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Conséquence de ce resserrement monétaire, les demandes de crédits chutent, avec pour effet une baisse de la demande de biens et services, et un ralentissement des prix. Mais aussi un coup de frein à la croissance, qui inquiète de plus en plus de responsables politiques, comme en Italie où le gouvernement craint que « le remède se révèle plus dommageable que la maladie ».

Relever la cible d'inflation de la BCE : une fausse bonne idée ?

Des économistes, dont le Français Olivier Blanchard, ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), se sont aussi dits favorables à un relèvement de la cible d'inflation de la BCE de 2% à 3%, une idée fermement rejetée par François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de l'institution.

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« C'est un exemple de fausse bonne idée », a-t-il affirmé, car « immédiatement, les prêteurs demanderaient des taux d'intérêt plus élevés, d'au moins 1% », auxquels se grefferait «une prime de risque accrue ».

Il a déroulé l'analogie avec la 9e du Tour de France prévue dimanche: si au dernier moment, les organisateurs déplacent l'arrivée d'étape du haut au bas du Puy de Dôme, « à ce moment-là ils ont perdu toute crédibilité pour la suite de la compétition ».

Le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers passe la cap symbolique des 3%

La politique des banques centrales pour contrer l'inflation influence directement le niveau des taux des nouveaux crédits immobiliers. Ces derniers, hors frais et assurance, ont dépassé la barre symbolique des 3% en mai, deux fois et demi plus qu'il y a un an, selon des données publiées jeudi dernier par la Banque de France.

A 3,08% en moyenne, les nouveaux crédits sont bien plus onéreux qu'en mai 2022, lorsque le taux moyen s'établissait à 1,25%. Au début de l'année, ils étaient encore à 2,31%.

Le resserrement monétaire entrepris par la BCE renchérit le coût de l'argent pour les banques, lesquelles répercutent cette hausse à leurs clients pour conserver leurs marges.

Ce taux moyen est cependant « toujours en retrait par rapport aux taux moyens pratiqués dans les autres grands pays de la zone euro », a souligné la Banque de France dans sa publication.

(Avec AFP)