Emmanuel Macron : 2024 doit être une « année de la détermination, de l'efficacité et des résultats »

Par latribune.fr  |   |  1456  mots
Emmanuel Macron promet des choix décisifs pour l'Europe (Crédits : DR)
Emmanuel Macron a promis dimanche lors de ses vœux une « année de détermination » en 2024, avec des « choix décisifs » pour l'Europe lors des élections de juin, tout en donnant au plan intérieur un rendez-vous politique « dans les prochaines semaines ».

Tenter de relancer à mi-mandat un quinquennat à la peine, alors que les élections européennes qui se profilent en juin s'annoncent périlleuses avec le Rassemblement national favori dans les sondages. C'est ce qu'a cherché à faire Emmanuel Macron ce dimanche à l'occasion de ses traditionnels vœux aux Français, espérant tourner la page d'une année mouvementée par les lois sur la réforme des retraites et l'immigration ou encore les émeutes urbaines l'été dernier. Après avoir passé quelques jours au Fort de Brégançon, la résidence présidentielle sur la Côte d'Azur, le chef de l'Etat a déclaré dimanche, dans une allocution de 13 minutes, vouloir faire de 2024 une « année de la détermination, de l'efficacité et des résultats » pour continuer à « agir » dans « l'intérêt de la Nation ». Et ce, alors qu'en l'absence de majorité absolue, le camp présidentiel doit composer avec des partis d'opposition, en courant le risque de se déchirer comme l'a montré la loi sur l'immigration.

« Nous serons déterminés à agir pour l'école, l'enfance et l'éducation afin de rétablir le niveau de nos élèves, l'autorité de nos professeurs, la force de notre enseignement laïque et républicain », a-t-il dit, promettant un « réarmement civique » aux contours encore flous après « le réarmement économique » et « le réarmement de l'Etat et de nos services publics ».

Et d'ajouter : « L'action n'est pas une option. L'action est notre devoir pour les générations futures. Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté de ceux qui agissent au service du pays (...) Jamais du côté de ceux qui privilégient les calculs électoraux, les petits arrangements ou leurs intérêts personnels ».

Macron « remercie particulièrement » Elisabeth Borne

Le chef de l'Etat n'a pas précisé les contours du mystérieux « rendez-vous avec la Nation » annoncé pour janvier, pas plus qu'il n'a vraiment fixé ce « nouveau cap » évoqué avant Noël. Ce cap, a-t-il dit, est le même depuis bientôt sept ans qu'il dirige la France : la rendre « plus forte et plus juste », pour « libérer, protéger, unir ». Cela à travers « le réarmement économique », « le réarmement de l'Etat et de nos services publics », auxquels le président, qui s'insurge régulièrement contre un processus de « décivilisation » à l'oeuvre selon lui dans nos sociétés, veut désormais ajouter un mystérieux « réarmement civique » autour notamment de l'école.

« La France, c'est une culture, une Histoire, une langue, des valeurs universelles qui s'apprennent dès le plus jeune âge. A chaque génération », a-t-il énoncé.

Evoquant le nucléaire, l'intelligence artificielle et les transports, Emmanuel Macron a également donné quelques pistes concernant les « chantiers de pointe » à mener pour que la France ait « en 2027 dix ans d'avance quand elle avait dix ans de retard en 2017 ».

« J'aurai l'occasion dans les prochaines semaines de vous dire comment notre nation relèvera ces défis », a-t-il dit.

Avec en toile de fond une inconnue de taille : quand interviendra le remaniement gouvernemental, qui apparaît de plus en plus incontournable - et avec quel titulaire à Matignon, alors que la rumeur d'un changement de Premier ministre circule ?  En réponse, Emmanuel Macron s'est contenté de « remercier tout particulièrement » la cheffe du gouvernement et ses ministres.  Le remaniement pourrait intervenir dans environ 15 jours, selon l'AFP, citant une source gouvernementale.

Elections européennes

Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué le « choix décisif » qui se jouera selon lui lors des élections européennes de juin, entre « continuer l'Europe ou la bloquer ».

« Nous aurons à faire le choix d'une Europe plus forte et plus souveraine à la lumière de l'héritage de Jacques Delors » décédé mercredi, a déclaré le président de la République, estimant qu'il faudra aussi trancher entre « affirmer la force de nos démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment le chaos ».

Emmanuel Macron a par ailleurs insisté sur les rendez-vous qui rassemblent comme les JO, les commémorations du Débarquement ou la réouverture de Notre-Dame en décembre prochain. Autant de « fiertés françaises » pour le chef de l'Etat.

