BCE :  Meloni dénonce la nouvelle hausse des taux, une « recette simpliste »

La cheffe du gouvernement italien, a critiqué ce mercredi la politique monétaire menée par la BCE. Pour rappel, elle consiste à rehausser les taux d'intérêt afin de lutter contre l'inflation au sein de la zone euro. Alors que la Banque centrale européenne a augmenté ses taux pour la huitième fois depuis juillet 2022 et que l'objectif d'une inflation à 2% ne s'est pas encore concrétisé, Giorgia Meloni a exprimé son désaccord vis-à-vis de cette politique jugée « simpliste ».
Après la nouvelle hausse des taux directeurs, Giorgia Meloni estime que la politique de resserrement monétaire menée par la BCE est une recette simpliste.
Après la nouvelle hausse des taux directeurs, Giorgia Meloni estime que la politique de resserrement monétaire menée par la BCE est une "recette simpliste". (Crédits : Reuters)

[Article publié le mercredi 28 juin 2023 à 13h04 et mis à jour à 14h02] Un remède qui se révèle plus néfaste que la maladie. C'est la crainte exprimée par Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres d'Italie, au sujet de la politique d'augmentation des taux menée par la BCE depuis quelques mois et qui a pour but de lutter contre la hausse des prix.

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« La recette simpliste de la hausse des taux entreprise par la BCE n'apparaît pas aux yeux de beaucoup comme la voie la plus correcte à suivre », a affirmé Giorgia Meloni lors d'une allocution au Parlement faisant le point, en vue du prochain sommet de l'UE. Cette politique monétaire présente un « risque que l'augmentation constante des taux finisse par frapper davantage nos économies que l'inflation » a-t-elle ajouté.

D'après la cheffe du gouvernement italien, la politique menée par la BCE n'est pas ajustée à tous les pays de la zone euro. « Dans nos pays, l'augmentation générale des prix n'est pas due à une économie à la croissance trop rapide, mais à des facteurs endogènes, au premier rang desquels la crise énergétique causée par le conflit en Ukraine », a-t-elle estimé.

Une inflation élevée

Cette déclaration intervient alors que la hausse des prix à la consommation a brusquement ralenti en juin en Italie, passant à 6,4% sur un an contre 7,6% en mai, selon des données provisoires publiées par l'Institut national de la statistique (Istat), ce mercredi. L'inflation a freiné grâce à la poursuite de l'accalmie sur les tarifs de l'énergie alors que les prix des biens alimentaires non transformés ont accéléré leur progression, a expliqué l'Istat.

L'inflation en Italie reste plus forte que celle de la zone euro, qui a reculé en mai en moyenne à 6,1%, après 7% en avril. Après avoir atteint 8,7% en 2022, l'inflation devrait redescendre à 6,1% cette année en Italie, selon les dernières prévisions publiées par sa banque centrale. Le gouvernement italien a adopté mardi soir de nouvelles mesures pour aider familles et entreprises à faire face aux coûts de l'énergie, pour un montant d'environ 800 millions d'euros.

Le conseil des ministres a notamment prolongé jusqu'à fin septembre la diminution de la TVA sur le gaz à 5% et les réductions sur les factures de gaz et d'électricité pour les familles à faible revenu.

Huitième hausse des taux par la BCE

Dans la logique du resserrement de sa politique monétaire, la BCE a procédé au mois de juin à une nouvelle hausse des taux. Elle conduit ainsi à augmentation d'un quart de point, portant le taux de référence sur les dépôts à 3,5%. Une neuvième hausse est d'ores et déjà envisagée. Selon Christine Lagarde, la probabilité d'une autre hausse en juillet est élevée.

« Sauf changement important dans nos perspectives, nous poursuivrons le relèvement des taux en juillet », a annoncé mardi l'ancienne ministre française à l'occasion d'un forum de la BCE à Sintra, au Portugal.

La responsable de l'institution européenne a mis en garde mardi 27 juin contre un revirement « trop rapide de la politique monétaire », face à un « processus d'inflation plus persistant », dans la zone euro.

Isabel Schnabel, économiste allemande et membre du directoire de l'institution, avait déjà averti que le cycle de hausses n'est pas terminé. Il ne s'arrêtera pas tant qu'il manquera des « preuves convaincantes » que l'inflation - hors prix d'énergie et des matières premières - est en bonne voie pour revenir à l'objectif à moyen terme de 2%.

Au mois de mai, l'inflation est retombée à 6,1% sur un an, soit 4,5 points de moins qu'en octobre 2022, mois record au cours duquel la hausse des prix en zone euro avait atteint 10,6%. Toutefois, l'objectif de 2% poursuivi par la Banque centrale semble encore loin. Dans ses projections publiées en juin, la BCE prévoit une inflation à 5,4% cette année, puis à 2,2% (et 2,3% hors énergie en 2025).

La Fed fait une pause (temporaire)

De son côté, la banque centrale américaine a fait le choix de marquer une pause dans la hausse de ses taux directeurs. Cet arrêt temporaire a pour but « d'évaluer les informations supplémentaires et leurs implications pour la politique monétaire », a détaillé la Fed dans un communiqué. Pour Jerome Powell, il s'agit de donner à l'économie « un peu plus de temps pour s'adapter, dans l'attente de nos décisions suivantes ».

Le président de la Fed a ajouté que « la quasi-totalité des participants voit comme probable le fait que des nouvelles hausses de taux seront nécessaires cette année pour ramener l'inflation à 2% ». Il a cependant évoqué « un rythme modéré ».

Lire aussiTaux : la Fed pourrait frapper encore deux fois cette année pour endiguer l'inflation

Repli des crédits au secteur privé

La hausse des taux de la BCE a un impact négatif sur le crédit. Le relèvement des taux conduit à réduire les flux de crédit aux entreprises et aux ménages. Pour la BCE, c'est la preuve que ses décisions de politique monétaire produisent leur effet en vue de calmer l'inflation encore trop élevée.

La croissance des crédits accordés au secteur privé en zone euro a ralenti en mai pour le huitième mois d'affilée. Les prêts au secteur privé, ajustés de certaines opérations strictement financières, ont progressé de 2,8% sur un an, soit un demi-point de pourcentage de moins qu'en avril, accentuant un ralentissement entamé en octobre dernier.

Du côté des entreprises, le resserrement monétaire fait que les prêts accordés ont de nouveau ralenti leur progression en mai, à 4,0% sur un an. Quant aux ménages, la croissance des crédits qui leur sont accordés s'est aussi tassée à 2,1%, le taux le plus bas depuis janvier 2017.

La masse monétaire au sens étroit (M1), un indicateur avancé de la croissance qui inclut les dépôts à vue, recule pour le cinquième mois de suite et à un rythme accéléré de -6,4% sur un an, selon la BCE. Les acteurs privés continuent de transférer leurs dépôts à vue vers une épargne moins liquide et portant intérêt, comme le Livret A en France.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 29/06/2023 à 7:51
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Elle a raison le problème étant dans l'argumentation car incapable de montrer les véritables responsables de cette aberration elle ne peut pas développer un raisonnement cohérent. L'UE a mal à son oligarchie.

à écrit le 28/06/2023 à 19:44
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Bonjour, je remarque que la hausse des taux des prêts financiers pénalités grandement les pays très endetté de notre alliance .. mais la question de savoir si les aides économique importante de l'union européenne ous plus profiter au pays pauvre ou a...

à écrit le 28/06/2023 à 14:04
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Y en a qui ont essayé de faire autrement, le dernier en date est Erdogan, qui fait marche arrière, parce que les faits sont têtus.

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