Ce dernier a également adressé ses pensées aux familles des otages toujours retenus par le Hamas, assurant ne pas les oublier. « Nous ne les oublions pas », a-t-il déclaré.

« 41 Français ont été assassinés, et je pense ce soir à leurs familles comme je pense aux familles de nos compatriotes encore retenus en otage », a-t-il ajouté. Trois Français sont « retenus, disparus ou otages dans la bande de Gaza », avait indiqué mi-décembre la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna.

Elisabeth Borne en Guyane

Elisabeth Borne est arrivée dimanche en Guyane pour passer le réveillon auprès des forces armées qui luttent notamment contre l'orpaillage illégal, loin des rumeurs de remaniement et de la tourmente politique provoquée par la loi sur l'immigration. La Première ministre y restera le 1er janvier et démarrera l'année 2024 sur une pirogue pour visiter un point de contrôle fluvial et un village amérindien. C'est la première fois qu'elle se rend dans ce département de 300.000 habitants du nord-est de l'Amérique du Sud, frontalier du Suriname et du Brésil qui a, comme l'archipel de Mayotte qu'elle a visité à la mi-décembre, voté à 60% pour Marine Le Pen à la dernière présidentielle. La cheffe du gouvernement a expliqué avoir « le sentiment du devoir accompli » après l'adoption de la loi immigration votée par les députés Les Républicains (LR) et ceux du Rassemblement national (RN), qui provoque de vives critiques à gauche et a fracturé la majorité, un quart des députés Renaissance n'ayant pas voté le texte.

A son arrivée, Elisabeth a rendu hommage à Cayenne aux quelque 2.200 militaires et environ un millier de gendarmes stationnés en Guyane, qui ont perdu cette année deux des leurs dans des opérations contre l'orpaillage illégal. Etait notamment présente l'ancienne ministre de gauche Christiane Taubira, qui n'a plus de mandat électif.  La Première ministre s'est entretenue ensuite avec la maire de Cayenne Sandra Trochimara, qui souhaitait lui parler du désenclavement du département, grand comme le Portugal mais où existent seulement deux routes nationales, après la mort la veille de Noël de quatre enfants dans un accident de pirogue taxi.  Elle comptait aussi lui demander des « moyens supplémentaires » contre l'orpaillage clandestin et la pêche illégale.

La Première ministre a ensuite échangé avec le président de la collectivité territoriale Gabriel Serville, avant de s'envoler pour la ville de Maripasoula dans la forêt amazonienne (sud ouest).

La cheffe du gouvernement, accompagnée de la secrétaire d'Etat à la Jeunesse et au Service national universel, Prisca Thevenot, y visitera lundi un site souvent touché à Dorlin, où opèrent notamment les forces du 9e RIMa (régiment d'infanterie de marine).

C'est là que le 25 mars un major du GIGN, Arnaud Blanc, 35 ans, a été tué alors qu'il participait avec neuf camarades à une opération contre ces chercheurs d'or clandestins.

Début mai, un piroguier et chef coutumier des Teko, membre des Forces armées de Guyane (FAG), est décédé dans un accident de pirogue lors d'une opération nocturne sur le fleuve Oyapock (est).

- Drogue -

Avant de reprendre l'avion pour Paris, elle évoquera la lutte contre le trafic de stupéfiants à l'aéroport de Cayenne. La Guyane est connue pour être une plaque tournante d'approvisionnement de la métropole en drogue, notamment la cocaïne.

Un contrôle systématique des voyageurs à destination de la métropole a été instauré il y a un an, afin d'empêcher les « mules » -ces passagers qui transportent des stupéfiants dans leurs bagages ou en les ingérant- d'acheminer la drogue.

Ce qui a permis de diminuer fortement les saisies de stupéfiants à l'arrivée dans l'Hexagone, mais certains contestent en justice une dérive arbitraire.

Ce trafic explique en partie la violence à laquelle est confronté le département, qui détient le record du plus grand nombre d'homicides par habitant en France, bien qu'il soit bien doté en forces de sécurité.

« Les particularités en termes de délinquance, ce sont la continentalité de son territoire et la porosité de ses frontières, longues et difficiles à contrôler. Cela favorise l'orpaillage illégal, les trafics d'armes et de stupéfiants », explique la criminologue Gaëlle Compper-Durand.

A ce contexte géographique s'ajoute une grande pauvreté profitable aux réseaux criminels. En Guyane, 53% de la population vit sous le seuil de pauvreté, d'après l'Insee.

(AFP)